Le Contrat Social - anno IX - n. 4 - lug.-ago. 1965

LE CONTRAT SOCIAL excite déjà trop les lecteurs. De récents travaux historiques passent Staline sous silence. Du coup, les étudiants demandent : « Et Staline? » Enfin Guenkina nie que les archives soient closes. · Il s'ensuit une chaude discussion. RocHAL déclare qu'au Musée de la Révolution, les fonds 2 et 17 restent secrets (le fonds 2 concerne Lénine). KouRITZtrouve dans le tome IX quantité de contradictions. Il voudrait qu'on dise la vérité, notamment sur· le N.K.V.D. et les organes pénitentiaires. ÜULIANOVSKAIAdemande que la vérité soit écrite sur la guerre d'Espagne, sur Nicolaïev (le jeune meurtrier de Kirov), sur les procès de Moscou, sur le suicide de Gamarnik, sur les persécuteurs de Pokrovski. (Et sur quoi encore ?) SNIÉGOV(Alexandre Vladimirovitch) estime que la demi-vérité du tome IX est un grand progrès par rapport au mensonge intégral des ouvrages antérieurs. Mais il y aurait beaucoup plus de noms (des victimes) à citer. Sans vérité, il n'y a pas d'histoire. Les flatteries et les mensonges ne sont pas de l'histoire. Il serait temps de révéler le rôle de Kaganovitch, de montrer comment Staline a nui à la collectivisation. « Combien d'opposants réels à Staline y avait-il alors ? Sans doute aucun. Fallait-il fusiller Zinoviev et Kamenev comme espions ? (Une voix dans l'auditoire : Non!) Le tome IX doit dire qui signait les faux documents lors ·des procès. » Et les provocations envers les allogènes ? Il n'y avait pas d'opposition à Staline, dans la période en question. Que signifient la lutte contre Trotski, les formules : droite, gauche, trotskistes ? Rien n'a autant nui à la réputation du socialisme que les actes de Staline. Pourquoi a-t-on « liquidé » les dirigeants communistes polonais, au seul profit d'Hitler? Pourquoi louer le partage de la Pologne ? Etc. A la séance du lendemain, PoLIKOV,tout en niant que les procès de 1934-38 n'affectaient que l'opposition et tout en récusant les faux procès secrets des militaires, objecte à Sniégov au sujet du pacte avec Hitler et du partage de la Pologne : cette action « nous a rendu une partie de la Pologne et de la Biélorussie ». HEssEN, lui aussi, souhaiterait plus de précisions sur l'extermination des cadres militaires et ses conséquences pour la deuxième guerre mondiale. Et « comment Staline et ses proches, Kaganovitch, Malenkov et Molotov ont-ils pu atteindre leurs buts ? ». TcHAADAIÉVA, vieille bolchévik émotive, oppose Unine à Staline.«Vladimir Ilitch savait reconnaître ses erreurs ( ...). Il écoutait l'oppoBiblioteca Gino Bianco 265 s1t1onet en tirait des leçons ( ...). Il a mis en garde contre Staline et préconisé la direction collective·. » (Elle attaque violemment Staline, et le président l'interrompt.) « J'avoue sincèrement ne pouvoir expliquer l'origine du culte. Il semble que le Comité central ait cessé d'exister (...). Depuis 1929, la Tchéka a régné sur le Parti, terrorisé les réunions » ... LoPAT0Vestime que le tome IX est meilleur que les travaux précédents, mais à son tour il voudrait plus de détails sur le « culte » et moins de phrases superficielles. « Staline a violé toutes les règles de conduite normales tant avec les - pays capitalistes qu'avec les pays socialistes. » Il faut en parler, ainsi que des « fautes » commises dans la collectivisation, « payées très chet ». Et aussi supprimer bien des falsifications que contient le projet de tome IX. GoussIEV critique la composition du livre, puis demande : « Qui a été liquidé, en réalité? » On doit décrire le rôle de Staline dans la transformation des institutions en marionnettes staliniennes. Mais il n'y a pas eu que des fautes, l'économie soviétique a fait de grands progrès qu'il faudrait mettre en évidence. Un jeune assistant (dont le nom a échappé) abonde dans le sens des critiques précédentes, insiste pour que soient révélés les chiffres (des centaines ? des millions ? de victimes), et pour qu'on explique pourquoi tant de personnes ne sont pas réhabilitées. La guerre de Finlande : quid des premiers échecs de l'armée soviétique ? Hitler en a conclu à notre faiblesse militaire. Selon lAKOUBOSKAImAe,mbre de la rédaction du volume,« nous continuons à subir l'influence de ~taline ( ...). Cela ne peut durer (...). Nous devon_sécrire de façon à ne pas avoir honte, dans dix ans, de ce que nous aurons écrit. » (Là-dessus, elle parle en staliniste invétérée qu'elle est restée) : « Le Parti n'aurait pas soutenu Staline s'il avait été aussi criminel et méchant. Les procès, nous en avons dit tout ce que nous pouvions et devions en dire présentement. Ils ne furent pas secrets. Tcherviakov, Ordjonikidzé et beaucoup d'autres se sont sui1 .d, c es » ... DANILOVconteste Sniégov à propos des demivérités : « Il n'est pas exact que les auteurs du livre aient su la vraie vérité et l'aient dissimulée. Le tome IX traite de bien des choses en se fontant sur des recherches antérieures. Nombre de questions sont à approfondir avant que l'on puisse expliquer le culte et sa genèse. » A la fin, VERKHINE fait entendre la note officielle, parle du rôle de Pindividu dans l'histoire, de définir le rôle des masses, des f orccs

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