Le Contrat Social - anno VI - n. 5 - set.-ott. 1962

L'Expérience communiste L'UNIVERSITÉ DE L'AMITIÉ DES PEUPLES par David Burg INSTALLÉE à Moscou dans un bâtiment qui fut le siège d'une académie militaire, l'Université de l'Amitié des peuples (rebaptisée depuis peu Université de l'Amitié Patrice Lumumba) va entrer dans sa troisième année. Les 542 étudiants étrangers qui avaient consacré la première année scolaire principalement à l'étude de la langue russe dans une école préparatoire, ont entrepris un cycle d'études de quatre ans comprenant la physique et les mathématiques, les sciences naturelles, la mécanique, l'agriculture, la médecine, l'histoire, la philologie, l'économie et le droit 1 • Outre ces étrangers, l'Université a admis 60 étudiants soviétiques qui ont suivi l'année dernière les cours de l'école préparatoire. (La presse soviétique ne mentionne pas ce qu'ils ont étudié pendant que leurs condisciples étrangers s'initiaient au russe.) En octobre dernier, 700 étudiants se sont inscrits à l'école préparatoire, parmi lesquels 520 originaires de cinquante pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Les autres étaient, soit des étudiants soviétiques, soit des étrangers transférés d'autres écoles supérieures soviétiques. En 1965, le nombre des étudiants doit atteindre 3.000 ou 4.000. Un établissement international qui dispense un enseignement supérieur général est une entreprfae d'un genre nouveau, et cela, pas seulement en U.R.S.S. Dans les années 20, il y eut bien à Moscou une Université des travailleurs de l'Est : mais c'était là une pépinière d'activistes, ce dont elle ne se cachait point. Le Vatican possède des écoles supérieures internationales, et à Bruges le Collège d'Europe fonctionne depuis quelques années déjà, mais, à la différence de • 1. Les chiffres et autres donn~es sont emprunt~s pour l'essentiel à l'article de S. V. Roumiantsev, recteur de l'Univcrsit~ de l' Amiti~ des peuples, intitul~ : • Premi~re ann~e acolaire de l'Univcrsit~ de l'Amiti~ des peuples •, in Courrier t:k l'lcole ,upmeure, Moacou 1961, n° S, pp. 108-110. Biblioteca Gino Bianco l'Université Lumumba, la formation y est plutôt spécialisée. Le Vatican a certes annoncé son intention de fonder une école supérieure similaire pour les Africains : mais ce projet est encore à l'étude, les Africains eux-mêmes ne manifestant aucun enthousiasme. Depuis plusieurs années, la fondation d'une université européenne d'enseignement général à Florence est inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée européenne de Strasbourg. Mais, bien que les plans soient très poussés, cette université n'a pas encore ouvert ses portes en raison de sérieux désaccords entre les nations membre~ quant à son fonctionnement. L'Université de l'Amitié est donc la seule du genre. UNE INITIATIVsEi nouvelle se heurta inévitablement à des difficultés de nature purement technique. Dans un article publié à l'issue de la première année scolaire, le recteur, S. V. Roumiantsev, les énumère franchement. La première est la barrière linguistique ; un très grand effort est nécessaire de la part des étudiants pour surmonter l'obstacle. Deuxièmement, étant donné la diversité de l'instruction secondaire reçue par les étudiants originaires de différents pays, il est presque impossible de les constituer en grands groupes avec programme unique. Troisièmement, il existe peu de manuels pour étudiants étrangers, surtout pour ceux qui ne connaissent pas à fond la langue russe. A ces difficultés énumérées par Roumiantsev s'ajoute le fait que l'Union soviétique n'a pas de personnel capable. d'enseigner toutes les matières <J.ui figurent au programme de l'Université de l'Aminé. Que feront par exemple à l'école d'agriculture les étudiants de pays au climat tropical, alors que !'U.R.S.S. ne dispose pas de spécialistes de l'agronomie tropicale ? Et quel avenir pour un jeune Ghanéen qui aura fait son droit à Moscou,

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