B. DBl.fMARS résolvent point le problème de la main-d' œuvre fraîche. On procède alors en 1955 au renvoi dans leurs foyers de 640.000 militaires. Une nouvelle libération de 1.200.000 hommes est prescrite en j11jn 1956 21 • Cette mesure, présentée par la propagande soviétique et prosoviétique comme une preuve du pacifisme et des bonnes intentions de Moscou, lui fut en réalité imposée par la menace d'une nouvelle vague de classes creuses à partir de 1957. Une très forte proportion de ces 1.840.000 hommes va à l'agriculture. De plus, le Parti et les Jeunesses communistes (Komsomol) délèguent une partie de leurs membres dans les kolkhozes et les sovkhozes. La réorganisation administrative permet au gouvernement de récupérer un certain nombre de fonctionnaires et de les affecter au travail rural. En outre, au sortir des écoles secondaires, la jeunesse va également en partie grossir les rangs des travailleurs agricoles. Notons enfin que la réorganisation de l'enseignement primaire et secondaire, sa «polytechnisation », selon la terminologie soviétique, prévoit une combinaison des études avec le travail de production. Voici ce que certains discours au Plénum de décembre 1958 nous apprennent sur la situation dans les kolkhozes avant le Plénum de septembre 1953 et sur l'effet des mesures prises depuis ce dernier: En Moldavie, le contingent des kolkhoziens aptes au travail et qui participent activement à la production a augmenté de 100.000 travailleurs au cours de ces cinq années (...) La suppression de vingt districts administratifs a permis d'affecter les meilleurs cadres à l'agriculture (...) Le nombre de spécialistes dans les kolkhozes a triplé en cinq ans : chacun des 752 kolkhozes dispose maintenant en moyenne de cinq spécialistes diplômés de l'enseignement supérieur ou secon- · daire22 • En Lettonie, l'accroissement de l'intéressement matériel a fait cesser l'exode des kolkhoziens valides, si fréquent auparavant. Il a permis aussi d'obtenir l'entrée de nouveaux membres dans les kolkhozes : au cours de ces trois dernières années, 44.000 personnes y ont adhéré, dont beaucoup venaient de la ville 23 • En Géorgie, nombre de kolkhozes se trouvaient avant 1953 au bord de la ruine. Les kolkhoziens les désertaient, préférant chercher ailleurs un gagne-pain. Sur 2.400 kolkhozes, 600 seulement accordaient à leurs membres plus de 5 roubles par troudodien. Beaucoup de kolkhozes ne donnaient qu'un rouble ; le quart des kolkhoziens ne recevaient rien des kolkhozes et les désertaient. Actuellement, la situation s'est nettement améliorée 2 4 • Dans la région de Smolensk, avant le Plénum de septembre (1953], l'agriculture était à l'abandon. Il est difficile d'imaginer à quel point la situation dans la campagne était mauvaise. Il existait des districts entiers 21. GBS, t. so, p. 241. 22. C. r. 1œn., pp. 126-127. 23. Ibid., p. 153. 24- Ibül., p.~- Biblioteca Gino Bianco 239 où dans les villages non seulement aucune maison nouvelle n'était construite, mais où même la toiture des vieilles maisons n'était plus renouvelée 26 • C'est strictement vrai, camarades. Presque dans chaque village on pouvait voir plusieurs maisons aux portes et fenêtres clouées. Dans des villages de vingt, trente, ou quarante maisons ne vivaient parfois que quelques rares kolkhoziens. En trois ans, les éléments d'élite avaient quitté notre région (...) En exécution des décisions du Plénum de septembre, le comité régional du Parti a affecté trois cents de ses meilleurs travailleurs aux tâches de direction dans les districts. Les comités du Parti des districts ont, à leur tour, affecté aux kolkhozes huit cent vingt-cinq de leurs travailleurs les plus expérimentés, surtout en qualité de présidents 26 • Au Kazakhstan, du fait de la densité insuffisante de la population et du volume brusquement accru de la production agricole, la république manque de bras en général et de cadres qualifiés en particulier. Pour la rentrée de la récolte de 1958, 277.000 ouvriers nous faisaient défaut, dont 220.000 dans les sovkhozes 27 • Des centaines de milliers de jeunes gens et de jeunes filles diplômés de l'enseignement secondaire vont entrer tous les ,ans dans la production kolkhozienne. Dès à présent, nous avons des exemples remarquables de la combinaison des études scolaires avec le travail aux champs. On peut citer en particulier comme modèle les brigades scolaires des territoires de Stavropol et de Krasnodar, des régions de Rostov, d Ri 28 e azan, etc. . Khrouchtchev avait certainement à l'esprit le district de la stanitsa Kanievskaïa, territoire de Krasnodar, où « les écoles apportent une aide inappréciable à l'élevage des canards. Les écoliers y ont élevé 183.000 canards en 1957 et 360.000 en 1958 » 29 • En 1954-57, près de 500.000 garçons et filles diplômés des écoles secondaires sont venus travailler dans les kolkhozes (...) Au cours des cinq dernières années, plus de 950.000 jeunes ont été envoyés dans les fermes d'élevage par le Komsomol et par les organisations de jeunesse. 1.300.000 jeunes travaillent actuellement ·dans l'élevage, soit trois fois plus qu'en 1953. Environ 40.000 fermes kolkhoziennes sont entièrement tenues par des jeunes 30 • Pour pallier quelque peu le manque de maind' œuvre agricole, on avait en 1954-58 très largement pratiqué la mobilisation temporaire des citadins pour la rentrée des récoltes. Khrouchtchev nous apprend que« plus de 3 millions d'étudiants, jeunes ouvriers et employés ont participé à la rentrée des récoltes des terres vierges au cours 25. Dans cette région les toits des maisons paysannes sont en chaume, qui doit, en principe, être renouvelé chaque automne. Pour un paysan russe, c'est la preuve d'une misùe extrême que de laisser pourrir le toit faute de cette remise à neuf. 26. C.r. stén., pp. 393-394. 27. Ibid., p. 104. 28. Ibid., p. 70. 29. Ibid., p. 144. 30. lbûl., p. 32s.
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