210 faisaient état de 21.500 morts du côté nationaliste (dont 3.500 civils) et de 70.000 chez les communistes ; de 27 .ooo soldats blessés ou mutilés; de 3.000 prisonniers de guerre aux mains des communistes. Comble de barbarie, quelque 28.000 enfants (âgés de 5 à 8 ans) ainsi que 20.000 non-combattants avaient été enlevés de force et envoyés, avec les prisonniers de guerre, derrière le rideau de fer. Les dommages matériels étaient évalués à 380 millions de dollars. Les dirigeants du K.K.E. se réfugièrent en Europe orientale, d'où Zachariadis annonça avec bravade en septembre 1949 que l'abandon de la lutte armée n'était qu'une manœuvre provisoire, que « les armes restaient à portée de la main » et que les communistes allaient « réorganiser leurs forces en vue des nouvelles batailles décisives de l'avenir». Le K.K.E., de nouveau dissous en septembre 1947, reste interdit depuis. Ses dirigeants continuent, de leur abri derrière le rideau de fer, à diriger l'activité des communistes demeurés en Grèce. . Objectifs anciens, méthodes nouvelles NULLEMENéTbranlés par leur échec, ces dirigeants se remettaient bientôt au travail pour mettre au point une nouvelle tactique opérationnelle. Un de leurs premiers soins fut de reconstituer le réseau subversif dans tout le pays. Nombre d'agents communistes, travaillant seuls ou en équipe, parfois dotés de postes émetteurs, sont rentrés clandestinement. Un groupe de 20 personnes fut dépisté et anéanti après qu'il eut franchi la frontière en 1950. Un autre réussit à poursuivre son activité pendant six mois avant d'être découvert. Deux autres groupes furent appréhendés en novembre 1951, l'un chargé de distribuer des fonds, l'autre se livrant à l'espionnage. Une autre mission, entrée en Grèce par la Bulgarie, fut mise hors d'état de nuire en 1954. On ignore combien c;l'agentsont réussi à échapper à la capture. En même temps qu'il mettait sur pied le nouvel appareil de subversion, le K.K.E. commençait à appliquer un plan d' « action légale » visant à renouer le contact avec les masses grâce à une activité crypto-communiste. La première occasion en fut offerte par les élections générales prévues pour mars 1950. L'étiquette communiste étant évidemment proscrite, le K.K.E. organisa un « groupe démocratique» composé de sympathisants, de compagnons de route et de membres du Parti restés en Grèce. Les candidats présentés parvinrent à emporter 18 sièges sur 250 environ. Cependant, le groupe de coalition se scinda bientôt au Parlement en pet~tes fractions, chacune étant disposée à ne suivre que certaines directives du K.K.E. L'année suivante, en. 1951, le K.K.E. racola pour un autre Front populaire, l'Union de la gauche démoçratique (Eniaia Dimokratiki Aristara, Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE ou E.D .A.). Ce groupe existe toujours, protégé de la loi par son statut formel de coalition de partis, mais dominé par les communistes, comme le prouvent à la fois son organisation hiérarchique et son adhésion à la ligne du Parti. Ses dirigeants n'ont d'ailleurs jamais nié être des communistes, affichantmême leur fidélité à l'organisation K.K.E. en exil dans l'organe officiel de l'E.D.A., l' Avgi, qui non seulement fait sienne la ligne générale soviétique sur tous les problèmes, mais publie régulièrement résolutions et directives du K.K.E. Dans un cas seulement, comme nous allons le voir, l'E.D.A. a passé outre aux ordres du K.K.E. En ce qui concerne les objectifs intérieurs la politique de l'E.D .A. est devenue de plus en plus nette depuis dix ans. En bref, elle recherche : 1. la levée de l'interdiction frappant le K.K.E. ; 2. une amnistie générale qui permettrait le retour en Grèce de quelque 10.000 guérilleros communistes réfugiés en Europe orientale, des enfants et des adultes enlevés pendant la guerre (et soumis depuis à un endoctrinement intensif) ainsi que la libération des communistes emprisonnés pour activité subversive ou exilés dans des îles grecques ; 3. la création d'un Front populaire plus large qui permettrait aux communistes de rompre leur isolement politique; 4. le retrait de la Grèce de ses alliances avec les puissances occidentales, qualifié de problème d' « indépendance nationale». Le chemin du retour PENDANlTes cinq premières années de son activité, l'E.D .A. demeura une organisation relativement inefficace, isolée de la grande majorité de la population. (Les élections générales de 1951 lui donnèrent 10 sièges sur 250; l'année suivante, avec nn système électoral révisé, elle n'en obtint pas un seul sur 300.) Mais les cinq dernières années se présentent tout autrement : elles ont vu un retour offensif de la gauche dominée par les communistes. Le tournant fut marqué par les élections générales de février 1956. Pendant la campagne électorale, l'E.D.A. - dont les précédentes avances avaient été ignorées, sauf par une frange de la gauche ....:.r.é..u.ssit à monter une coalition de Front populaire dénommée Union démocratique, en collaboration avec certains partis nationalistes du centre et de la gauche. A première vue, ce phénomène, survenant sept ans à peine après la guerre de partisans qui avait ravagé la Grèce, paraissait proprement incroyable. Or il était dicté par des circonstances politiques qui résultèrent de la mort, en 1955, du maréchal Papagos, chef du gouvernefllent conservateur alors au pouvoir. M. Karamanlis, premier ministre actuel, fut choisi par le roi pour former le nouveau cabinet. Afip. de démontrer la popularité de M. Karamanlis et d'inciter ainsi les forces conservatrices qui avaient soutenu Papagos à coopérer avec lui, le gouvernement fixa des élections générales au 19 février 1956 et promulgua une loi électorale insti-
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