Le Contrat Social - anno IV - n. 2 - marzo 1960

L. PISTRAK acteurs de la révolution de 1905, et qui par la suite vécut aux États-Unis en 1917-19, « travaillant activement à assurer la liaison entre la R.S.F.S.R. et l'Amérique». En décembre 1920, à une réunion des activistes de l'organisation de Moscou du parti communiste, Lénine prononça un discours sur les droits d'exploitation concédés à des étrangers et sur les concessions qu'il était nécessaire d'accorder aux gouvernements capitalistes. C'est dans ce discours que les publicistes soviétiques actuels tentent de puiser des arguments pour attribuer à Lénine la paternité de la« coexistencepacifique». Mais voici quelle fut en réalité le fond de l'argumentation de Lénine sur ce point : Tant que nous n'avons pas conquis le monde entier, tant que du point de vue économique et militaire nous restons plus faibles que le monde capitaliste, nous devons suivre la règle : il faut savoir exploiter les contradictions et les oppositions entre les impérialistes. Si nous n'avions pas observé cette règle, il y a longtemps qu'à la satisfaction des capitalistes nous serions pendus à différents arbres (t. 31, pp. 410-11). D'où la conclusion fondamentale : « La tâche pratique de la politique communiste est d'exploiter l'animosité» entre pays capitalistes «en les excitant les uns contre les autres» (ibid., p. 415). Ce faisant il ne faut pas craindre d'aller trop loin: Ce qui nous sauverait encore davantage, ce serait que les puissances impérialistes se trouvent en guerre. Si nous sommes obligés de tolérer l'existence de gredins comme les voleurs capitalistes dont chacun affûte un couteau contre nous, notre devoir est de diriger ces couteaux les uns contre les autres. Quand deux voleurs se battent, les honnêtes gens y gagnent (ibid., p. 419). Dans un de ses récents discours, Khrouchtchev s'indignait que le vice-président Nixon eût dit que les partis communistes du monde entier sont « dirigés et commandés par Moscou » : Ce sont de vieilles inventions rebattues, destinées à faire peur aux gens peu avertis, à les exciter contre l'Union soviétique. Quelles sont les données de M. Nixon sur ce point? Strictement aucune, car elles n'existent pas et ne peuvent pas exister. Naturellement il vaudrait mieux que pareilles déclarations ne se renouvellent pas. Elles ne sont nécessaires que pour entretenir la guerre froide, pour maintenir la tension internationale (Pravda, Ier sept. 1959). Mais dans le discours que nous venons de citer, Lénine disait franchement : A partir du IIe congrès de la Troisième Internationale, nous avons solidement pris pied dans les pays impérialistes, non seulement idéologiquement, mais comme organisation. Dans tous les pays, il y a actuellement des noyaux qui se livrent à un travail indépendant et qui s'y livreront. C'est chose faite (p. 413). La « politique de paix » léniniste, comme ,W. du reste toute la politique étrangère de l'Union soviétique des premières années d'après guerre, a Biblioteca Gino Bianco 91 peut-être été le mieux caractérisée par les paroles suivantes de l'article d'introduction au recueil mentionné plus haut, L'Union soviétique dans la lutte pour la paix : · Toute l'activité grandiose du pouvoir soviétique en faveur de la paix, activité que reflètent d'innombrables documents adressés formellement à tel ou tel gouvernement ou dirigeant des pays bourgeois, représente en fait, par-dessus leur tête, un appel aux masses de millions de travailleurs et d'opprimés dans toutes les parties du monde et, en premier lieu, à leur avant-garde, le prolétariat international qui, par sa lutte de classe et ses combats de classe, soutient concrètement et activement ce travail pacifique sans exemple du premier État prolétarien au monde. Dans sa politique de paix comme dans toute son activité, le pouvoir soviétique, guidé par le parti communiste des bolchéviks, mène une offensive contre le monde bourgeois, lutte pour l'influence sur les plus larges masses de millions de gens, s'efforce de leur inculquer les idées qui animent les masses ouvrières et paysannes qui ont fait la plus grande des révolutions, et les appelle à surmonter activement la résistance du monde bourgeois et à remporter la victoire sur lui (p. 8). Les travailleurs de l'Union soviétique ont profondément conscience que le triomphe final de leurs aspirations pacifiques ne sera possible que lorsque l'impérialisme aura été désarmé et vaincu par le prolétariat international. Voilà pourquoi l'activité pacifique de l'URSS a des buts non seulement directement diplomatiques, mais aussi de propagande, cherchant à prouver à toute l'humanité laborieuse que la seule vraie garantie est le pays soviétique, que ses aspirations à la paix et au désarmement universel sont les plus sincères et conséquentes (p. 23). Tel est le contenu réel de la politique de «coexistence pacifique » de Lénine. Son idée~des relations pacifiques entre États ayant des systèmes sociaux et économiques différents était subordonnée à sa conception générale de la révolution sociale mondiale qu'il attendait comme un prolongement naturel de la révolution d'Octobre en Russie. Lorsqu'il se convainquit que, dans les pays ayant subi une défaite lors de la première guerre mondiale, les révolutions ne suivaient pas le modèle bolchévique et que dans les pays de !'Entente il n'y avait pas de révolution du tout, il fut disposé à s'entendre avec les« gouvernements bourgeois » dans la mesure où ceux-ci seraient prêts à aider la Russie soviétique à relever son économie. En exploitant les « contradictions entre les impérialistes», il comptait provoquer entre eux une guerre qui changerait le rapport de forces dans le monde au profit de la Russie soviétique et lui permettrait d'« infliger une défaite au capitalisme dans son ensemble». * .... KHROUCHTCHEV rejette résolument l'idée que l'Union soviétique puisse avoir quelque chose de commun avec une telle politique agressive. Mais"en même temps illinsiste obstinément sur l'identité de sa politique avec la « politique de

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