PROGRAMME COMMUNISTE, 1919 Le programme communiste adopté en 1919 au se congrès du Parti qui ne se dénommait communiste que depuis l'année précédente eut pour auteurs Boukharine quant à la partie théorique et Lénine quant à la partie pratique. Mais la première partie reproduit purement et simplement un large morceau du programme de 1903 que bolchéviks et menchéviks avaient conservé en partage jusqu'alors. Les théoriciens du· léninisme se bornèrent à substituer le « parti communiste international » à la « social-démocratie internationale », soulignant ainsi la filiation qu'ils voulaient rompre. Ils ajoutèrent au vieux texte le schéma de la thèse de Lénine sur l'impérialisme, plus élaborée dans la brochure du même sur le « stade suprême du capitalisme» et que son auteur soucieux de réalisme ne rééditerait plus s'il avait voix au chapitre. Ses héritiers moins scrupuleux en sont encore à rabâcher maintenant cette thèse controuvée dans leur nouveau programme. A relire le programme de 1919 avec quarante ans et quelque de recul, on est frappé de l'inconsistance des affirmations sommaires et du style injurieux qui détonne dans un document de ce genre. L'exaspération due aux horreurs de la guerre de 1914-1918 explique sans doute en partie la vulgarité du factum idéologique, mais on ne peut s'empêcher d'y discerner aussi un trait caractéristique de l'auteur dont Staline fit une loque humaine devant un tribunal d'assassins aux ordres, avant de le livrer au bourreau, personnage essentiel du régime soviétique. Quant à la phraséologie grandiloquente qui y tient lieu de doctrine, elle se réfute d'elle-même, lue par des esprits calmes que le bruit et la fureur n'empêchent pas de raisonner ni de comprendre. Il faut de l'audace aux dirigeants actuels du communisme pour prétendre avoir réalisé un programme qui proclame que « le seul guide du prolétariat dans sa lutte pour l'émancipation est la nouvelle, la IIIe Internationale communiste », que Staline a supprimée d'un trait de plume après l'avoir corrompue, pervertie et domestiquée au service de sa tyrannie sanguinaire. Et quand on lit que « l'Etat soviétique a réalisé, entre. autres, dans des proportions incomparablement plus grandes que nulle part ailleurs, le:~! f-government local et régional, sans aucune autorité nommée d'en haut», il faut comme Figaro se hâter d'en rire, si l'on en a la force, de peur d'être obligé d'en pleurer. Bi·blioteca Gino Bianco ·•, Inutile de commenter les « restrictions de liberté (...) nécessaires exclusivement à titre de mesures temporaires » qui, sous prétexte de lutter contre les exploiteurs, servent à lutter contre les exploités après quarantequatre ans de ce régime et doivent durer indéfiniment, d'après le nouveau programme. On sait comment « le pouvoir des Soviets enlève à la bourgeoisie ses immeubles, ses imprimeries, ses stocks de papier, etc., pour les mettre à la complète disposition des travailleurs » ; comment sont supprimés les « derniers vestiges d'inégalité de la femme », comment la femme est libérée « des charges matérielles d'une économie domestique désuète»; comment les masses laborieuses ont « la possibilité d'élire et de rappeler leurs députés»; etc., etc. Chaque phrase de ce lamentable document suscite les mêmes réflexions, la même révolte intime de la conscience. Aussi a-t-il paru nécessaire de reproduire en totalité ce programme communiste de 1919, publié en français en son temps et devenu quasiment introuvable. Le parallèle constant qui s'impose entre les promesses et la réalité dispense de réfuter, déconseille de s'indigner : sans plaidoyer ni réquisitoire, la cause est vite entendue. La révolution russe d'Octobre (25 · octobre7 novembre 1917) a réalisé la dictature du prolétariat~ Ce dernier a commencé, avec l'appui de l'élément le plus pauvre de la classe paysanne ou du demi-prolétariat, à poser les bases de la société communiste. Les progrès de la révolution en Allemagne et en Autriche-Hongrie, le développement du mouvement révolutionnaire du prolétariat dans tous les pays avancés, la diffusion de la forme soviétique revêtue par ce mouvement tendant directement à réaliser la dictature du prolétariat, tout cela montre que l'ère de la révolution prolétarienne communiste a commencé dans le monde entier. Cette révolution est le résultat inévitable du développement du capitalisme, actuellement dominant dans la majorité des pays civilisés. Dans
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