A. BBNNIGSBN - L'industrie locale, dont la direction jouit d'une œrtajne autonomie à l'égard de Moscou. Sur les s mjnjstres de l'industrie, 4 sont des Russes. Quant à l'armée et à la police, elles sont en fait aux mains des Russes. 2. Les musulmansdans le Parti Il est inutile de rappeler que dans la diarchie soviétique, le parti communiste représente le pOUfJoir éel tandis que l'appareil des soviets et le gouvernement ne constituent qu'un pouvoir apparent. Aussi n'est-il pas étonnant que le pourcentage des Russes et autres non-musulmans soit particulièrement important dans l'appareil des partis comm11nistes des différentes républiques, lesquels ne sont d'ailleurs pas des formations autonomes, mais de simples organismes régionaux du P. C. de l'URSS, donc très étroitement contrôlés par le Comité central de Moscou. Avant la guerre, les Russes et autres « Européens » étaient en majorité dans les divers partis comm11nistes : Pourcentage Année de communistes nationaux Ouzbékistan . . . . . . . . . . . . 1930 45 Kazakhstan . . . . . . . . . . . . 1930 28 Tatarstan. . . . . . . . . . . . . . . 1933 42 Azerbaïdjan. . . . . . . . . . . . . 1933 46,3 Crimée. . . . . . . . . . . . . . . . . 1933 14,6 .En est-il de même actuellement ? 11 est difficile de l'affirmer avec certitude car depuis la guerre les sources soviétiques ne publient plus de statistiques sur la composition ethnique des partis comm11nisteslocaux. On peut admettre cependant qu'au Kazakhstan l'importance de l'élément russe a encore augmenté par suite de l'afflux de nouveaux colons installés en 1955-58 sur les terres vierges. Au contraire, dans les autres régions de l'Asie centrale, Russes et autochtones s'équilibrent maintenant, avec toutefois un léger avantage aux Russes. Nous connaissons mieux la répartition ethnique des congrès qui, depuis la guerre, se réunissent tous les deux ans. En Ouzbékistan, le congrès convoqué en février 1954 comptait 614 délégués dont 189 non-mus11lmans, soit 31 %; le nombre d' « Européens» était en diminution \'ar rapport au congrès de septembre 1952, qw avait été suivi par 612 délégués dont 40 % de non-musulmans. Bn Kirghizj~, le VIll 8 congrès (janvier 1956) a réuni 465 délégués dont 236 non-musulmans, soit 50,7 °/4, pourcentage en augmentation puisque, au v:te congr~ tenu en aoQt 1952, on ne trouvait que 47,7 % de non-mus1,Jmsms. Biblioteca Gino Bianco 233 La place des non-mus11lmans est encore plus grande dans les organes de direction que sont le Comité central et le Secrétariat : Républiques Congrès Ouzbékistan XIIIe, janvier 1956 KazakhstaI) VIIIe - Kirghizie VIIIe - Turkménistan XIIIe Tadjikistan xe - Comité central Pourcentage de nonmusulmans 31 58,4 34,4 38,5 25,3 La structure du secrétariat du Comité central, véritable organe directeur du parti, obéit à une règle immuable depuis .la guerre. Le premier secrétaire, personnage décoratif, est toujours et partout un indigène (sauf au Kazakhstan où les mus11Jmans sont 'désormais minoritaires dans leur propre république) et le deuxième secrétaire, qui est en même temps le secrétaireaux cadres (contrôlant toute la hiérarchie) et de ce fait le véritable chef du parti, est toujourset partout un Russe. Tableau analogue à ll'échelon régional : au Kazakhstan par exemple, dans les comités ( obkom) des 16 régions de la république, on trouvait en décembre 1955, JO premiers secrétaires russes et 16 deuxièmes secrétaires russes. 3. Les musulmansdans les secteurséconomiques Les sources soviétiques gardent un silence quasi total sur la répartition professionnelle des communautés dans les différentes branch~ de l'activité économique des républiques musulmanes. Cependant il ressort des observations faites par les visiteurs étrangers qui ont pu parcourir l'Asie centrale et les quelques rares informations officielles publiées dans la presse locale, que les divers secteurs d'activité sont assez nettem~nt délimités entre Russes et mus111mans. Ainsi, dans la plupart des républiques, les sovkhozes, l'irrigation, les transmissions, les transports, le bâtiment, les finances, les banques, ainsi que certains secteurs industriels sont dominés par les Russes. On peut expliquer ce phénomène par le désir des Russes de conserver la direction des secteursclés de l'économie régionale et aussi par l'insuffisance des cadres techniques indigènes. On peut conclure de cet aperçu que les débouchés offerts à l'intelligentsia musulmane par le régime sont vastes et qu'ils pourront s'élargir encore à mesure que de nouveaux cadres techniques seront formés. Mais leur champ d'action reste limité par les exigences politiques qui, sauf exception, écartent les musulmans des postes de direction.
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==