Le Contrat Social - anno III - n. 4 - luglio 1959

CORRBSPONDANCB malgré le nombre limité des prolétaires industtiels, un des moyens les plus efficaces - en même temps que négligé par la plupart des sinologues - de déterminer les caractéristiques sociales du pouvoir établi. D'un autre côté, parmi les obstacles rencontrés par ce dernier, la ·résistance ouvrière occupe incontestablement une place de choix. L'étude de la réglementation du salariat peut faciliter à certains égards la compréhension des problèmes ouvriers en Russie soviétique et dans son glacis européen, étant donné qu'en Chine des mesures appliquées tacitement ailleurs sont parfois rendues publiques. Lorsque, dans la dernière partie du ·-livre, Gluckstein aborde la question des relations entre la Chine et l'URSS, et leurs perspectives d'avenir, ses thèses deviennent évidemment discutables. Encore faut-il reconnaître que, contrairement à la majorité des auteurs, il tient à étayer ses hypothèses d'un examen attentif des données vérifiables. PAUL BARTON. - Correspondance Le péril jaune A PROPOS du compte rendu de l'ouvrage de M. Sauvy : De Malthus à Mao Tsé-toung, par Yves Lévy (Contrat social de mars 1959), nous avons reçu la lettre suivante : Clamart, 2 juillet 1959 J'ai lu avec étonnement le petit compte rendu signé Y. L. et consacré à l'avant-dernier livre de M. Sauvy, car tant d'agressivité aurait mérité d'être appuyée d' arguments nombreux et précis. Or les reproches adressés à Sauvy sont à la fois très graves et fort peu explicités. Je relèverai seulement les points suivants: 1. Le sujet choisi est-il arbitraire t Dans ce cas il est interdit d'aborder un problème sous un angle «mondial», qu'il s'agisse des naissances, des matières premières, ou des échanges commerciaux. Or par leur ampleur et la multiplicité de leurs incidences, les phénomènes démographiques méritent d'être appréhendés d'un point de vue synthétique, comme on pourrait le faire du progrès technique, ou de tout autre phénomène socio-économique. 2. Pourquoi se contenter de traiter· de « contestables » les généralités sur la démographie contenues dans le livre, sans donner d'exemples r J. Il est un peu étonnant de voir qualifier la démographie de « science de la nature », alors qu'elle paraît plut~t mériter le qualificatif de « science humaine». Et si M. Lévy estime qu'il n'y a de science que de la nature, qu'il justifie donc son point de vue, qui n'est rien moins qu'évident. 4. Livre politique, écrit M. Lévy. Au service de quelles tlùses1 D'apris le compte rendu, M. Sauvy serait: a) nataliste : dans ce cas il faut nous démontrer ce qu'il v a de • politique • dans le fait de dé/endre des vues nataBiblioteca Gino Bianco 25S listes, et en quoi une telle position est antiscientifique dans le cas français; b) préoccupé par la natalité chinoise : avouons qu'il n'est pas le seul. Il partage ce souci avec un journaliste bien connu, R. Guillain, à qui je ne pense pas que vous reprochiez de Jaire de la propagande. Or c'est sur ce terme péroratif que conclut M. Lévy. Propagande en faveur de quels intérêts peu avouables r Le lecteur du Contrat social l'ignore ... Ne voyez pas dans ces quelques remarques une volonté d'hostilité envers votre publication. Mais une telle légèreté dans le dénigrement me paraît de nature à nuire au standing intellectuel du Contrat social. Bernard Cazes. Réponse d'Yves Lévy : Je répondrai à mon critique point par point. 1. Je n'ai pas reproché à M. Sauvy de faire la synthèse d'un sujet sous l'angle mondial, mais d'avoir tiré des conclusions - où plutôt suggéré des conclusions - à partir de données isolées et choisies un peu au hasard, ce qui n'est pas de bonne méthode, ou selon ses préjugés, ce qui est pis. Je cite deux phrases : « Notre étude vise surtout les pays déjà assez fortement peuplés », et : « Une certaine attention doit aussi être portée aux populations évoluées», - qui mettent en évidence le caractère superficiel et arbitraire de l'analyse. Or, si elle ne se fonde sur une analyse approfondie, il n'est point de synthèse qui vaille. 2. Mon critique me fait un reproche injustifié. Après avoir énoncé que M. Sauvy avance des généralités contestables, je précise ce. grief, puis commence une phrase par les mots « Par exemple ». Ces mots signifient qu'un exemple va suivre. Ils sont destinés à introduire un exemple. Et ils l'introduisent en effet. Cet exemple - qui porte sur un point essentiel - demeure à vrai dire isolé. Mais il ne s'agit que d'un article, et il faut se limiter. Ajoutons-en un autre (un seul, car il faut encore se limiter). M. Sauvy écrit (p. 201)·=-«-C'est dans les classes riches, noblesse et bourgeoisie, qu'est né le désir de limiter le nombre des enfants» (C'est lui qui souligne). Il avait déjà parlé de cela dans sa Théorie générale de la population, t. II, pp. 121-122, en se référant à Ariès - qui situe la naissance de ce désir au commencement du xixe siècle - pour la situer au milieu du XVIIIe siècle, et l'expliquer par un libertinage qui ne pourrait être invoqué de la même façon s'agissant de la bourgeoisie du siècle suivant. Quoi qu'il en soit, il y a là, pour nos démographes, une manière de dogme, qu'à bon droit on peut dire contestable. D'abord parce que les précisions qu'ils donnent sont discordantes, et leurs explications contradictoires. Ensuite parce que des observateurs étrangers notent - à tort ou à raison - un phénomène inverse. Par exemple, Luigi Dal Pane, dans un ouvrage dont le compte rendu précède précisément celui qui est en cause, dit expressément : « La faiblesse de la reproduction dan$ les classes pauvres fut signalée par les contemporains, qui lui assignèrent pour cause la misère » (p. 18, note 23). Et il revient longuement, pp. 185-187, sur le faible pouvoir reproducteur des classes pauvres dans l'Italie du XVIII siècle. 3. Ce n'est pas moi qui parle de la n1tu.re, c'est M. Sauvy. Et c'est précisément cc que je lui reproche dans l'exemple que je cite. J'ajoute : • Il s rait long de développer ce point. » Cela ne signifie pas que je ne le développerai jamais. Donnons cependant d s à présent le cadre du raisonnement • •

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