Le Contrat Social - anno III - n. 4 - luglio 1959

254 Personne ne sera dupe de voir cette chose inqualifiable paraître sous une autre firme que celle des éditions du « parti des fusilleurs». On connaît les méthodes variées des zélateurs du totalitarisme et leur art de présenter sous d'innocentes étiquettes la plus avariée des marchandises. BRANKO LAZITCH. L'Octobre hongrois MIKLOS MoLNAR ET LASZLO NAGY: Imre Nagy, réfarmateur ou révolutionnaire ? Publications de l'Institut universitaire de Hautes Études internationales. Genève, Librairie E. Droz; Paris, Libraire Minard; 1959, 260 pp. · , L'Institut des Hautes Etudes internationales de Genève est, à notre connaissance, le premier établissement universitaire d'Europe occidentale à avoir eu l'idée et le courage d'aborder objectivement la Révolution hongroise de 1956. Certes une telle entreprise n'est guère facilitée au départ : il s'agit en effet d'écrire sur l'événement sans avoir le moindre accès aux archives des pays communistes. De plus, les deux auteurs ne durent traiter le sujet ni en Hongrois, ni en adversaires du régime instauré par Staline, mais en hommes de science, c'est-à-dire en s'efforçant d'y voir clair et de dire la vérité, tâche dont ils ont su s'acquitter. · Leur livre, fort bien documenté, ne présente aucune révélation sensationnelle, mais prouve que tout n'avait pas été dit sur Imre Nagy jusqu'à ce jour (le thème n'est d'ailleurs pas épuisé, mê1ne après ce livre). Les 60 premières pages, consacrées à Nagy avant sa nomination en 1953 à la présidence du gouvernement, évoquent la période très peu connue de sa vie militante. Déjà âgé de 57 ans, il a en 1953 derrière lui non seulement son action politique, à vrai dire d'un apparatchik de seconde catégorie, mais aussi celle d'un publiciste communiste!, également pas très brillante : « En effet, sur les quelque deux mille pages qu'il a écrites, mille huit cents sont du style '' pompier '' et conformiste, broderies sur les trames marxistes-léninistes-stalinistes » (p. 52). Politiquement, il se caractérise par la prudence de ses positions, même dans l'opposition : « Il s'est toujours efforcé de demeurer à l'intérieur du système socialiste, alors que d'autres communistes, écrivains pour la plupart, avaient consciemment traversé le sacro-saint Rubicon du léninisme que Nagy n'avait jamais voulu franchir intentionnellement » (p. 53). Pendant l'été de 1956, après la nomination de Gero à la place de Rakosi, celui-ci limogé par décision du Politburo soviétique, Nagy invité au siège du Comité central discute, quoique méfiant, avec les brutes staliniennes et, à la sortie, rayonnant Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL et détendu, il lance à ses amis stupéfaits : « Avec ces gens, on peut vraiment discuter » (p. I 56). Le fatidique 23 octobre 1956, Nagy se rendit à l'invitation de Geza Losonczy : « En arrivant chez Losonczy, il n'y trouva que des amis intimes, tous membres du parti communiste, plus ou moins récemment réhabilités et réintégrés. Selon le· témoignage des participants à cette ré11nion importante, Nagy (:..) surtout et avant tout s'opposa aux manifestations projetées pour l'aprèsmidi. Quant aux combinaisons relatives à sa propre personnalité, il se déclara prêt à assumer les responsabilités gouvernementales au cas où le Co1nité central du parti le lui demanderait ... » (p. 178). Mais souvent une révolution confie des tâches capitales à des hommes qui n'y songeaient même pas quelques instants auparavant. Tel fut le cas d'Imre Nagy dès le soir du 23 octobre. Le reste, jusqu'à l'aube du 4 novembre, est suffisamment connu, mais les auteurs ont su éviter de faire double emploi avec d'autres ouvrages consacrés ' , , . a ces evenements tragiques. B. L. Communisme chinois Y GAEL GLUCKSTEIN : Mao's China. Economie and Political Survey. Londres 1957, George Allen and Unwin, 438 pp. L'auteur n'est pas un inconnu pour le public de langue française ; son ouvrage consacré aux « démocraties populaires » a été traduit *. La présente étude se recommande par les mêmes qualités : subtilité dans l'analyse des réalités ·sociales, importance des conclusions théoriques tirées des faits observés, combinaison heureuse de la méthode historique avec la méthode comparative. Gluckstein est un des rares connaisseurs de la Chine qui ait étudié à fond le système soviétique eî les pays satellites, ce qui lui permet · de mieux apercevoir les problèmes spécifiques du communisme chinois. On retiendra par exemple sa· démo~stration du caractère hallucinant de la réforme agraire : appliquant à une population faiblement différenciée en classes sociales le schéma fondé sur la distinction entre gros propriétaires terriens, paysans riches, aisés, pauvres et ouvriers agricoles, le régime en vint à ranger différents membres d'une même famille dans les deux catégories extrêmes, celui-ci étant réputé gros propriétaire, celui-là prolétaire. Autre mérite de Gluckstein, l'attention qu'il porte au sort de la classe ouvrière. C'est là, •. Les .Satellites européens de Staline, Paris r953, Lei; Iles d'Or. . . . . .... I

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