• L'ÉCONOMIE DE L'AFRIQUE par Shirley Williams EPUIS cent ans, de nombreux mythes se sont créés au sujet de la richesse fantastique qui pourrait être celle de l'Afrique. Ce continent, le moins connu et le moins exploré de tous, qui couvre le cinquième des terres émergées du globe, passe souvent pour un réservoir presque inépuisable de richesses minérales et agricoles. Dès à présent l'Afrique produit la plus grande partie des diamants du monde et plus de la moitié de son or. Pour beaucoup de gens l'or et les diamants symbolisent les promesses de l'Afrique. Derrière les mythes et derrière l'or, il y a, en réalité, un continent dont l'économie commence seulement à entrer dans le :xxe siècle. L'Afrique, avec 8,5 % de la population mondiale, n'effectue que 4 % des échanges internationaux. L'Afrique du Sud mise à part, le Ghana a le plus fort revenu par habitant de tous les pays africains situés au sud du Sahara, et le revenu ghanéen moyen est de 54 livres par an. Pour l'Afrique, c'est la fortune; dans beaucoup d'autres territoires les revenus annuels moyens par habitant ne sont que de 15 à 20 livres. État sanitaire et économique ON A DIT de l'Afrique· qu'elle est le continent où l'homme n'a pas besoin de travailler pour vivre. Ce qu'il y a de vrai dans cette affirmation se borne à ceci : l'homme, en Afrique, peut se contenter de travailler très peu s'il accepte de vivre très mal. La plupart des travailleurs africains sont gravement sous-alimentés. Ils se gavent d'aliments à base d'amidon (ignames, manioc, patates), mais manquent de protéines et de graisses. Aussi sont-ils souvent incapables de soutenir une longue période de travail pénible. La mauvaise alimentation est à l'origine de la faible productivité de la main-d' œuvre. Cela souligne un des grands problèmes africains : le progrès industriel est intimement lié à un aççroi~~~m~P.t g~la progµçtjoµ agriçole. · · D'autre part, en dépit des efforts que déploient les spécialistes de médecine tropicale, les missions médicales et le personnel des services de santé,- !' Afrique est toujours en proie aux grandes maladies endémiques. La mouche tsé-tsé sévit sur plus de 1.500.000 hectares qui englobent près des 2/3 du Tanganyika et environ le tiers de l'Ouganda. Cela veut dire que l'élevage du gros bétail y est impossible et que les êtres humains courent en permanence le danger de contracter la maladie du sommeil. Personne ne sait combien d'habitants sont atteints de la malaria, ni éombien le sont de cette maladie lentement destructrice qu'est la bilharziose. On peut s'en faire une idée d'après une évaluation récente qui indique que la moitié de la population de l'Égypte est atteinte de bilharziose, et que plus des 3/4 des habitants du Libéria ont, ou ont eu, la malaria. La malnutrition est très répandue ; quiconque a visité l'Afrique tropicale a vu les cheveux rougeâtres et la peau terne des enfants souffrant du kwashiokor, et les ventres distendus des bébés affamés. Toutes ces maladies limitent les possibilités de développement économique de l'Afrique, en réduisant fortement le rendement de la maind'œuvre indigène. · La consommation d'énergie électrique constitue un bon indicateur de la puissance industrielle d'un pays. L'Africain moyen n'utilise que 5 % environ de l'électricité consommée par !~individu moyen dans l'ensemble du monde non communiste, lequel englobe des régions sous-développées comme la péninsule indienne. Il n'y a qu'en Union Sud-Africaine, dans la Fédération de l'Afrique centrale et au Kenya que la consommation d'énergie dépasse nettement ce niveau très bas. , Les moyens de transport sont une condition essentielle de la croissance économique. Là encore, l'Afrique est bien mal lotie par comparaison avec les autres parties du monde. Les chemins de- fer y sont à voie unique sur la plus grande partie des lignes, et depuis la guerre ils se sont révélés absolument incapables d'assurer
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