340 sèrent par les prisons, sans y perdre la vie, par exemple Bernard Kënnen (libéré en 1939, mais arrêté de nouveau peu après) et Roberta Gropper, député au Reichstag. HERMANNSCHUBERT,membre du Comité central au moment de la victoire d'Hitler, faisait partie de la Direction en exil, installée à Paris (Auslandskomittee). Rappelé à Moscou, il représenta le P.C. allemand au Secrétariat du Comintern pour l'Europe centrale, avant d'être arrêté comme le rapporte Herbert Wehnert : « Hermann Schubert, employé au Comité exécutif du Secours rouge depuis son éviction de la direction du Parti, s'apprêtait à prendre part à une discussion organisée par le Présidium du Comité exécutif du Comintern en présence de nombreux fonctionnaires de l'appareil, lorsque Ercoli [Togliatti] qui présidait la réunion lui demanda s'il était vrai qu'il s'était exprimé de la manière dont témoignait une lettre écrite par Malke Schorr, fonctionnaire autrichienne du Secours rouge. Dans la lettre qu'Ercoli lut immédiatement, cette femme racontait un bref entretien qu'elle avait eu avec Schubert dans un couloir de l'immeuble du Secours rouge. Elle avait attiré l'attention de Schubert sur le fait que le Secours rouge devait exploiter les procès de Moscou dans sa propagande internationale, en particulier les liens de Trotski avec les nazis. Schubert avait répondu que cette propagande serait sans effet, car l'ennemi pouvait rétorquer en déclarant que Lénine avait traversé l'Allemagne en wagon plombé avec l'autorisation des militaristes du Kaiser. Schorr exigea que des mesures fussent prises contre Schubert qui avait mis sur le même plan Lénine et Trotski! Ercoli répéta sa question et demanda que Schubert réponde par oui ou par non. Schubert voulut alors expliquer les circonstances de l'entretien et le sens de sa réponse à Schorr, mais il fut interrompu. Peu de temps après, il était arrêté 27 • » GRETE WILDE, dirigeante des Jeunesses communistes en Allemagne avant la victoire d'Hitler, représentait le P.C. allemand à la section des cadres du Comintern, avant d'être arrêtée et condamnée à dix ans de travaux forcés à Karaganda où elle trouva la mort. A tous ceux qui furent appréhendés ou assassinés, il faut ajouter le nom de MAX HëLz, célèbre franc-tireur communiste des années 1920-21 (c'est-à-dire du putsch Kapp-Lüttwitz et de l'Action de mars), arrêté et condamné par les autorités allemandes, qui devint par là 27, H, Wehnert, op. cit., p. 150, BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL un héros de l'Internationale. Au IIIe Congrès du Comintern, en 1921, Radek présenta une résolution en faveur de Holz et en 1927 la Correspondanceinternationale publia un article demandant la révision de son procès. Libéré en 1928 et glorifié par les communistes, il partit l'année suivante pour !'U.R.S.S., où il perdit toute illusion : « De plus en plus énergiquement, il réclamait son retour en Allemagne. On le lui déconseillait, on ne lui donnait pas de passeport et on essayait par tous les moyens de l'empêcher d'entrer en contact avec l'ambassade allemande '.!s. » Cela se passait avant l'avènement d'Hitler et avant la grande purge. La police soviétique ne se débarrassa de lui qu'en 1935 : on le trouva noyé dans la Volga, près de Nijni-Novgorod. « Avant que Max Holz ne fût enterré avec tous les honneurs .soviétiques : port de ses décorations révolutionnaires, musique et oraisons funèbres, la rumeur s'était répandue que les agents du NKVD l'avaient enivré, puis noyé dans le fleuve, comme un chien galeux 29 • » Autres victimes du NKVD : de la Finlande à la Grèce Tous LES PARTISCOMMUNISTEmSis hors la loi dans leurs pays et dont les chefs s'étaient réfugiés en Russie eurent à payer un tribut de sang pendant la grande purge stalinienne. Les Finlandais qui avaient gagné la Russie après l'échec de la révolution de 1918 ne furent pas oubliés vingt ans plus tard et subirent, à partir de 1936, le sort que Staline réservait aux communistes russes et étrangers. KuLLERVOMANNERd, 'abord président socialiste du Parlement finlandais dès 1917, fut nommé en janvier 1918 président du Conseil des commissaires du peuple (dont l'un était Otto Kuusinen) et, après la défaite, se réfugia en Russie. Le 29 août 1918, il dirigea à Pétrograd le congrès de fondation du parti communiste finlandais. Il participa au congrès de fondation du Comintern, en 1919, et au Ile Congrès, l'année suivante, il entra au Comité exécutif où il siégea également à la veille du IVe Congrès en 1922. A l'issue du VIe Congrès, en 1928,' il fut réélu à cet organisme dirigeant. Mais la police soviétique ne l'épargna pas pour autant : arrêté et « jugé » - comme Arvo Tuominen le raconte dans son livre, - il fut condamné à mort, ainsi que sa femme; sa 28. M. Buber-Neumann, op. cil., p. 70, 29. Ibid., p. 71,
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