238 L'avortement ne pouvait être désormais pratiqué qu'en clinique ou dans une maternité. L'avortement clandestin entraînait pour la femme la « réprobation publique » et lune amende maximale de · 300 roubles en cas de récidive. Mais les causes sociales de!l'avortement n'ont pas été éliminées, en dépit de toutes les mesures prises pour la protection de la mère et de l'enfant, notamment l' oukaze du 8 juillet 1944 du Soviet suprême : ce texte a trait à l'augmentation de l'aide de l'État aux femmes enceintes, aux mères de familles nombreuses et aux mères célibataires, l'institution du titre honorifique ·de « Mère- .héroïne », la création de la décoration « gloire de la Mère» et de la « médaille de la Mère». Malgré cet effort, la prohibition de l'avortement s'est révélée être un remède pire que le mal. Pratiqués par des commères ignorantes, les avortements clandestins se multipliaient, tuant ou mutilant un grand nombre de femmes. Au lieu de contribuer à l'accroissement de la population et de la main-d' œuvre, cette prohibition le rendait encore plus problématique. De ce fait, l'avortement fut de nouveau rendu légal en novembre 1955 et le miiµstère de la Santé publique reconnut la nécessité de propager la connaissance des moyens anticonceptionnels. PLUSIEURSautres facteurs, quoique de moindre portée, tels que les internements dans les camps de « redressement par le travail » et les transferts massifs de population après la guerre (comme par exemple les Tatares de Crimée et les Tchétchènes-Ingouches du Caucase) ont contribué pour leur part à la baisse de la natalité. Ainsi, la population qui doit réaliser le plan septennal souffre de · plusieurs classes creuses. En admettant que le travail réel commence à l'âge de 18 ans, les périodes où ces classes entrent dans la production sont données par le tableau -suivant : Années de naissance 1916 à 1917 1918 à 1922 1931 à 1936 1939 à 1946 Entrée dans la production 1932 à 1935 . 1936 à 1940 1949 à 1954 1957 à 1964 De plus, les contingents qui ont commencé à travailler en· 1932-40 ont été particulièrement décimés par la famine de 1932-34 et_par 1~guerre de 1941-45. La période de reconstruction qui a suivi la guerre et celle qui va de 1949 à 1954 ont donc été le plus fortement affectées par le manque de main-d'œuvre nouvelle. Après l'amélioration fde 1955-56, une nouvelle période de contingents creux se dessine à partir dè 1957. Biblioteca Gino Bianco , L'EXPÉRIENCE· COMMUN! STE Mais, outre ce handicap qui pèse sur l'ensemble della population, les campagnes avaient souffert de l'exode vers la ville dû au développement intense de l'industrie : De 1926 à 1939, 18,5 millions de personnes ont passé de la campagne à la ville. De plus, les villages transformés en villes comptaient 5,8 millions de personnes. L'accroissement naturel de la population rurale s'est élevé pendant cette période à 18,2 millions; cependant, comme 5,8 millions de paysans sont devenus des cita- . dins dans les villages transformés en villes, la population rurale a diminué de 6,1 millions pendant cette période 18 • Le pourcentage de la population rurale dans la population globale ne fait que baisser 19 : Recensement du 17 décembre 1926 ........ . Recensement du 17 janvier 1939 .......... . I 940 ( évaluation) . . . ..................... . Avril 1956 (évaluation) .................. . 82,1 % 67,1 % 68,4 % 56,6 % Les sources officielles et les journaux soviétiques passent d'ordinaire sous silence ou travestissent toutes les données qui indiquent que la main-d'œuvre rurale n'est certainement pas adéquate aux objectifs ,que se proposent les plans quinquennaux ou septennaux 20 • Mais c'est en tenant compte de cette insuffisance que beaucoup de choses deviennent facilement explicables dans les mesures prises ou les projets établis par le Parti et le gouvernement. * '1- '1L'ÉTATLAMENTABLdEe l'agriculture et de l'élevage depuis la guerre et surtout en 1949-53, très amplement exposé au Plénum de décembre 1958 et attribué par Khrouchtchev et ses sous-ordres . à la mauvaise gestion de Malenkov et du groupe antiparti, correspond en réalité, au moins pour une grande part, au manque de main-d'œuvre fraîche des années 1949-54. Dès le Plénum de septembre 1953, c'est-à-dire dès l'affirmation de la prépondérance de Khrouchtchev dans la « direction collective », nombre de facilités nouvelles sont consenties aux travailleurs ruraux : diminution de leurs charges fiscales et augmentation de leur intéressement matériel, ceci afin de pallier l'exode vers la ville et d'améliorer les conditions de travail. Mais si ces mesures retiennent les kolkhoziens au village, .elles· ne 18. GES, 1re éd., vol. « URSS», col. 63. 19. GES, Annuaire 1957, p. 5. 20. Dabs le « Compte rendu sténographique » du Plénum de décembre 1958, dont les 540 pages sont bourrées de chiffres divers qui illustrent les échecs de l'agriculture en 1946-53 et ses brillants succès en 1954-58, on ne relève qu'un seul et unique aveu de Goriatchev, secrétaire du comité régional du f arti de la région de Ka.Hniot! : « Les kolkhozes de cette région comptaient 529.000 kolkhoziens ·valides avant la guerre. Ils n'en comptent plus à présent que 270.000 » (p. 170). 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