172 . généralisations : « Tout est permis aux chefs » (Pravda, 23 nov. 1962). Pavlov parla aussi d'un certain Melnikov, directeur du trust Altaïtransstroï, qui... ... s'entourant d'hommes à lui, (...) gonfle ses rapports, se livre à des beuveries aux frais de la princesse, évince de bons spécialistes pour placer ses petits copains. ( ...) Et toute cette bande boit, s'adonne à la débauche, et on lui attribue de surcroît des appartements. (...) Malheureusement, ce n'est pas le seul endroit où l'on se heurte à pareilles pratiques. Est-il besoin de dire combien l'éducation des jeunes peut en souffrir ? (Ibid.) LA PRESSE SOVIÉTIQUE elle-même décrit de manière éloquente les cas de corruption, de nondénonciation et de caution solidaire dans toutes les couches dirigeantes. Par exemple, la Pravda d'Ukraine du 18 mai 1962 rapporte, dans un article intitulé : « L'écriture du criminel », qu'une bande de gros pillards ayant à leur tête un directeur d'usine membre du Parti, Tchanychev, avait organisé « à une grande échelle», à Kharkov, la production illégale d'articles de bonneterie et leur vente par le réseau commercial. Tchanychev déployait son activité au su et avec la participation directe du secrétaire de l'organisation du P.C. à l'usine, sous la protection du parquet régional et du comité régional du Parti : Aucune course de chevaux n'avait lieu à Kharkov sans que Tchanychev fût présent. Il payait un généreux tribut au pari mutuel, jouant toujours gros. Ainsi, les restaurants, les courses. Quoi encore ? Tchanychev avait plusieurs femmes, plusieurs voitures, plusieurs maisons, 176 cravates, une centaine de chemises, des dizaines de costumes, Dieu sait combien de paires de chaussures, d'imperméables, de pardessus. L'usine était pour lui la poule qui pendant treÎile ans pondit régulièrement des œufs d'or. Selon le journal de l'armée, l' Etoile rouge (19 mai 1962)... ...Dans le réseau commercial desservant les unités de la région militaire de Léningrad, une bande de pillards, concussionnaires et trafiquants du marché noir chevronnés, a sévi pendant longtemps. Elle a pu détourner plus de 2 millions de roubles. (...) Les trafiquants (certains étaient membres du Parti) plaçaient des hommes à eux à la direction de l'organisation du Parti. (...) Rien d'étonnant si le bureau du Parti étouffait soigneusement tous les avertissements concernant ces machinations. La « Firme Pkhaladzé et Cie », publié dans la Vie agricole du 5 août 1962, illustre bien les déclarations de Khrouchtchev sur la concussion. Ladite firme avait fait entrer quarante « fruits secs » dans treize écoles supérieures de Moscou et de Léningrad. Il en coûtait aux parents de 30 à 50.000 roubles anciens, grâce auxquels on s'assurait la complicité de professeurs et de membres de l'administration des écoles. Les lzvestia du 24 novembre 1962 dénoncent, dans un article intitulé: «Un égaré», un certain K. Panskikh, directeur du sovkhoze avicole Bibl'iotecaGino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Arjenka, le plus grand du pays. On avait construit au sovkhoze une maison de 300 m2 qui devait servir de crèche. Mais le directeur s'y installa lui-même, quoiqu'il fût déjà fort bien logé. Quand il était aux bains communs, personne ne pouvait y entrer : pendant qu'il « se prélassait dans la vapeur sur une planche personnelle (...) une file d'attente s'allongeait à la porte. (...) La morgue, la vanité, le dédain pour les autres s'emparaient de plus en plus du directeur. »Mais les communistes locaux pas plus que les travailleurs des soviets n'osaient rappeler à l'ordre le chef qui dépassait les bornes : car c'était ... ...un dirigeant expérimenté, énergique, membre du comité régional du Parti, député au soviet urbain, licencié, lauréat de l'Etat. (...) Mais la gloire échoit parfois à un faible. La tête lui tourne et il lui semble que les lois sont faites pour les autres. Le même journal raconte, le 28 novembre 1962, dans un article intitulé : « Monument de bronze », la déchéance d'un nommé Aldaberguénov, deux fois Héros du Travail socialiste. En cette qualité, on lui avait érigé de son vivant un monument de bronze à son lieu de naissance. Or, il était tombé si bas qu'il a fallu lui retirer ses fonctions de président de kolkhoze. «Les récompenses et les honneurs se déversaient sur lui comme une pluie d'or » : membre du Soviet suprême de !'U.R.S.S., il était toujours en voyage, tantôt à Moscou, tantôt à l'étranger. Il avait donné l'ordre d'asphalter d'urgence les rues du kolkhoze, alors que l'étable n'était pas prête pour l'hiver ; dans la rue principale, des lampadaires dernier cri, mais les kolkhoziens s'éclairaient chez eux avec des lampes à pétrole. Ayant« obtenu» une pension personnelle, reçu deux places dans une station balnéaire, « il en réclamait maintenant une troisième ». La cause de cette déchéance ? « Trop d'honneurs et de gloire avaient échu à un seul. » Dans un article intitulé : « Des filous sous tutelle », les Izvestia racontent, le 27 novembre 1962, que des aigrefins s'étaient installés à des places confortables aux briqueteries de Khabarovsk et jouissaient de la protection de la direction de l'industrie des matériaux de construction au sovn'arkhoze. Leurs crimes découverts, le parquet ne put obtenir leur arrestation : c'était tantôt le comité de district des chemins de fer qui refusait son accord, tantôt le comité territorial du P.C. qui tardait à retirer aux criminels leur carte du Parti. Tout le monde craint de « laver le linge sale sur la place publique ». La répugnance des organisations du Parti à sévir ouvertement fait qu'on prononce des sanctions platonique~ qu'on s'efforce d'étouffer ces affaires. La revue Kommounist rapporte qu'un directeur d'usine<<fut l'objet de trente-quatre sanctions pendant son séjour au sovnarkhoze »,qu'un chef d'atelier se vit infliger cinq blâmes graves et quatorze blâmes simples, dix rappels à l'ordre, un avertissement et un blâme sévère avec avertissement de renvoi, etc. » (K., 1962, n° 9, p. 33).
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