Le Contrat Social - anno VIII - n. 3 - mag.-giu. 1964

• CHRONIQ!IE Les malheurs de Clio « Et voilà comme on écrit l'histoire.» VOLTAIRE, à Mme du Deffand. LE 2oe ANNIVERSAIRE du débarquement des forces anglo-américaines en France réalisé le 6 juin 1944 a été l'occasion de rappeler l'extraordinaire falsification historique, mêlée d'imposrure politique, commise par les serviteurs de Staline en France. Ayant justifié le pacte de leur maître avec Hitler, ces gens ont pris fait et cause pour l'ennemi et non seulement saboté la défense nationale, mais dénoncé la résistance française et fraternisé avec les nazis. Ils ont approuvé Staline accusant la France et l'Angleterre d'avoir voulu la guerre et disculpant l'Allemagne hitlérienne ; approuvé Molotov qui, après la défaite française, exprimait au régime nazi « les plus chaudes félicitations du gouvernement soviétique pour les succès splendides des forces armées allemandes ». Ils ont flétri en de Gaulle le « fuyard jusqu'auboutiste de Londres », le « traîneur de sabre », un des « agents de la finance anglaise» qui «font tuer des Français pour l'Angleterre ». Ils ont sollicité des envahisseurs la permission de publier leur journal sous l'occupation allemande. Leurs députés se sont proposés comme témoins à charge contre 'Léon Blum, Paul Reynaud, Edouard Daladier et Georges Mandel au procès de Riom. Et ils ont encore le front d'évoquer de nos jours un prétendu « Appel du 10 juillet 1940 » pour s'attribuer indûment des mérites au titre de la Résistance. Cet « Appel » dont les communistes font état est en réalité un faux éhonté, mis en pièces par Maurice Ceyrat dans La Trahison permanente, pp. 97-100 (Paris 1948) et .par A. Rossi dans .Physiologie du parti communiste, pp. 424-430 (Paris 1948). La démonstration de ce faux a été renouvelée, complétée, précisée dans une étude d'Est et Ouest, n~ 189 de février 1958 qui donne le f ac-simile du texte authentique, puis le texte falsifié par les signataires pour en changer le sens. L'original accuse notamment Daladier, Paul Reynaud, Léon Blum, Georges Mandel de · tous les crimes imputables ·à Hitler et ose affirmer que la France est « enchaînée au. char. de l'impéBiblioteca Gino Bianco / rialisme britannique». Les passages conformes à la propagande stalino-hitlérienne ont été éliminés plus tard pour constituer le faux «Appel » patriotique cité dans un deuxième faux pour donner le change, cette fois un faux numéro de l'Humanité clandestine maladroitement commis après la guerre. Tout cela est bien établi, surabondamment prouvé, incontestable et incontesté. Cependant une immense complicité où se mêlent la veulerie, la complaisance et la corruption permet aux pseudo-communistes de plastronner et d'usurper la qualité de «résistants» au bénéfice de leur « trahison permanente». Depuis vingt ans, ce qu'on a justement désigné comme l' « école stalinienne de falsification » peut impunément prospérer, couvrant les opérations politiques les plus damnables et condamnables. On sait comment Staline, imité par ses disciples et ses courtisans de tous les pays, a mis l'histoire au service de son despotisme et de quels énormes mensonges il s'est montré capable et coupable, tant dans son Précis d'histoire du Parti que dans toute la littérarure historique, documentaire, encyclopédique éditée sous ses ordres pendant un quart de siècle : les survivants de son entourage ont dû réprouver, désavouer ces choses jgnobles depuis le xxe Congrès de leur parti en 1956 et ils n'ont pas fini de les mettre au pilon, d'en purger les bibliothèques. Mais ce n'est pas la vérité historique qui les intéresse, ils ne se préoccupent que d'un utilitarisme de circonstance, ce qui justifie à leurs yeux la perpétuation des mensonges et des forgeries profitables à leur « guerre froide». Jusqu'à nouvel ordre, . le faux « Appel du I o juillet » fait partie de leur arsenal, avec le consentement implicite de tous les gouvevnements qui, depuis vingt ans, tolèrent une telle imposture. Seul le Figaro a explicitement signalé dans ·son · numéro du 22 juin dernier la falsification de l'odieux « Appel », à propos duquel une singu- . lière querelle s'est livrée entre staHniens de nuances diverses. On n'a pas ici le goût ni le loisir d'élucider les mobiles certainement sordides des politiciens mêlés à cette affaire. Retenons seulement que le Monde du 20 juin, observant

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