·/ .QUELQUES LIVRES Géopoli~ique et propagande Le Système socialistemondial. Recueil d'articles par des économistes de démocraties populaires et des membres de l'Institut d'économique de l'Académie des sciences de l'URSS. Moscou 1958, 559 pp. (russe). CE RECUEIL, comme nous l'appellerons . en abrégé, réunit des articles dus à six auteurs soviétiques et à onze économistes universitaires de , ' . , . pays annexes au systeme sov1et1que. Deux des Soviétiques sont assez connus : K. Ostrovitianov et Gatovski. Le premier, directeur de l'Institut d'économique de l'Académie des sciences, est réputé pour son ·adresse à accommoder la doctrine économique marxiste aux vues changeantes des dirigeants: en 1953 en particulier, au nom de plusieurs centaines d'économistes soviétiques, il qualifia d'« œuvre géniale» et d'«inestimable contribution à la science » la plate brochure de Staline intitulée Les Problèmeséconomiques du socialismeen URSS. Quant à Gatovski, docteur ès sciences économiques, il eut un gros ennui du vivant du dictateur : avec d'autres, il fut chassé du comité de rédaction de la revue Bolchévik (rebaptisé~ depuis Communiste) pour avoir fait l'éloge de L'Ecqnomiedeguerre, de Voznessenski, président du Gosplan·. Cet ouvrage, doté tout d'abord d'un prix Staline de 250.000 roubles, puis reconnu mauvais et nuisible par son auteur, fut peut-être une des causes de la « liquidation » du malheureux Voznessenski. Cependant, après la mort du tyran, l'autorité de Gatovski connut un regain sensible et l'on trouve à l'heure actuelle dans ses articles nombre de thèses qui réfutent le «génial Staline ». En compagnie d'Ostrovitianov, Gatovski prit une part prépondérante à la composition du Manuel d'économiepolitique publié en 1954 par l'Institut d'économique. Tous deux ont sans conteste le don d'organiser un travail d'équipe, tout en exécutant scrupuleusement les consignes des maîtres du Kremlin. Cette qualité se manlfeste dans le recueil qui nous occupe. Tous les auteurs étrangers, que cc soit Keigl, de l'Académie des sciences de Tchécoslovaquie, Biblioteca Gino Bianco ou J agvoral, docteur ès sciences économiques de la République de Mongolie, suivent fidèlement la voie tracée par l'Institut d'économique de l'URSS. L'article de G. Kolmeï, de l'Institut d'économique de l'Allemagne orientale, semble ,, le seul à s'écarter légèrement de cette homogénéité : rappelant les travaux antérieurs d'économistes allemands, il fait une comparaison assez objective du niveau industriel des deux Allemagnes. Mais, et cela est caractéristique, tout en indiquant à différentes reprises que le pays est « scindé en deux États » et que la « politique de scission menée par les impérialistes » a fait naître de « graves disproportions de structure » dans la République satellite allemande, il n'exprime pas le désir de voir la réunification de l'Allemagne mettre fin à ce déséquilibre. S'il en fait mention, ce n'est qu'en passant, car il est bien évident que ni lui ni les responsables du recueil ne s'intéressent .à la réunification, envisageant toute l'économie de l'Allemagne « démocratique » comme orientée vers l'Est. · Le recueil n'offrant absolument rien qui ne soit déjà révélé par la presse soviétique, il est · préférable de noter l'impression qui se dégage de l'ensemble plutôt que d'entrer dans le détail des divers articles. Le but de pareil travail collectif saute aux yeux : fournir des données chiffrées qui esquissent la politique mondiale de l'URSS, tout en montrant que la victoire finale du communisme est inéluctable. Une table de chiffres, à la p. 85, sorte de carte politico-stratégique à l'usage de la « direction collective », divise la population du globe en cinq groupes distincts. En premier lieu, on y remarque une constellation de pays ayant l'URSS pour soleil. En Asie, le soleil soviétique éclaire la « gran'de » République chinoise (ainsi nommée avec déférence), la Corée du Nord, la République de Mongolie et le Nord-Vietnam; en Europe, figurent les sept satellites qui gravitent autour de l'URSS depuis 1945. Cette constellation porte le nom de systèmesocialistemondial, ce qui dispense de vérifier la mesure dans laquelle l'étiquette correspond à la marchandise vantée. On apprend
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