278 le sort de la République allemande de la Volga, dont la communauté existait depuis Catherine II. En 1939, on pouvait lire ces lignes dans la GrandeEncyclopédieSoviétique : « Le futur développement de l'économie soviétique socialiste allemande de la Volga (...) est garanti par la Constitution stalinienne, par la direction résolue de Staline. » Deux ans après, la République était dissoute, ses 800.000 habitants déportés en Asie centrale. Jamais plus on n'entendit parler de la République de la Volga. En 1944, la population entière de la République autonome de Crimée fut déportée (décret publié seulement le 26 juin 1946 dans les Izvestia). Vidé de ses anciens habitants, le territoire fut annexé à l'Ukraine ; les enfants furent séparés de leurs parents et ceux-ci expédiés dans le nord de la Sibérie. Ce même jour de juin 1946, les Izvestia apprenaient au monde que la République caucasienne et musulmane des Tchétchènes-Ingouches avait été elle aussi rayée de la carte et du dictionnaire (février 1944), ses habitants dispersés. Un peuple voisin, au Caucase, les Balkares musulmans, disparut la même année. Disparus aussi les Kalmouks, bouddhistes d'origine mongole. Au xx:e congrès, dans son rapport secret, Khrouchtchev réhabilita ces Républiques ; leurs noms réapparurent sur les cartes, mais les populations, décimées, ne revinrent pas toutes des camps de concentration. Les mots et la chose LA CONSTITUTIONstalinienne de 1936 est toujours la règle juridique des rapports entre l'Union et les Républiques fédérées. Il est dit en son article 14 que l'Union a tous les pouvoirs Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL en matières internationale 18 , militaire, judiciaire, policière, économique et sociale. L'article IS accorde la « souveraineté » aux Républiques fédérées dans les limites de l'article 14, et enfin l'article 17 leur permet de sortir librement de !'U.R.S.S. Comme si les limites de l'article 14 n'étaient pas suffisantes pour emprisonner les Républiques «souveraines», l'autonomie de leurs partis communistes est une pure fiction, secrétaires et comités centraux étant nommés par le présidium du P. C. de l'Union soviétique et pouvant être révoqués sur simple décision de celui-ci. Derrière sa façade fédérative, !'U.R.S.S. est l'Etat le plus centralisé du monde. Le système s'est étendu depuis la guerre à l'Europe orientale et le sort des satellites européens n'est pas très différent, malgré leur indépendance formelle, de celui des Républiques soviétiques. Le Kremlin y a confirmé comment il entendait assurer l'exercice des libertés nationales, et jusqu'à celui des libertés culturelles. ~ On a assisté à leur vassalisation, à leur soumission aux visées impérialistes de !'U.R.S.S. La tragédie de Budapest enfin a montré ce qu'il en coûte à vouloir faire sécession. Le bolchévisme s'est présenté, et se présente encore, comme le champion de l'émancipation des peuples opprimés et des classes exploitées. En moins d'un demi-siècle, il a réalisé une oppression et une exploitation telles que l'histoire en a rarement connu de semblables. MICHEL COLLINET. 18. L'Union soviétique a trois voix au lieu d'une à l' Assemblée générale de l'O.N.U., y ayant fait admettre par une complaisance injustifiable des fondateurs l'Ukraine et la Biélorussie comme Etats souverains. ,
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