B. DBLIMARS de 1917 constate que l'effectif d'hommes valides a djm1nué de 47,4 % dans les campagnes 7 • Les pertes ainsi que l'absence des prisonniers ont provoqué une forte baisse de la natalité, encore accentuée dans la période suivante. 2. En 1918-1920 les troubles révolutionnaires, la guerre civile, la guerre contre la Pologne, etc., ont provoqué la mort de ·près de 8 millions de personnes, sans compter la mortalité normale 8 • Ainsi à Moscou, pour l'année 1920, le chiffre des naissances ne s'élevait qu'à 58,9 % du nombre de décès 9 • De plus, la famine avait emporté près de 5 millions d'individus au cours de l'hiver 1921-22 et au printemps de 1922. En outre, 2 millions avaient émigré 10 • Ce n'est qu'à partir de 1923 que la vie retrouve un cours plus ou moins ·normal. L'accroissement de la population reprend et continue jusqu'en 1930. Il est d'ailleurs motivé beaucoup plus par la baisse de la mortalité que par l'augmentation des naissances. 3. Après cette amélioration relative, la collectivisation de l'agriculture et la liquidation brutale des « koulaks » provoquent une chute de la natalité et une remontée brusque de la mortalité. Pendant l'hiver 1932-33, la famine s'étend sur l'Ukraine, le Caucase du Nord, la basse et moyenne Volga, le Kazakhstan et sur une partie de la Sibérie. L'hiver suivant est encore plus dur : quelque 6 millions de personnes meurent de faim. La dureté des conditions d'existence provoque un tel accroissement du nombre des avortements que le gouvernement est obligé de les interdire en 1936, afin de rétablir le taux normal de natalité que l'URSS ne retrouve qu'en 1937-38. 4. Une nouvelle période de régression s'ouvre en 1939, car la guerre de Finlande et l'arrivée à l'âge du mariage des classes creuses, nées pendant la guerre de 1914-18, provoquent un nouveau fléchissement des naissances 11 • « En 1940, après l'annexion des régions occidentales d'Ukraine, de Biélorussie et des trois républi~ues baltes, la population s'élevait à 191,7 millions d'âmes. La Russie tsariste comptait 159,2 millions d'habitants en 1913 12 • » Ainsi, en 27 ans, la population n'avait gagné que 32,5 millions d'âmes soit une moyenne de 1,2 million par an. Or « l'accroissement naturel de la population était de 16,8 pour mille en 1913 et de 13,4 pour mj]Je en 1940 », soit un accroissement naturel de 7. GBS, t. 50, p. 202. 8. étude du Dr Biraben, • Essai sur l'~olution démographique de l'URSS ,, dans le n° 2 bi, de juin 1958 de la revue PoPUlation, Paria, p. 38. 9. GBS, 1r• id., vol. «URSS•• p. 50. 10. Revue Population, n° 2 bi1, juin 1958, p. 38. 11. Ibid., p. 40. 12. GBS, t. ,o, p. 10,. Biblioteca Gino Bianco 237 2.675.000 personnes en 1913 et de 2.569.000 en 1940. On voit ainsi les vides dus aux ca1amités subies entre 1913 et 1940. 5.~n 1941-45 la guerre impose à la population une épreuve plus dure encore. Le Dr Biraben estime qu'au cours de ces années il y eut en URSS 20,25 millions de naissances, contre 40,55 millions de décès (dont 14,7 millions dus directement à la guerre) et 2 millions d'émigrants 13 • Ses calculs recoupent en général parfaitement les données soviétiques officielles : celles-ci estiment en effet à 200,2 millions la population en avril 1956 14 , tandis que le Dr Biraben arrive au chiffre de 199,26 millions au 1er janvier 1956 15 • Selon ce dernier, la population était tombée de 195 millions au 1er janvier 1941 à 173 miUions au 1er janvier 1946 16 • La brusque chute de natalité en ces cinq années est . confirmée par la diminution de l'effectif scolaire. En 1940-41, 34.783.777 élèves fréquentaient les écoles primaires, les écoles septennales et les écoles secondaires, tandis que pour l'année scolaire 1956-57 on n'en comptaient plus que 28.185.457 17 , soit une diminution de 6.598.420. L'effectif scolaire s'accroît légèrement en 195758, pour atteindre 28.694.195. La Grande Encyclopédie Soviétique constate elle-même que « la diminution du nombre d'élèves (...) par rapport à l'année scolaire 1940-41 est due au fait qu'à partir de l'année scolaire 1949-50 ce sont les enfants nés pendant la guerre qui entrent à l'école». A TOUTES CES CAUSES de dépopulation des campagnes vient s'ajouter le développement inquiétant des avortements. Les causes sociales qui obligent la paysanne ou l'ouvrière à y recourir sont trop nombreuses pour être exposées ici. L'avortement, prohibé en Russie tsariste, mais qui fit des ravages pendant la période trouble de la révolution, fut rendu légal par une décision gouvernementale du 18 novembre 1920. A cette époque, le gouvernement avait mieux à faire qu'à s'occuper des conséquences de la dénatalité. Il entendait avant tout sauvegarder la santé de la femme, dont la capacité de travail devenait précieuse en l'absence des hommes qui se battaient. Mais en 1936, le Parti et le gouvernement ont reconnu le caractère pressant de la menace représentée par la dénatalité : le 27 juin 1936 l'avortement est de nouveau interdit, sauf si la grossesse présentait un danger sérieux pour la femme ou en cas de graves maladies héréditaires. 13. Population, ibid., p. 48. 14. Recueil L'Économi, national, d, l'URSS, Moscou 1956, p. 18. 15. Papulation, ibid., p. 49. 16. Ibid., p. 48. 17. GBS, Annuaire 1958, p. 81. •
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