200 trahison envers les peuples de l'URSS, de trahison envers l'Armée rouge ouvrière et paysanne. Les éléments recueillis au cours de l'instruction ont permis d'établir la participation des accusés, ainsi que de Gamarnik, qui se suicida récemment, à une entreprise contre l'État, en liaison avec les milieux militaires dirigeants d'un des États étrangers qui mènent une politique non amicale envers l'URSS. Se trouvant au service de l'espionnage militaire de cet État, les accusés remettaient systématiquement des renseignements secrets sur l'état de !'Armée rouge et accomplissaient un travail de sabotage pour l'affaiblissement de la puissance militaire soviétique ; ils tentaient ainsi de préparer, en cas d'agression militaire contre l'URSS, la défaite de l'Armée rouge, dans le but final de contribuer à un rétablissement en URSS d'un pouvoir de grands propriétaires terriens et de· capitalistes. Tous les inculpés se sont reconnus entièrement coupables des accusations relevées contre eux. L'examen de cette affaire aura lieu aujourd'hui 11 juin à huis clos par le tribunal judiciaire spécial de la Cour suprême de l'URSS, sous la présidence du président du tribunal militaire de ladite Cour, Ulrich, le tribunal étant composé comme suit : Le commissaire du peuple adjoint à la Défense de l'URSS, Egorov ; le chef des forces aériel1.IleSde l'Armée rouge, Alksnis ; le maréchal Boudennyi ; le maréchal Blücher; le chef d'état-major général de l'Armée rouge, Chapochnikov ; le commandant des troupes de la circonscription militaire de Russie blanche, Belov ; le commandant des troupes de la circonscription militaire de Léningrad, Dybenko ; le commandant des troupes de la circonscription militaire du Caucase septentrional, Kachirine ; le commandant du 6e corps de cavalerie cosaque, Goriatchev. '- • La formule « tous les inculpés ses sont reconnus entièrement coupables » impliquait nécessairement la condamnation à mort des victimes désignées par Staline. Un nouveau comm11niqué tout à fait laconique, publié en dernière page des journaux à Moscou le 12 juin, informa de la condamnation et de l'exécution des huit plus éminents officiers généraux de l'Armée rouge. Après quoi, un commentaire officiel paru dans la presse comm11niste (La Correspondanceinternationale, n° 26, Paris, 19 j11in 1937) explicita: « Le tribunal a établi que les inculpés (...), étant au service de l'espionnage militaire d'un État étranger qui pratique une politique hostile à l'égard de l'URSS ont systématiquement fourni aux milieux militaires de cet État des renseignements d'espionnage, commis des actes de sabotage afin de saper la force de l'Armée rouge ouvrière et paysanne, préparé - pour le cas d'une agression militaire contre l'URSS - la défaite de l'Armée rouge, se sont fixé comme but de contribuer au démembrement de l'URSS et au rétablissement en URSS du pouvoir des propriétaires fonciers et des capitalistes. » · En conséquence, dit ce texte intitulé « Le procès des huit espions et le verdict», le tribunal spécial de la Cour suprême « a reconnu tous les accusés (...) coupables d'infraction au devoir Bi·blioteca Gino Bianco LB CONTRAT. SOCIAL militaire · (serment), de trahison envers l'Armée rouge .ouvrière et paysanne, de trahison envers la patrie ... » Un autre commentaire officiel envoyé de Moscou, flétrissant « la trahison inouïe de huit agents trotskistes du fascisme », paraissait dans le même numéro de La Correspondanceinternationale, organe de ·l'Internationale communiste, qui reproduisait en outre un « ordre du jour de Vorochilov ».1.daté du 14 j11in. Ce document révèle qu'un conseil militaire s'était tenu chez le commissaire à la Défense en présence des membres du gouvernement, du 1er au 4 juin, pour entendre un rapport de Vorochilov « sur l'organisation militaire-fasciste contre-révolutionnaire de traîtres », etc. Vorochilov amalgame tous les « terroristes, agents de diversion, espions et assassins des bandes trotskistes-zinoviévistes (...) à la solde de services d'espionnage étrangers, sous le commandement de Trotski, brute fasciste », etc. Il accable« cette racaille de bandits, Zinoviev, Kamenev, Trotski, Piatakov, Smirnov et autres» à laquelle se rattache « la bande contre-révolutionnaire d'espions et de conspirateurs nichés dans l'Armée rouge ». L'ordre du jour de Vorochilov souligne l'appartenance des militaires condamnés à une même . . . , C?nspiratt<?norgarus~e, ~n y comprenant Gamarnik, « ancien comnussaire du peuple adjoint à la Défense, traître et lâche, qui redoutait de se ~résenter dev~t le tribunal du peuple soviéttque. » La swte accumule contre les victimes déjà exécutées des griefs et des accusations qui ne fi~ent même pas dans les communiqués officiels : elle a le caractère d'une diatribe haineuse, d'un pamphlet violemment injurieux, non d'un exposé des faits. Ni ce texte, ni les précédents, ne définissent le moindre acte ou ne formulent la moindre imputation vérifiable, voire admissible. . Rien n'autorise à croire Vorochilov quand il se réfère à_un~ ré11ni~n~enue du ~er au 4 juin à son commissariat, mais il est possible également qu'elle ait eu lieu: en ce cas, le suicide de Gamarnik en serait une conséquence immédiate. Mais le déplacement de Toukhatchevski annoncé le 12 avril,. indiquant un~ _rétrogradation, prouve que les mtent1ons homicides de Staline étaient déjà en voie d'exécution deux mois avant le procès, à supposer que ce procès ne soit pas une fiction de plus. On est fondé à penser qu'aucun procès n'était nécessaire en l'occurrence et la supposition _devient.~ei:tïtude quand on sait que· s~r les neuf Juges militaires composant le prétendu tnbunal, sept ont été successivement passés par les ~es : les m~échaux Egorov .et Blücher, les generaux Alksms, Belov, Dybenko, Kachirine et Go~~tch~v ..· S~lon les renseignements de W. Krivitski, il n y a •pas eu de procès, mais seulement apposition de signatures au bas de la sentence. Ces signatures n'ont nullement été consenties de bon gré puisqu'il a fallu fusiller sept sur neuf des signataires.
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