Le Contrat Social - anno III - n. 4 - luglio 1959

QUELQUES LIVRES de l'Internationale communiste, en 1920. Selon lui, «même les paysans qui1 se trouvent en état de dépendance semi-féodale peuvent fort bien assimiler l'idée de l'organisation soviétique et la traduire dans les faits. L'idée de l'organisation soviétique est simple et peut être appliquée aussi bien aux conditionsdu prolétariat qu'à celles du paysannat féodal et semi-/éodal. Il serait donc erroné de penser que le stade du développement capitaliste soit indispensable aux peuples arriérés. Ceux-ci peuvent, avec l'aide du prolétariat des pays avancés, adopter l'organisation soviétique, puis, à partir d'un certain degré de développement, passer au communisme en sautant le stade capitaliste» (Cf. Œuvres, en russe, 4° édit., t. 31, pp. 218-219). Le principal collaborateur du recueil, l'académicien Ostrovitianov, écrit : La loi de l'irrégularité dans le développement économique et politique des pays capitalistes à l'époque de l'impérialisme, loi découverte par Lénine, a une immense împortance pour démontrer la nécessité objective de la révolution socialiste. A partir de cette loi, Lénine a révélé, ce qui est capital au point de vue scientifique, la possibilité de la victoire de la révolution socialiste tout d'abord dans un petit nombre de pays, et même dans un seul. Pour découvrir l'« irrégularité» des différents pays, plus ou moins riches en ressources naturelles, qui se sont développés et continuent de se développer _dans des conditions climatiques, géographiques et historiques diverses, point n'est besoin d'une grande tension d'esprit. Interprétée par les idéologues soviétiques, cette «loi » mène à une conclusion paradoxale : il se trouve que les premiers à devoir accéder au socialisme ne sont pas les pays avancés, hautement développés, mais au contraire les populations les plus arriérées, les nomades eux-mêmes. Pour l'académicien Ostrovitianov, une «loi» est une loi. L'un des chapitres les plus intéressants, dû à deux collaborateurs scientifiques du Gosplan, est intitulé : « Le principal objectif économique de l'URSS ». Les auteurs y reconnaissent, ce qui doit leur coûter, que tout en occupant « la deuxième place dans le monde » pour la masse de sa production, l'URSS était, en 1956, notablement en retard, pour la production des principaux produits industriels par tête d'habitant, sur les pays capitalistes d'Europe, l'Angleterr~, la ~rance et l'Allemagne, pour n'en citer que trots. La comparaison avec les États-Unis d'Amérique est encore plus humiliante : r,our les produits agricoles par tête d'habitant, 1URSS accuse un retard de 2,1 fois; pour les articles de l'industrie légère, ce retardest de 3,5 fois et se chiffrepar Biblioteca Gino Bianco 251 2,3 pour la production de l'industrie lourde. L'URSS, chef de file du système socialiste mondial, ne peut s'accommoder de réalités qui contredisent l'affirmation selon laquelle le système économique soviétique serait supérieur à celui des pays capitalistes. Elle se fixe pour objectif principal de rattraper le plus vite possible et dans tous les domaines les États-Unis, le plus puissant des pays capitalistes. C'est ce que rappellent les auteurs du recueil : Même si dans les vingt années à venir l'accroissement annuel moyen de la production industrielle des ÉtatsUnis demeure égal à celui des années de paix de la période 1930-1955 (2,8 %), dans quinze ans le volume global n'augn1entera que de 1,5 fois, soit moins de 75 % en vingt ans. Cela. signifie que, grâce à son rythme rapide de développement, « l'URSS a la possibilité de rattraper et de dépasser les États-Unis en quinze ou vingt ans quant au niveau absolu de la production industrielle. Pour cela l'URSS doit surpasser du quart les normes de la production américaine par tête d'habitant (compte tenu de l'accroissement inégal de la population dans les · deux pays), ce qui prendra quelques années supplémentaires ». Les auteurs du recueil, celui-ci mis sous presse en octobre 1958, ont dû reconnaître que leur calcul ne valait rien : en effet, les autorités supérieures décidèrent de réduire le délai nécessaire à la victoire sur l'Amérique. Khrouchtchev déclarait à ce sujet en novembre 19 58 devant le plénum du Comité central : En 1965, l'Union soviétique l'emportera en volume absolu sur les États-Unis pour un certain nombre de produits industriels de base, tout en approchant pour les autres le niveau américain. Nos produits agricoles de base par tête d'habitant dépasseront alors dans l'ensemble le niveau américain. De la supériorité de l'URSS en matière de rythme de croissance on peut déduire que le niveau américain de production par tête d'habitant sera rattrapé environ· cinq ans après 1965. L'Union soviétique occupera ainsi la première place dans le monde, tant pour le volume absolu de production que pour la production par tête d'habitant. Ce sera la victoire du socialisme dans sa compétition avec le capitalisme. Cela contribuera en outre a renforcer la puissance du système socialiste mondial. En 1965, les pays du socialisme usineront plus de la moitié de la production industrielle du monde entier. Comme les pays sous-développés, et beaucoup d'autres avec eux, augmenteront également leur production, la part des « grandes puissances impérialistes » dans la production mondiale doit devenir négligeable, voire insignifiante. Les hommes politiques du Kremlin sont convaincus que le développement de l'économie mondiale m~ne. à ce résultat. On n'en discutera pas ici : qw vivra, verra. N. V ALBNTINOV• •

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