38 Les dirigeants soviétiques s'emploient toujours à dépister les «révisionnistes». Mais eux-mêmes sont des révisionnistes par excellence, car ils refondent constamment leur propre passé : la « révolution permanente » semble exiger une révision permanente de l'histoire. Les nouveaux manuels ne se bornent pas à compléter les anciens : ils les effacent. Comme pour le pont de Brooklyn, on commence toujours à repeindre avant d'en avoir terminé avec la couche précédente. L'importance politique du nouveau manuel se mesure en comparant les conclusions à celles du Précis. La nouvelle manière est peut-être plus nuancée et édulcorée, mais le vieux message léniniste s'en dégage sous sa forme khrouchtchévienne, comme autrefois sous les espèces staHniennes. L'ancien texte était : L'histoire du Parti nous enseigne, avant tout, que la victoire de la révolution prolétarienne, la victoire de la dictature du prolétariat, est impossible sans un parti révolutionnaire du prolétariat, parti exempt d'opportunisme, inflexible à l'égard des conciliateurs et des capitulards, et révolutionnaire dans son attitude envers la bourgeoisie et son pouvoir politique. Voici le nouveau : Un demi-siècle entier d'expérience du développement social a prouvé que le parti communiste de l'Union soviétique avait raison dans la controverse et la lutte historiques qu'il a soutenues contre les partis de la 118 Internationale, contre l'idéologie et la politique de la social-démocratie... Les dirigeants sociauxdémocrates, en théorie comme eri pratique, ont agi et continuent d'agir en postulant qu'il est possible de réconcilier les intérêts de classe du prolétariat et de la Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE bourgeoisie, que le renversement révolutionnaire de la domination de la bourgeoisie n'est pas souhaitable, et que la dictature du prolétariat est superflue ... Le Précis soulignait : L'étude de l'histoire du P. C. de l'URSS nous renforce dans la certitude de la victoire finale de la grande cause du parti de Lénine et de Staline, de la victoire du communisme dans le monde entier. Le nouveau manuel parle de « la lutte de la classe ouvrière pour la victoire du socialisme et du communisme dans le monde entier » et nous assure que le parti communiste « ne ménage pas ses forces pour résoudre la grande tâche historique du renforcement et du développement du système mondial du socialisme ». Décrivant notre époque comme celle « du passage de la société humaine du capitalisme au communisme », il conclut : L'étude de l'histoire du Parti nous aide à nous rendre maîtres de la théorie du marxisme-léninisme et à apprendre, à partir de l'expérience acquise dans la lutte, à r~nverser le joug des exploiteurs et à bâtir le commurusme. Il va de soi que la lecture de la nouvelle histoire sera de rigueur pour les membres du Parti et qu'elle servira à l'avenir de base à l'endoctrinement politique. Il serait peut-être bon que cette lecture, ainsi que celle du Précis, devienne également obligatoire pour les hommes d'État et " les hommes politiques occidentaux. (Traduit de l'anglais) LEOPOLD LABEDZ. ,
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