Le Contrat Social - anno IV - n. 3 - maggio 1960

QUELQUES LIVRES que Tchang Kaï-chek ne vit la réalisation de ces promesses. Plus la politique du Kremlin en Chine devenait ambiguë et même catastrophique à l'égard du mouvement communiste, plus cet ouvrage abrège ou tout simplement ignore certains événements. La période 1927-37, une des plus importantes pour la Chine, tient la plus faible place dans cette Histoire; la Commune de Canton, en 1927, est tout simplement ignorée, de même que l'incident de Sian, en 1936, au cours duquel Moscou sauva la vie de Tchang Kaï-chek et obligea le Parti à se rapprocher du Kuomintang. _ Cet épisode d'intérêt capital, dont Tchou En-lai fut l'un des principaux acteurs, est remplacé ici par un récit de la mort de Gorki en 1936... De temps en temps, un détail noté par l'auteur se révèle plus éloquent que des pages entières à l'éloge de cette amitié. Ainsi l'information (p. 84) selon laquelle le Manifeste communiste ne fut publié en chinois qu'en novembre 1920, ainsi que le premier article de Lénine, en dit long sur la profondeur des racines du« marxismeléninisme » en Chine. BRANKO LAZITCH. Expansionnisme et propagande MICHEL LUBRANO-LAVADERA : L'Ours dans la bergerie. La pénétration soviétique dans les pays sous-développés. Paris I 960, Éd. BergerLevrault, 203 pp. IL SUFFITque les communistes se flattent d'un exploit présent ou, plus fréquemment, futur pour que leurs affirmations soient prises à la lettre. En matière économique, ils ont un leitmotiv général, repris à intervalles irréguliers depuis trente ans : rattraper et dépasser l'Amérique. L'un de leurs thèmes à la mode actuellement est l'aide soviétique aux pays sous-développés, grâce à laquelle ils prétendent évincer les Occidentaux de ces régions et faire pencher le « tiers monde » vers le bloc communiste. En chiffres absolus, l'aide soviétique annuelle aux pays retardataires n'atteint que le dixième de l'aide américaine, mais son effet politique est certainement supérieur, comme l'écrit l'auteur du présent ouvrage : Que l'Occident fasse don de milliards de dollars pour lutter contre les famines, contre les épidémies, contre la mortalité, il n'en restera rien. Que le bloc soviétique par voie d'échanges de compensation construise une usine ou un stade, même si ces constructions ne sont pas adaptées & la croissance économique du pays qui les a demandées, elles demeureront et, en raison de leur choix judicieux, seront la preuve visible de l'aide soviétique. Les livraisons de blé et de riz des U.S.A. aux pays menacés de famine n'ont-elles pas fait moins de bruit que la construction des aciéries financées par l'URSS en Inde ? (p. 149). Biblioteca Gino Bianco 185 L'auteur a passé en revue l'action économique de l'URSS et de son bloc à travers tous les pays du « tiers monde » et sa conclusion est double, selon qu'il s'agit de l'aspect économique ou politique de cette affaire : Mais, même en demeurant sur le plan strictement économique, à court terme et à moyen terme, la pénétration soviétique doit trouver des limites. Deux facteurs gêneront en effet l'expansion du commerce extérieur soviétique : la qualité des produits livrés et les possibilités de la production du bloc des pays de l'Est ... Ainsi donc, sur le plan économique à moyen terme, l'expansion économique soviétique dans les pays sous-• développés ne constitue pas une menace sérieuse pour l'Occident. Par contre la menace demeure et se précise si l'on replace cette expansion économique dans le cadre de la politique globale du monde communiste (pp. 159, 166). Dressant un catalogue des interventions économiques du bloc soviétique, cet ouvrage peut rendre service comme instrument de travail et de références. Son arrière-plan, exposé dans un premier chapitre sur «le marxisme-léninisme et les pays sous-développés» et dans sa conclusion, aurait mérité des analyses plus rigoureuses que les quelques citations faites pêle-mêle, où se rencontrent, outre Marx, Lénine, Staline et Khrouchtchev, le maréchal Toukhatchevski et « Dimitri Manouilski, président de l'Internationale communiste», lequel n'était pas président et n'a évidemment pas prononcé les paroles qu'on lui attribue mais qui, à force d'être «citées », ont tout de même fait fortune. B. L. Diversité du socialisme GEORGESLEFRANC: Histoire des doctrines sociales dans le monde moderne. Paris 1960, Éd. Montaigne, 336 pp. LES THURIFÉRAIRES de Marx ont accrédité l'idée que la pensée de leur maître domine sans partage l'histoire des doctrines socialistes, ce qu'achèverait de prouver son immense succès temporel. On voit aujourd'hui de mieux en mieux qu'il y a fort à <:lire,que le communisme n'est pas le marxisme, que le marxisme a subi d'irréparables atteintes ; le livre de G. Lefranc est de ceux qui permettent d'en bien juger. Non que l'auteur se soit proposé de soutenir une thèse ; il n'a voulu que mettre à la portée des étudiants, des étudiants de tout âge et de toutes conditions, un manuel dont on doit louer d'abord les qualités pédagogiques, la clarté, la solidité. Mais il ne s'est pas contenté de juxtaposer des fiches et l'ordonnance même de son travail devient très parlante. Certes, Marx est encore au centre et c'est par rapport à lui que s'organise la seconde partie de l'ouvrage ; mais la première, consacrée à ce

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