242 ·sable en Biélorussie, souffre du manque de machines, en particulier de machines à effriter mécaniquement le calcaire. En 1958, on n'a réussi à chauler que 125.000 hectares sur les 2,5 ou 3 millions d'hectares qui avaient besoin de ce traitement 44 • · La réparation du matériel technique agricole est très mal assurée : « 105 sovkhozes de la. région de Koustanaï ne possèdent pas d'atelier de réparations. Le matériel doit être remis en état à ciel ouvert, dans des conditions très difficiles 45 • » On pourrait multiplier à satiété les citations de doléances de ce genre ; elles prouvent que le niveau de mécanisation de l'agriculture soviétique est loin de répondre aux exigences du plan septennal. . En outre, les difficultés de transport sont aussi très nombreuses, surtout dans les sovkhozes de • terres vierges : Dans l'Altaï, le volume des transports est très grand. Lors de la récolte on doit transporter 13 ou 14 millions de torines en deux mois ou deux mois et demi. Pour cela, le gouvernement nous envoie tous les ans de 12 à I 5 .ooo camions automobiles en provenance des régions les plus diverses. Nous estimons qu'il faut à l'avenir renoncer au transfert de ces camions sur des distances aussi considérables. Ils encombrent inutilement les voies ferrées. Ces camions nous parviennent pour la plupart dans un état tout à fait impropre à l'effort intense qu'ils doivent fournir pendant la rentrée de la récolte. De plus, ils sont distraits d'un travail, lui aussi important, dans les usines de Moscou, de l'Oural et d'autres centres industriels. Nous proposons de remplacer ces camions par un grand nombre de remorques qui formeront des trains routiers attelés à nos propres camions et à nos tracteurs à roues 48 • Seul un optimiste impénitent pouvait attendre de bons résultats de ce transfert de camions. En effet, n'importe quel directeur d'usine de Moscou ou d'ailleurs· choisissait à coup sûr les pires « rossignols ,> de son parc automobile pour les envoyer dans l' Altaï. Les discours au Plénum de décembre 1958 nous apprennent encore beaucoup de choses sur les difficultés diverses de l'agriculture et de l'élevage soviétique, en ce qui concerne les engrais, les fourrages, la conservation et le transport de différents produits. Leur exposé dépasse le cadre de cet article, mais, à titre d'exemple, on peut citer le sort d'une partie du blé récolté sur les terres vierges en 1958 : Le Comité central du Komsomol et le journal Komsomolskaia Pravda reçoivent ces jours derniers des informations sur l'incurie constatée dans la conservation du blé collecté sur les terres vierges. Le directeur 44. C.r. stén., pp. 165-166. 45. Ibid., p. 327. 46. Ibid., p. 320. Biblioteca Gino Bianco L'BXPÉRIBNCB COMMUNISTB du poste de réception du blé d'Ouralsk, le secrétaire du bureàu du Parti et un groupe d'ouvriers nous signalent, par télégramme reçu il y a deux jours (16 décembre), que 25.000 tonnes de blé. -se trouvent à ciel ouvert dans ce poste, qui ne peut les expédier. Au lieu des 5.100 wagons prévus, les chemins de fer n'en ont fourni en cinq mois que 2.350. Des informations similaires parviennent des régions de Koktchetav, Karaganda et autres 47 • Le blé, qui ·avait subi pendant ·cinq mois à ciel ouvert toutes les intempéries de l'automne, n'était plus bon, probablement, qu'à faire de l'engrais organique, cher à Lyssenko. Néanmoins, il figure certainement dans les chiffres de la récolte annoncés par Khrouchtchev. * . Jf Jf TOUTES ces difficultés rendent très problématique la réussite du plan septennal, dont les « chiffres de contrôle» vont probablement être reportés encore une fois à une• date ultérieure. Mais la difficulté majeure, le manque de bras, dépasse certainement le cadre économique. Elle paraît être à la base de toute la doctrine de la « coexistence pacifique » de Khrouchtchev, qui insiste tellement pour la ré11nion d'une « conférence au sommet ». Malgré toutes ses rodomontades coutumières destinées à impressionner et à énerver l'Occident (ou bien grâce à elles), Khrouchtchev compte peut-être tout simplement sur cette conférence pour obtenir des apaisements suffisants; moyennant quelques concessions spectaculaires (par exemple l'évacuation des pays satellites, plus utile pour lui que profitable pour l'Occident). Il pourrait ainsi démobiliser encore plusieurs centaines de milliers d'hommes ou accorder des sursis d'appel à des contingents assez nombreux pour combler quelque peu les vides dans les rangs de ceux qui sont chargés de réaliser le plan de 1959-65. L'essentiel pour l'URSS est de franchir coûte ·que coûte la mauvaise passe de 1957-64. Elle peut espérer ensuite, avec une population plus florissante, atteindre à une puissance bien plus réelle que celle d'aujourd'hui. E. DELIMARS. • , 47. C.r. stén., p. 329.
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