Le Contrat Social - anno IV - n. 1 - gennaio 1960

QUELQUES LIVRES ders américains et l'intelligentsia soviétique ne gagnent pas autant qu'ils le mériteraient Catégorie des témoins USA Cadres .................. • • . • • • •33 % Salariés non manuels ............. 33 % Ouvriers qualifiés ................ I 9 % 0 . d. . 16 °1 uvr1ers or 1mures . . . . . . . . . . . . . . . 10 URSS 74 % 72 % 55 % 48 % Il est exact que dans un cas comme dans l'autre les ouvriers ont beaucoup de mal à reconnaître que les chefs d'entreprise ne gagnent pas assez. Mais il nous par~t bien pl~s significatif qu'en descendant l'echelle sociale des informateurs on voie s'accroître l'écart entre les opinions recueillies dans les deux pays et qu'un véritable bond se produise au passage de la catégorie des travailleurs non manuels à celle des ouvriers proprement dits. C'est là précisément que se manifeste la conscien~e d'!111antagonisme de classes ou au contraire 1absence, à tout le moins la faiblesse, de pareille conscience. Nos réserves ne s'appliquent évidemment pas à l'analyse très subtile que font les auteurs des antagonismes de classesdans la société soviétique ; elles se limitent au parallèle entre cette dernière et les autres sociétés industrielles. Le fait même de laisser de côté l'antagonisme fondamental ne saurait soulever aucune objection lorsqu'il s'agit d'étudier, au-delà de celui-ci, les rapports entre classes sociales. Ajoutons du reste que les citoyens soviétiques eux-mêmes n'ont qualifié les membres du Parti comme une classe à part que dans la ~esure où l'en_quête, à l'ai~e de questions relatives aux conflits et antagorusmes, leur a quelque peu « forcé la, main » (les ré~istances auxquelles elle s'es_t heurtee sur, ~e point .s?nt signalées dans le livre). Leur ventable optruon sur le Parti et ses adhérents s'est révélée fort nuancée dès que les questions ont abandonné ce terrain. Le chapitre qui y e~t spécialement cons~- cré, l'un des plus instructifs, montre en pa~ttculier qu'ils sentent très nettement combien l'« appareil» est impersonnel, dans quelle mesure il fonctionne indépendamment de la volonté ou des sentiments des individus qui le composent. Last but not least, l'ouvrage a le grand mérite de faire une analyse critique des per~pe~tiy~s d'avenir. Fidèles à leur scrupuleuse ob1ect1v1te, les auteurs ne souscrivent ni à la thèse selon laquelle le régime .soviét~que n'est s~sc~ptible d'aucune modification, ru à celle qui tient la démocratisation pour inévitable par suite de l'industrialisation du pays. En constatant que le totalitarisme et l'industrie moderne ne sont nullement incompatibles - on pourrait même aller plus loin et prétendre que celui-1~ ne .peut se développer entièrement sans celle-c1,- tls abouBiblioteca Gino Bianco 59 tissent à la conclusion que nous assisterons très probablement à un aménagement assez radical des institutions, sans que le système se dépouille pour autant de son caractère totalitaire. PAUL BARTON. Un racisme honteux LRONLENEMAN: La Tragédie desJuifs en URSS. Préface de Manes Sperber. Paris 1959, Desclée de Brouwer, 327 pp. DANS l'avant-propos, l'auteur signale très modestement que son objectif a été limité à rassembler un faisceau d'informations sur le sort des juifs en Union soviétique, et que son exposé laisse apparaître de nombreuses lacunes. En fait, il a réuni une documentation qui lui permet d'apporter des lumières nouvelles sur un phénomène déjà étudié par des auteurs compétents*. Ayant vécu lui-même pendant plusieurs années en URSS - d'abord comme réfugié de Pologne devant l'occupation nazie, plus tard détenu dans .un camp de concentration, employé finalement par l'agence d'information polonaise à Moscou, - M. Leneman est à même de fournir au lecteur bien des observations de première main. Mais il s'est surtout appliqué à recueillir des témoignages et à analyser ceux qui, déjà publiés, se trouvent dispersés à travers la presse de divers pays. L'abondance des faits qu'il rapporte sur un sujet tabou pour les sources officielles rend tout résumé à peu près impossible, d'autant qu'il s'abstient de tirer des conclusions théoriques et de mettre l'antisémitisme soviétique en rapport avec les caractéristiques générales du régime, laissant au lecteur le soin de déterminer les particularités de cette variété du phénomène. L'ouvrage est précieux notamment par sa contribution à l'étude des persécutions antisémitiques qui eurent lieu de 1948 jusqu'à la mort de Staline, des manifestations de l'antisémitisme de l'actuel chef du gouvernement, ainsi que de la condition faite présentement à la population juive. P. B. •Cf. notamment Gregor Aronson : Soviet Russia and the Jews, New York 1949; Gédéon Haganov : Le Commu11isme et l,s «juifs», Paris 1951 ; Solomon M. Schwarz : The Jerus in the Soviet Union, Syracuse University Press, 1951 ; la grande enquête publiée en 1952 par la revue Evidences: « Les Juifs dans l'Europe de l'Est»; Louis Guerry : L'Antisimitisme stalinien, Paris 1953; Peter Meyer, Bernard D. Weinryb, Eugène Duschinsky et Nicolas Sylvain : The Jews in the Soviet Satellites, Syracuse University Press, 1953.

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