Le Contrat Social - anno V - n. 1 - gennaio 1961

6 micien ou un correspondant de l'Académie des sciences de l'URSS et des Républiques fédérées s'est consacré à une recherche sur ces questions d'importance vitale. Les rares qui s'en occupent se concentrent pratiquement tous sur le xixe siècle et le début du xxe. L'Institut du marxisme-léninisme n'a pas produit « un seul ouvrage s~.trla récente. histoire du mouvement communiste et ouvrier ». Où en est, poursuit l'article, la série promise des rééditions des comptes rendus sténographiques du Comintern ? Et il presse les historiens d' « améliorer leur équipement théorique, d'acquérir 1:111e profonde maîtrise de la méthodologie mat"Xl:ste en matière de recherche et de documentation historique, base essentielle de la recherche scientifique». ON A PEINE à croire que cela soit sérieux, car ce ne sont pas la méthodologie déficiente ni l'insuffisance des matériaux qui rendent impossible le vrai travail historique dans ce domaine. Deux articles concernant la fondation du Comintem montrent clairement où sont les difficultés réelles 2 • Le premier donne comme sources pour le premier Congrès les écrits de plus de douze personnes dont une seule était présente elle-même au congrès. Il ne cite pas les mémoires d'AngelicaBalabanovaqui y assista et fut nommée première secrétaire du Comintern. (La plus grande partie de l'article est consacrée à la préhistoire de la nouvelle organisation qui a été dite et redite sans fin.) L'invitation à la réunion qui devait devenir le premier Congrès fut rédigée par Trotski et signée pour les bolchéviks par Lénine et Trotski, mais pour éviter de le dire M. Trofimov écrit que « Lénine reçut le projet de l'appel rédigé suivant ses instructions». La grande majorité des participants à la réunion résidaient en Russie et ne pouvaient prétendre parler au nom d'aucune organisation, mais M. Trofimov n'en dit rien. Il ne dit pas non plus qu'en s'opposant à la création prématurée de la 3e Internationale, conformément aux instructions de son parti, Eberlein, délégué allemand (qui s'abstint au vote), déclara : « La Belgique, l'Italie ne sont pas représentées, le représentant suisse ne peut pas parler au nom du Parti ; la France, l'Angleterre, l'Espagne et le Portugal sont absents ; et l'Amérique n'est pas non plus en mesure de dire quels partis nous soutiendraient 3 • >> Le manifeste du congrès fut écrit par Trotski, la plate-forme par Boukharine. Sans mentionner ces faits, M. Trofimov dit que les principes compris dans la plate-forme « unissent toujours les partis communistes dans leur lutte contre l'impérialisme ». 2. Trofimov in Voprossy lstorii K.P.S.S., 1957, n° 4; Tsitovitch in Novaia i Novefchaia Istoriia, 1959, n° 2. 3. Der I. Kongress der K.J., 1921 :P• 134. · Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Le Comité exécutif (C.E.I.C.) élu par le congrès avait pour président Zinoviev et pour secrétaire Radek. Mais on n'en souffle mot. M. Tsitovitch n'est pas plus instructif. Il attribue à Lénine le manifeste (comme le font · aussi les éditions de 1935 et postérieures des Œuvres de Lénine, mais non les précédentes ; et comme le manifeste avait été inclus dans les Œuvres de Trotski publiées à Moscou dix ans plus tôt sans avoir été contesté, il ne peut y avoir de doute). Il désigne Reinstein comme « délégué» des États-Unis, bien qu'en fait celui-ci ait été délégué par le parti socialiste ouvrier américain en 1917 pour un objet tout à fait différent et dans un tout autre pays (pour assister au congrès avorté de Stockholm) et qu'à l'époque il ait été employé au commissariat des Affaires étrangères à Moscou ; son action fut désavouée par son parti. M. Tsitovitch parle aussi de la plate-forme sans nommer Boukharine ainsi que de la résolution sur la 2e Internationale sans dire qu'elle fut rédigée par Zinoviev. En fait, à part Lénine, tous les bolchéviks de premier plan qui guidèrent le travail du Comintern pendant ses années de formation, qui rédigèrent ses thèses et ses résolutions et établirent ses statuts - par exemple, Trotski, Zinoviev, Radek, Racovski, Boukharine - devaient tomber plus tard victimes du régime et ne peuvent donc être mentionnés sinon en exécration. Condamnés comme espions, traîtres et saboteurs, leur œuvre pourrait raisonnablement être jugée comme méritant le même sort, ou du moins il serait logique d'attribuer les échecs du Comintem à leur activité néfaste. Mais non. Car, en premier lieu, cela impliquerait qu'une organisation présidée par les Russes pouvait se tromper, et l'on n'admet jamais que le Comintem comme tel ait commis une erreur ; en second lieu, cela impliquerait que Lénine, qui prit part aux quatre premiers congrès, était incapable de distinguer entre loyalisme et trahison ; et enfin cela priverait le Comintem de la plupart de ses plus fameuses déclarations publiques - plate-forme et programme rédigés par Boukharine, manifestes des premier, deuxième et cinquième congrès rédigés par Trotski *, thèses sur la bolchévisation rédigées par Zinoviev, thèses sur le front •uni rédigées par Radek. Cela détruirait toute la mystique du Parti infaillible, si les hommes qui décident en son nom sont humains, faillibles et même traîtres. Des sept membres du Politburo après la mort de Lénine·, six - aux yeux du septième - s'avérèrent ennemis de la révolution et la seule punition possible de leurs méfaits était la mort. Mais leur travail ne pouvait être condamné, car le Politburo lui-même doit être infaillible, indépendamment de la qualité de ses membres. • Les manifestes des troisième et quatrième Congrès ont été de même écrits par Trotski ( N.d.l.R.J. J,

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==