CORRUPTION DE L'OLIGARCHIE EN U.R.S.S. par André V. Babitch Au COMITÉCENTRALde novembre 1962, Khrouchtchev souligna la nécessité d'intensifier la lutte contre les abus commis par les dirigeants du Parti et de l'Etat. I~ réclama, en particulier, une action plus énergique pour ... ...mettre fin au bluff, au gonflement de3 chiffres, aux préséances, à la concussion, à la dilapidation et au pillage des biens de l'Etat, etc. Malheureusement, pareils faits sont monnaie courante (Pravda, 20 nov. 1962). La lutte contre ce genre de méfaits ne date pas d'hier. La presse en cite souvent d'éclatants exemples. Comme Khrouchtchev l'a avoué, le Comité central avait adressé au début de l'année aux organisations du Parti une circulaire confidentielle prescrivant d'intensifier la lutte contre la concussion et le pillage des biens de la nation. Apparemment, de nombreuses mesures avaient été prises dans l'appareil du Parti pour mettre fin aux abus des dirigeants. Or ces mesures n'ont pas donné les résultats escomptés. On voit, par le rapport de Khrouchtchev au C.C. et les articles de la presse soviétique, que le nombre des abus parmi la couche dirigeante ne fait qu'augmenter. Selon Khrouchtchev, pendant le seul premier trimestre de 1962, il a été constaté dans la région de Kalinine cent quarante cas de gonflement des chiffres et de bluff; dans le Zaporojié, il y a eu cette année-là, en l'espace de six mois, cent seize cas semblables. Mais ce sont les pillages qui causent le plus de tort à l'Etat : « Pour les seules affaires déférées aux tribunaux au cours du premier semestre de 1962, les pertes dues aux pillages se sont élevées à plus de 56 millions de roubles. » Dans une fabrique de bonneterie de la République kirghize, « des filous (...) ont volé pour une somme totale de plus de 3 millions de roubles)). En Ouzbékistan, dans les usines textiles, << des bandes de trafiquants ont déployé une Biblioteca Gino Bianco activité d'entrepreneurs privés, produisant en grand, et, avec la complicité des travailleurs du réseau commercial, ont dilapidé des années durant d'énormes quantités de deniers publics ». Dans les Républiques du l(azakhstan, de Lituanie, d'Ukraine et dans la R.S.F.S.R., ont été découverts ces temps derniers d'importants pillages du grain : « Des filous profitaient de l'absence de contrôle du grain pendant la rentrée des récoltes et l'organisation du transport, notamment par voie ferrée. » Khrouchtchev cita un chiffre très élevé du grain pillé, 4 millions de pouds (ibid.). Puis il s'en prit de façon particulièrement mordante à la concussion grandissante, « ce honteux héritage du passé » : Le mal a gagné certains services centraux, atteint des dirigeants ayant la carte du Parti en poche. (...) Moyennant des pots-de-vin, on bazarde les fonds publics, on délivre illégalement des bons d'appartement, on attribue des terrains, on alloue des pensions, on inscrit dans des écoles supérieures, on va jusqu'à délivrer des diplômes (ibid.). Mais le plus inquiétant est que les organes du Parti et des soviets couvrent la criminalité dans la couche dirigeante : Il est inadmissible que certains comités du Parti se montrent tolérants envers les communistes qui commettent des abus dans le service, ou mieux encore, qu'ils disculpent parfois ceux-ci, qu'ils prennent leur défense (ibid.). Prenant la parole au cours de la même session, Pavlov, premier secrétaire du Komsomol, releva l'influence corruptrice que ces actes exercent sur la jeunesse : Le plus grave est que les jrunes ont sous les yeux l'attitude conciliante, dénuée de principes envers ceux qui enfreignent la discipline du Parti et de l'Etat. Cela corrompt la jeunesse, donne matière (...) aux
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