384 donné aux premières une réponse dès 1939, et que les patronages hétéroclites et illustres du soi-disant Front national ne pouvaient tromper personne, ni ceux qui accordaient le patronage, ni les autres. Quand L. Blum admet parfois la réalité de l'obsession, de la psychose communiste chez les socialistes, c'est en déclarant que le Parti tend à s'en libérer (9-10 juin 1946). Ici, L. Blum reste comme enfermé en luimême, ne voulant rien apprendre et disposé à tout oublier. Que dire, puisqu'on ne peut tout citer, des éditoriaux et des discours touchant l'Union soviétique ? - Le pacte Hitler-Staline ? L'indignation i11spira aux socialistes, jusqu'à la défaite, des actes que, pour son compte, L. Blum ... regrette aujourd'hui (10 juillet 1945). - En juin 1941, Hitler attaquait Staline ? Conclusion : « L'héroïsme de l'Armée rouge et du peuple soviétique s'imposait à l'admiration de tous les Français dignes de ce nom » (sic, 10 juillet 1945). - La dissolution du Komintern ? « Je croyais et je crois encore que la décision de Staline était sincère et la dissolution réelle (11 juillet 1945). Et, plus marqué encore : « ••• en supprimant le Komintern, Staline était parfaitement sincère, et la dissolution de la Troisième Internationale est chose réelle» (18 juillet 1945). - Staline ? « Je conviens, sans nulle difficulté, que la politique de l'État soviétique est conduite par un homme extraordinaire. Quand nos camarades communistes, avant la guerre, parlaient couramment du " génial Staline ", je me souviens que j'étais porté à sourire et je confesse aujourd'hui que j'avais tort. Staline est un homme de génie. L'œuvre qu'il a accomplie depuis vingt ans pour fonder son pouvoir, pour organiser, défendre et faire triompher son pays, implique des dons aussi exceptionnels que ceux qui ont placé un Richelieu, un Cromwell, un Cavour au premier plan de !'Histoire. 11 est génial par ses dimensions, par sa puissance intérieure d' efficacité comme par la profondeur patiente de ses desseins » (21 juillet 1945). Et voici ce qui suit ce texte auquel on a déjà peine à croire : «Par exemple, un de ses objectifs évidents est d'établir sur la frontière occidentale de la Russie un " glacis " d'États feudataires ou tout au moins soumis à l'influence soviétique. On peut juger que dans cet établissement Staline manie avec quelque rudesse le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes... Mais on n'a pas le droit d'oublier que Staline ne fait que suivre, en le renversant au profit de la Russie, l'exemple donné par les auteurs du traité de Versailles ». C'est le génocide de Staline qui est ainsi absous d'avance. · Et les éditoriaux relatifs aux conférences internationales de l'époque, où Molotov, le Molotov instrument stalinien du p~rtage de la Pologne, Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT. SOCIAL est invoqué avec insistance comme l'homme capable de se déterminer par lui-même, d'être sensible aux bonnes raisons, comme susceptible d'infléchir les décisions de son seigneur et maître ? Enfin, toujours dans l'ordre de la politique extérieure, L. Blum condamne Franco, demande une action commune des grandes démocraties vis-à-vis du dictateur espagnol, préconise la rupture des relatjons diplomatiques et .,économiques avec l'Espagne (19 décembre 1945). Huit mois plus tard, il estime que « le régime franquiste est incompatible avec l'ordre international de liberté, d'égalité et de paix que les Nations unies ont pour devoir de fonder au lendemain de leur victoire », il presse l'organisation internationale de provoquer le départ de Franco (20 août et 26 octobre 1946). Mais le même L. Blum trouve naturel que Staline, principal auteur du pacte soviéto-nazi qui a déchaîné la guerre, Staline, dictateur s'il en fut, coupable de génocide autant qu'Hitler, maître absolu de la Russie soviétique, « une des deux plus grandes puissances du monde (...) recherchée, redoutée, adulée» (28 août 1945), prononce son veto aux Nations unies, tranche sur la démocratie, la morale internationale, la liberté, l'égalité et la • paix ... Ces quelques citations, qui n'épuisent pas le sujet, se passent de commentaires. Il n'était cependant pas indispensable d'attendre la « déstalinisation » ni le XXe congrès du P.C. de l'URSS pour savoir à quoi s'en tenir. Le discours aussi fameux que secret de Khrouchtchev ne laisse pas subsister un mot des apologies de Staline, parmi lesquelles celle de L. Blum n'est pas la moins consternante. Mais les erreurs du leader socialiste permettent de mieux comprendre l'erreur capitale de F. D. Roosevelt, capitale parce qu'elle a failli coûter la liberté au monde civilisé, ainsi que les erreurs prolongées des Occidentaux au cours de la« guerre froide» inaugurée par Staline et continuée par ses successeurs. MAURICE PAZ. Gaspillage de main-d'œuvre La Compétition économiqueentre l'URSS et les USA (en russe). Moscou 1959, Gosplanizdat, 242 pp. CETTE CRITIQUE SOVIÉTIQUE des (( vues d'économistes bourgeois américains » ( sous-titre du livre) est l'œuvre collective de vingtdeux collaborateurs de l'Institut des recherches scientifico-économiques du Gosplan de l'URSS. Voici les noms de ces hommes de science parmi lesquels se trouvent quatre femmes : A. Alexeiev, dirigeant de l'équipe; A. Antchichkill.e, L .. ~errl., M. Barab~oy, O. Bogo~oloy, B. Brag111nski,la. Ioffe, T. Koval, D. Konakov,
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