W. KOLARZ Conakry qu'à Bamako.) Plusieurs dirigeants du P .A.I. ont fait le voyage de Moscou et de Pékin et le parti jouit du soutien moral du monde communiste. Son secrétaire général, Mahjemout Diop, est le seul Africain à avoir collaboré à un numéro spécial de la revue soviétique l'Orient contemporain consacré à l'Afrique 13 • L'interdiction du parti en 1957 fut motivée par les émeutes déclenchées à Saint-Louis le jour des élections et au cours desquelles des membres du P.A.I. attaquèrent des bureaux de vote et incendièrent des voitures. A Bamako, où un groupe du P .A.I. fonctionna pendant plusieurs mois, le parti décida de se dissoudre volontairement en 1959et ses membres adhérèrent à l'Union soudanaise. Dans d'autres territoires, l'activité du P.A.I. fut minime. * ,,. ,,. LE MARXISME est un des vecteurs de l'influence européenne sur le continent africain. Aussi n'est-ce pas par hasard que le P.A.I. a ses racines les plus solides dans les villes du Sénégal, qui ont eu plus de contact avec l'Europe que la plupart des autres régions de l'Afrique. Ces liens étroits avec l'Europe ont même donné naissance au Sénégal à deux groupes d'extrême gauche, car le P.A.I. a un concurrent dans le P.R.A.- Sénégal (parti du regroupement africain) dirigé par un ancien ministre sénégalais de la Production, Abdoulaye Ly. Fondé en 1958 avec pour objet formel de s'opposer à la nouvelle Constitution du général de Gaulle, il invita les Sénégalais à voter « non » au référendum du 28 septembre 1958, donc à se prononcer pour l'indépendance (comme l'ont fait les Guinéens). Le P.R.A.- Sénégal n'est pas représenté au Parlement sénégalais, mais il est plus nombreux que le P.A.I. et assez implanté à Saint-Louis, la ville la plus européenne de toute l'ancienne Afrique française, ainsi que dans la région du Casamance, limitrophe de la Guinée portugaise. On ignore la position du mouvement communiste international à l'égard du P.R.A. Les dirigeants du parti au pouvoir, l'Union progressiste séné~alaise, le considèrent comme « plus commumste » et « plus dangereux» que le P.A.I. Un professeur à l'Université de Dakar, versé dans la politique sénégalaise, a qua]iflé Abdoulaye Ly de «stalinien», mais un dingeant du P.A.I. le dit « anarcho-trotskiste antiléniniste ». Les communistes français considèrent le P.R.A.-Sénégal comme un facteur plus sérieux que le P.A.I. Pour le professeur français Jean Suret-Canale, expert communiste de l'Afrique occidentale, le P.R.A.-Sénégal est un parti d'ouvriers et de fonctionnaires à tendance pro~essiste, alors que le P .A.I. est soutenu par les mtellectuels et une 13. Ann~ 1959, n° 3, pp. 22-24. Biblioteca Gino Bianco 19 fraction de la classe ouvrière 14 • L'opinion de Suret-Canale sur le P.R.A.-Sénégal en tant que parti à prédominance ouvrière est confirmée par les contacts d'Abdoulaye Ly avec certains éléments syndicalistes sénégalais de gauche qui regardent Conakry comme La Mecque. Il existe dans les anciens territoires français quelques autres groupes qui rassemblent des « marxistes de même tendance »; il est difficile de dire avec certitude de quel crédit ils jouissent et s'il faut les prendre au sérieux. Un seul se dit ouvertement « socialiste », le parti de la révolution socialiste du Bénin, qui groupe des extrémistes du Togo et du Dahomey. Il fut fondé à Cotonou le 28 juillet 1959 et un communiqué signé par Max Mensah Aithson pour les Togolais et Théophile Béhanzin pour les Dahoméens déclarait que le parti souscrivait à la doctrine marxiste-léniniste et préconisait la création des Etats-Unis socialistes d'Afrique. Le signataire togolais représentait les extrémistes du J uvento, organisation culturelle de jeunes fondée en 1951 par le comité de !'Unité togolaise (C.U.T.), grand parti nationaliste de Sylvanus Olympio. La petite aile marxisteléniniste du J uvento se sépara de celui-ci en 195415 • Un autre groupuscule marxiste est le parti de !'Unité gabonaise (P.U.N.G.A.), dirigé par René-Paul Suzatte. Il est soutenu par un grand nombre d'étudiants gabonais en France groupés dans une organisation, le Mouvement gabonais d'action populaire, qui publie la revue la Cognée. Dans le pays même, le parti affirme avoir des partisans dans le sud du Gabon. Suzatte s'est rendu à Moscou et a fait plusieurs déclarations élogieuses envers l'Union soviétique; mais il apparaît que le principal ressort de l'action du P.U.N.G.A. est moins l'idéologie marxiste que la forte aversion personnelle de ses membres contre Léon Mba, président du Gabon, et sa politique autoritaire et profrançaise. Dans le programme politique publié par Suzatte dans l'Afrique nouvelle 16 , hebdomadaire catholique de Dakar, il n'y a rien de spécifiquement marxiste : il s'agit d'un programme panafricain de progrès économique et de réformes politiques libérales dirigé contre l'arbitraire de la bureaucratie. Il mérite néanmoins d'être mentionné puisque, aux yeux des étudiants du P.U.N.G.A., leur parti est plus proche du P.A.I. Clued'aucun autre parti politique de l'Afrique occidentale. Les ex-colonies britanniques DANS les anciennes rossessions britanniques d'Afrique occidentale, 1 influence marxiste-léniniste est pour le moment moins clairement cris14- La Vi, internationale, Moscou, 15. Ansprengcr : op. cit., pp. 211 16. 22 févr. 1961. ,61, n° 2, p. 34. 407.
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