Le Contrat Social - anno IV - n. 3 - maggio 1960

P. IGNOTUS de 14,9 % celui de l'année dernière. A Gyor, l'augmentation a été de 25,8 % ; à Debrecen de 21; à Pecs de 23,4; à Szeged de 51,4 % 2 • D'autres améliorations sont promises pour 1960, sur la base du plan quinquennal adopté au vue congrès du P.C. (tenu à Budapest du 30 novembre au 5 décembre derniers). Le plan fixe des objectifs plus raisonnables que les précédents; le régime est sans doute aujourd'hui plus sensible au sentiment populaire et a conscience des erreurs de la planification à outrance. Il se souvient des résultats désastreux des objectifs économiques trop ambitieux du règne de Rakosi et de Gero. . Le nouveau plan peut être couronné de plus de succès en vertu même de sa prudence. Cependant l'analyse révèle qu'il tend nettement à négliger les intérêts de l'ouvrier et du consommateur moyen au profit de ceux qui servent le mieux le régime. Par exemple, dans un article présentant le plan au grand public, l'hebdomadaire économique du gouvernement déclare : Selon les principes directeurs, le revenu réel par tête des ouvriers et des employés doit augmenter d'au moins 26-29 % (...) et le revenu réel du paysannat dans les mêmes proportions 3 • Toutefois, . après quelques affirmations fort vagues et embrouillées concernant l'amélioration progressive des revenus dans les sept prochaines années, l'auteur poursuit : L'augmentation continue des salaires doit être assortie d'un système de rémunération offrant plus d'encouragements... Les principes adoptés ne visent pas· à augmenter plus rapidement les bas salaires ... C'est le travail qui exige de plus hautes qualifications, plus de responsabilités (...) qui doit être mieux rétribué. Il ressort également de cet article qu'il ne faut pas s'attendre à des réductions de prix substantielles. L'amélioration des conditions de vie - dans la mesure où elle sera réalisée - ne fera qu'accentuer l'inégalité, élargissant le fossé entre les éléments les plus pauvres et les couches les plus favorisées. La collectivisation, épée de Damoclès D'UN POINT DE VUE strictement financier, les conditions à la campagne sont pour l'instant meilleures qu'avant la révolution; comme l'ancien système de livraisons obligatoires n'a pas encore été réintroduit, les petits paysans vivent bien. Ils mangent leurs poulets et dépensent librement les bénéfices de la vente - cela non pas en dépit d'un sentiment d'insécurité mais bien plutôt à cause de ce sentiment. 2. Nepszabadsag, quotidien officiel du Parti, 2s déc. 1959. 3. Figy_elo, 17 nov. 1959. Biblioteca Gino Bianco133 Que l'intense campagne de collectivisation, suspendue au début de 1959, soit reprise à outrance plus tard est considéré comme inévitable et attendu avec terreur. Au commencement de 1958, 13 % des terres arables appartenaient aux fermes d'Etat et I 3 % aux kolkhozes. En été, la part des kolkhozes était passée à environ 33 %, laissant aux paysans environ 54 %-A la fin de 1958, l'équilibre avait changé : les secteurs collectif et d'État réunis constituaient 55 ,8 °/o des terres dans les derniers jours de décembre, pour s'élever à 70 % à la mi-février 1959. L'annonce, en février, d'un ralentissement dans la campagne de collectivisation fut sans doute motivée en partie par le manque de matériel agricole et par le besoin de s'assurer la coopération des paysans lors des semailles de printemps. Mais il ne s'agit là;que d'un répit. En décembre, au congrès du Parti où les problèmes de l'agriculture étaient au centre des débats, l'achèvement de la collectivisation fut désignée par Kadar luimême comme la « tâche décisive ». Et l'on continue de rapporter que les communistes exercent une dure pression sur les petits paysans. Il en est résulté un exode accru des campagnes vers les villes - à peu près l'unique forme de résistance possible, - phénomène assez sérieux pour avoir nécessité une intervention des autorités dans certaines régions. La méthode adoptée pour réaliser la collectivisation est la « persuasion pacifique », prétendument distincte de la coercition violente employée par le régime Rakosi qu'on dénonce aujourd'hui encore comme ayant été « sans contact avec les masses ». La violence « pacifique » de 1959 a été sans doute moins spectaculaire que celle de 1949-52. Elle n'en a pas moins été assez effrayante. Les troupes de choc du Parti faisaient par surprise des descentes au village, d'habitude au crépuscule ; elles coupaient l'électricité, puis visitaient les fermes une à une; quiconque était surpris à traire sa vache à la lumière d'une bougie était accusé de risquer de mettre le feu à son étable et menacé de punition - à moins bien entendu qu'il ne fût prêt à entrer au kolkhoze. Malgré le caractère « pacifique » de cette méthode, beaucoup de paysans sortaient le visage en sang de ces discussions avec les activistes 4 • Des scènes de ce genre étaient fréquentes en 1958 en Transdanubie. Bien que les porte-parole du régime aient démenti plus d'une fois toute intention de réintroduire la coercition, ils ont assuré que « d'ici à 1965 le nombre de ceux qui vivront d'un salaire aura augmenté de 600.000 par rapport à 1958, à la suite du progrès de l'agriculture sur la voie de la collectivisation » 5 • Autant dire que l'on peut prévoir le nombre des conversions par persuasion. 4. Cf. ]roda/mi Ujsag, 15 oct. 1959. S· Figyelo, 17 nov. 1959.

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