QUELQUES LIVRES ainsi que le « système » recouvre 26 % des terres émergéès et qu'en 1956 il groupait sous sa bannière 952 millions d'âmes, soit 35 % de la population de la planète. Le calcul de cette population « socialisée ?> éveille une certaine curiosité. Les chiffres utilisés ont été en effet produits dans L'Économi.enationale de l'URSS, annuaire statistique publié à Moscou en 1956. 11 en ressort que la Chine (si l'on fait abstraction des II, 7 millions de ressortissants établis à l'étranger), avec 590,2 millions d'habitants, les trois autres « démocraties populaires » asiatiques avec 24,2 millions, l'URSS et ses 200,2 millions et les sept satellites d'Europe orientale ·avec 94,7 millions font un total de 909,3 millions et non pas de 952. Quels sont donc les autres pays comptant une population · de 43 millions d'âmes rattachés au « système socialiste mondial » ? La Yougoslavie de ·Tito, dont le révisionnisme est fustigé dans presque tous les articles, n'entre pas dans le «système». Même en y incluant les 17,7 millions de Yougoslaves, on obtiendrait un reste mystérieux de 25,3 millions, population d'un pays non localisé. N'allons cependant pas croire que les auteurs aient fait là une simple erreur d'arithmétique : le chiffre de 952 millions figure en effet dans les autres publications soviétiques, telle la revue Économi.emondiale et Relations internationales. Un second groupe est constitué sur la carte stratégique par les pays qui ont « rejeté le colonialisme et sont entrés dans la voie d'un développement indépendant ». Leur population est estimée à 658 millions d'individus. On y trouve, entre autres, l'Inde, l'Indonésie, la Birmanie et la République arabe unie de Nasser. Or ces pays totalisent 494 millions d'habitants. Restent 164 millions qui « entrent dans la voie du· développement indépendant ». A quels pays appartiennent-ils ? Là encore notre curiosité demeure insatisfaite. Le troisième groupe, qui constitue la triste catégorie des pays « coloniaux et dépendants », compte 160 millions d'âmes. Il serait intéressant de savoir quels peuples et quels pays continuent, aux yeux de l'URSS, de gémir sous le joug des « colonialistes » ; malheureusement, aucune indication n'est donnée à ce sujet .. Les « grandes puissances impérialistes » forment le quatrième groupe. On y trouve « les pires ennemis des masses populaires, les exploiteurs de centaines de millions d'hommes, qui empoisonnent l'atmosphère de la planète, préparent la guerre contre le système socialiste mondial assoiffé de paix, menacent l'humanité des flammes d'un nouveau conflit 11niversel ». Ces puissances sataniques rangent sous l'étendard de l'impérialisme 454 millions d'individus, soit deux fois moinsque les territoiressoumisau systèmesocialiste mondial. iblioteca Gino Bianco 249 L'un des auteurs cite avec satisfaction le mot de Khrouchtchev selon lequel ce ne sont plus les pays capitalistes qui encerclent ceux du socialisme, mais bien le contraire. Un autre facteur intervient: l'édifice de l'impérialisme est des plus fragiles, ses fondations étant sapées par les agents soviétiques que constituent les partis communistes, lesquels représentent une force importante par exemple en France et en Italie. Qui donc les auteurs font-ils entrer dans le groupe des pays impérialistes menacés de débâcle ? Viennent en premier, certes, les États-Unis et leurs 167 millions de ressortissants, puis l'Angleterre (50 millions), la France (43) et l'Allemagne (53). En mettant le Japon (89 millions) au rang des impérialistes, on obtient le total de 402 millions d'hommes. Quelle « grande puissance impérialiste» représente le reste de 52 millions ? Il faut avouer notre impuissanc_e à le deviner. Enfin un dernier groupe de pays « divers » est compté pour 499 millions d'individus. On y voit côtoyer pêle-mêle la Suisse et la Norvège, le Canada et l'Australie, l'Italie et la Grèce, le Mexique et Israël, « etc., etc. ». Le peu d'attention et même l'attitude méprisante des auteurs à l'égard de ces pays s'explique par le fait que les stratèges du Kremlin ne voient que deux véritables forces dans l'arène : le système socialiste mondial et d'autre part les grandes puissances impérialistes. Le menu fretin intermédiaire n'a pas grande importance à leurs yeux. Ils portent leur attention principale sur les deuxième et troisième groupes, les pays « coloniaux » et ceux qui, débarrassés du colonialisme, ont emprunté la voie d'un développement indépendant, quoique encore indéterminé. 818 millions d'êtres vivent dans ces pays sous-développés, selon la terminologie admise aujourd'hui : le sort du monde dépend dans une large mesure de la direction qu'ils prendront, du camp auquel ils se joindront. « C'est dans les pays sous-développés, a déclaré récemment M. Spaak, que va se livrer le combat décisif entre l'Occident et l'URSS. » * 'f 'f Un point de vue presque analogue est partagé par Khrouchtchev et ses compagnons, qui ne doutent pas que le combat se termine par la victoire du « système socialiste». « Tous les peup]es choisiront la voie tracée par le marxismeléninisme, » répète inlassablement Khrouchtchev. Les arguments pour la victoire du système socialiste sont très simples. Chacun reconnaît que la nécessité la f lus urgente pour les pays sous-développés est 1 élévation rapide du niveau très bas de leur économie. Les auteurs du recueil, faisant écho à tous les Khrouchtchev et autres Mikoian, affirment que le système capitaliste est incapable de fournir aux pays arriérés une solution à ce problème vital, ou de leur offrir « aucune perspective •
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