Le Contrat Social - anno III - n. 4 - luglio 1959

232 sont spectaculaires et donnent aux mus11lmans soviétiques une place à part dans le Dar ullslam. Ils sont les seuls à posséder une élite nationale .scientifique et technique, encore réduite, mais qui pourra peut-être d'ici peu se passer de l'aide des techniciens «étrangers» (en l'occurrence russes) et présider seule aux destinées d'un pays industrialisé 16. Russification DANS les républiques musulmanes, l'instruction secondaire et supérieure est un puissant instrument de russification linguistique et culturelle de la jeune intelligentsia. En effet, la langue russe est une matière obligatoire dans les ·écoles primaires et secondaires à partir de la 5° année scolaire et l'entrée à l'université est subordonnée à un examen portant sur la langue russe. En outre, si dans tous les instituts supérieurs l'enseignement est en principe donné dans la langue de la majorité des étudiants, en pratique le russe domine partout. Les langues nationales ne sont utilisées que dans certaines disciplines littéraires, juridiques, linguistiques, tandis que le russe est employé pour l'enseignement scientifique, à la fois par habitude et pour des raisons d'ordre pédagogique (vocabulaire mieux approprié, manuels existant en russe et non en langues turques, etc.). De plus, il tend à supplanter les langues nationales chaque fois qu'il y a mélange d'élèves de diverses nationalités. Le russe prend ainsi de plus en plus figure de langue universitaire et seule sa parfaite connaissance ouvre l'accès aux carrières administratives et scientifiques. Selon la formule de Moukhitdinov, premier secrétaire du parti communiste ouzbèke, «la langue russe est la deuxième langue de tous les peuples de l'Union soviétique et sa connaissance parfaite est le meilleur moyen de relever le ·niveau culturel des peuples musulmans et le seul qui permette d'accéder à une véritable culture scientifique » 11. • L'intelligentsia musulmane est incontestablement russifiée par la langue, souvent aussi par le mode de pensée. Ce fait lui confère un caractère particulier ; sans être véritablement « dénationalisée », l'intelligentsia musulmane n'est plus tout à fait « nationale », elle constitue en quelque 16. Le directeur (Ubai Arifov) et le sous-directeur (Sadyk Azimov) de l'institut de physique nucléaire d'Ouzbékistan fondé en 1956 sont tous deux Ouzbeks (cf. Pravda Vostoka du 25 aoîit 1956). L'Académie des sciences d'Ouzbékistan comptait en octobre 1956, 9 membres actifs dont 7 nationaux, et 13 membres correspondants dont 5 nationaux. Le président de l'Académie est un Ouzbek (Abdullaev). (Cf. Pravda Vostoka, 7 octobre 1956.) 17. Kizil Ou~békistan 2i aoîit 1956. · Bibli'oteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE sorte un groupe isolé à la fois des Russes et de la masse musulmane qui ne parle pas le russe. L'intelligentsia dans la vie des républiques musulmanes · NUMÉRIQUEMENT FORTE, possédant des compétences techniques comparables à celles de ses collègues russes ·et une formation politique marxiste, l'intelligentsia nationale est théoriquement capable de tenir dans les républiques musulmanes une place de choix et d'occuper les principaux postes de direction politique ·et économique. En est-il ainsi en réalité ? Pour répondre à cette question, il faut analyser brièvement la place des cadres russes et indigènes dans les différents secteurs. I. Les musulmans dans l'apparei,l gouvernemental. Dans les républiques mus11lmanes la répartition des portefeuilles au sein du Conseil des ministres obéit à des règles tacites presque immuables ayant pour but de donner aux nationaux toute l'autorité apparente et les services qui les mettent en contact direct avec la population (Santé, Justice, Sécurité sociale, etc.), tout en laissant aux Russes les postes-clés qui leur confèrent le pouvoir véritable. Ainsi le président du Conseil des ministres est toujours un «national » tandis que le premier vice-président est obligatoirement un Russe. Sauf au Kazakstan, où les nationaux sont dorénavant minoritaires, le Conseil des ministres compte toujours une forte majorité d'autochtones. En 1955, on trouvait : en Ouzbékistan ...... . au Kazakstan ......... . en Kirghizie . . . . . . . . . . au Turkménistan ..... . ' 5 Russes sur 21 ministres, 14 Russes sur 24 ministres, 6 Russes sur 20 miaistres, 6 Russes sur 19 ministres, mais la distribution des portefeuilles est faite de manière à laisser aux mains des Russes les secteursclés qui sont : - La policepolitique: Le directeur de la Sécurité d'État (ancien M. G.B., qui a repris depuis la chute de Béria les principales attributions du M.V.D.) est toujours et partout un Russe ·; I - La planification: Le directeur de la Commission du plan, véritable super-ministère des Affaires ·économiques, est russe dans 3 des 5 républiques d'Asie centrale ; - Les transmissions, dont le rôle· n'est pas seulemeu.t économique mais aussi politique. Tous les ministres des transmissions sont russes;

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