A. BBNNIGSBN Enfin, par suite de la persistance des traditions islamjques, elle se distingue encore de celle-ci par la place modeste qu'elle réserve à la femme. On sait, d'après la presse soviétique, que bien rares {sont les filles indigènes qui poursuivent leurs études au-delà de l'école décennale : en Kirghizie, la proportion ne dépasse pas 20 % 9 ; en Ouzbékistan 1 0 les six établissements d'enseignement supérieur de Samarkand ont délivré entre 1947 et 1952, 172 diplômes à des jeunes filles ouzbèkes, soit une moyenne de 29 par an. Au Tadjikistan, le journal KommounistTadjikistana (25 novembre 1955) donne les chiffres suivants : 5 filles tadjikes à l'institut agronomique de Sta]jn=1bad et aucune dans tous les instituts vétérinaires et d'hydraulique de la république. Ce phénomène ne semble pas dû aux mœurs du passé; il semble bien s'agir d'un état permanent et la presse locale constate que le nombre de femmes aux postes responsables est en diminution constante depuis la fin de la guerre. En Kirghizie, on trouvait en 1955, dans la région d'Osh 11 : 3 femmes sur les 193 présidents de kolkhoze· (contre 7 en 1945); 30 femmes brigadiers de kolkhoze (contre 70 en 1945); 25 femmes directrices de ferme (contre 89 en 1945). Formation LA FORMATIONde la nouvelle intelligentsia mus11lmane n'est pas «libre», mais «planifiée», « orientée » par le régime. Car elle doit, dans l'esprit des dirigeants soviétiques, viser à un double objectif : ~ Participer activement à l'édification de la société communiste ; elle doit donc être orientée davantage vers la technique en même temps que politisée et « désislamisée »; - Servir d'auxiliaire du pouvoir et d'intermédiaire entre les dirigeants russes et les masses indigènes ; pour cela, elle doit être « russifiée ». La formation intellectuelle et morale qu'elle reçoit dans les universités et les organisations du komsomol répond à cette double préoccupation et laisse peu ou point de place à la culture mus11lmane traditionnelle. Comme ses camarades russes, le jeune musulman est" éduqué dans l'esprit de l'athéisme matérialiste et comme eux façonné par la morale communiste. L'accent princi_Palest mis sur deux points : l'enseignement technique et scientifique et la russification culturelle. 9. S01Ji1t1kaia Kirghi•iya, 21 mai 1952. Sur 10 filles dip16mics de l'icole d~ccnnale de la ville d'Osh, 2 seulement pounuivent leurs itudea 1up~rieure1. 10. PratJda Yo1toka, 1 janvier 1954. 11. Sool,ul,ara Kir1hiaya, 6 octobre 1955. Biblioteca Gino Bianco 231 Technologie L'INTÉ~T quasi exclusif porté aux disciplines littéraires est le défaut majeur des classes intellectuelles de tous les pays musulmans. Il y a pléthore d'avocats, de journalistes et de politiciens et pénurie d'ingénieurs et de techniciens.· Avant la Révolution, les musulmans de Russie n'échappaient pas à la règle. Les autorités soviétiques ont voulu remédier à cet état de choses et y ont partiellement réussi. Toutefois, les chiffres révèlent que jusqu'à présent les musulmans demeurent moins nombreux que les Russes dans les établissements d'enseignement technique. Ainsi, à Alma-Ata, en 1932, sur 98 docteurs ès sciences, 16 seulement étaient des Kazakhs 12 • La même année, au Turkménistan, on trouvait 38 indigènes sur les 67 agrégés de l'Académie des sciences d' Achkhabad 13 • Cependant, l'importance relative des étudiants musulmans dans les disciplines scientifiques est en augmentation constante. Ainsi, jusqu'en 1936, la proportion des étudiants musulmans dans les établissements d'enseignement supérieur de l'Ouzbékistan était très faible 14 : Institut d'irrigation (Tachkent) . . . . . 10 % Institut d'agronomie - . . . . . 21 % Institut d'agronomie (Samarkand). . . . 44 % Institut textile (Tachkent) . . . . . 21 % Institut des finances . . . . . 36 % et le pourcentage des nationaux diplômés catastrophique : Institut des transports (Tachkent) ... . Institut d'irrigation ... . Institut d'agronomie (Samarkand) ... . Institut pédagogique (Fergana) ...... . 1% IO % 0% 0% Mais en 1940 la proportion des universitaires nationaux s'est quelque peu accrue, tout en restant très faible, puisqu'à l'université d'Asie centrale de Tachkent les étudiants indigènes ne représentaient que 32,5 % du total et les professeurs 12 % 15. En 1958 cependant, à en croire une enquête récente, sur les 25.ooo étudiants de la faculté des sciences de l'université de Samarkand on trouvait 80 % d'Ouzbeks. On peut dire que les résultats déjà obtenus par les autorités soviétiques dans ce domaine 12. Ka11akhstamkaia Pravda, 11 aoOt 1952. 13. Turkmemkala I1kra, 20 septembre 1952. 14. Bogdanov et Aguichev : • La priparadon des cadres dc-l'Ouzb~kistan • dans Revolioutnia • Natnonalno,ti, n° 7 1936, pp. 54-57. 15. Cf. note 4.
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