188 et, comme pour démontrer qu'il n'est pas i"nfaillible, il commet au moins une erreur que l'on ne peut attribuer qu'au caractère quelque peu hâtif et improvisé de sa critique et certainement pas à un manque . de connaissances 1 • De même, le fait qu'il ne relève d'erreurs (sauf quatre) que dans le t. I alors qu'il esi censé examiner les deux volumes, laisse supposer que M. Nicolaïevski n'a pas construit sa critique avec toute la réflexion désirable. Certaines des erreurs relevées par M. Nicolaïevski sont graves : il en est ainsi lorsque deux publications différentes ont été recensées sous le même numéro de référence ou lorsqu'un ouvrage signé a été cité sous le nom d'un autre auteur. M. Nicolaïevski n'en donne que cinq exemples alors que c'est manifestement le domaine où il pourrait le mieux utiliser ses compétences au profit de tous. En revanche, il concentre ses attaques sur les erreurs commises dans l' énumératio n ou l' appellatio n des périodiques et dans l'attribution à des auteurs connus d'ouvrages anonymes ou signés d'un pseudonyme. Dans tous les cas les renseignements reproduits sont tirés ·des fichiers des bibliothèques et il est pratiquemen t impossible de déceler les erreurs commises sans des recherchesspéciales et approfondies. On peut d'ailleurs se demander si, pour une . partie au moins des erreurs signalées, M. Nicolaïevski a raison d'être tellement catégorique. Ainsi le déraillement du train d'Alexandre III, près de Borki, survenu le 17 octobre 1888 (la date signalée par M. Nicolaievski est exacte), a été attribué à l'explosion d'une machine infernale par un écrivain aussi sérieux que J. W. Bienstock (Histoire du mouvement révolutionnaire en Russie. T. 1, Paris 1920, p. 305). Quant à la participation ouvrière russe au congrès de l'Internationale socialiste de Londres en juillet 1896, elle a été signalée à la fois par Rabocij Ezegodnik ( Annuaire ouvrier), St.-Pétersbourg 1906, p. 177 et par Burcev : Kalendar russkoj revolucji ( Almanach de la révolutt"on russe), Moscou /917, p. 189. On pourrait d'ailleurs discuter longuement pour déterminer qui a droit à l'étiquette de « délégué ouvrier». Notons seulement que Burcev est un des auteurs que M. Nicolaïevski recommande particulièrement dans son compte rendu. Pour augmenter le nombre de ces « erreurs-types », M. Nicolaïevski rabaisse souvent la discussion au niveau d'une querelle de mots. Ainsi, s'il est exact que la brochure . de Turskij : Revolucjonnaïa rasprava ( Le Tribunal révolutionnaire) a été publiée par la Société· pour la libération du peuple, il est non moins exact que cette brochure a été éditée dans l'imprimerie du journal Nabat (Cf. Klevenskij, Kuseva, Markova: « La Littérature clandestine et étrangère russe», Moscou 1935 ( en russe), p. 129). M. · Nicolaïevski est scandalisé également parce qu'au lieu d'employer le · terme « Bibliothèque · socialdémocrate », je me suis permis d'utiliser celui de « Bibliothèque socialiste » ( n° 1120), mais il ne cite pas le nom complet de cet organisme éditeur qui est « Bibliothèque social-démocrate ouvrière». Il qualifie d'erreur le fait d'indiquer le parti s.-d. (social-démocrate) comme l' éditeur de la brochure de Martov Sauveurs ou abolisseurs?, alors que volontairement toutes les tendances socialdémocrates ont été réunies sous cette dénomination. Il est inexact, d'autre part, de dire que j'attribue la direction de la revue Nakanounie éditée à Londres par Serebrjakov à des économistes. J'ai mentionné simplement la « tendance économiste » de cette revue (voir t. I, p. 131). 1. Aucun attentat n'a été commis contre Karpovitch, comme l'écrit M. Nicolaïevski dans .son .compte rendu, p. 175 : c'est Karpovitch _.lùf-même qui a. tté l'auteur d'un attentat contre le ministre de rinstruction publique Bogoliepov. BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL Une autre erreur qui scandalise beaucoup M. Nicolaïevski est beaucoup moins grave qu'il ne le laisse entendre. Les quatre ( et non trois comme il l'indique) numéros- -de Narodnoe Pravo publiés « à Orel ou Sar~tov en• 1893 » ont été cités par un auteur spécialisé dans · l'étude- de · la presse révolutionnaire russe, Ernfried Kluge 2 • Kulczycki, auquel Kluge se réfère, signale seulement la publication d'un manifeste de la société Narodnoe Pravo ( Droit du · Peuple) vers 1893 et ne mentionne « les n°8 3 et 4 de l'organe de ce groupe » que pour une période postérieure ( 1895 ou 1896) 3 • Après avoir recherché et mis l'accent sur des erreurs de ce genre, M. Nicolaievski conclut qu'il est « presque impossible » de se servir de mon 'travail. en son état actuel. Je crois personnellement que cette affirmation est à la fois fausse et particulièrement injuste.· Mais l'ouvrage ayant été édité depuis plus de ·deux ans ce sont ·1eslecteurs qui seront finalement juges de nos divergences. Ils estimeront s'il y a eu « promesse non tenue» d'autant mieux que les espoirs déçus dont parle M. Nicolaïevski pourraient aussi bien s'appliquer à son attitude. Tantôt il s'amuse {, à relever les « erreurs types», tantôt, attristé, il rejette en bloc et nie la réalité de la première bibliographie d'ensemble des mouvements ouvriers • et socialistes russes dont la parution aurait dû normalement · le r/jouir. Nous attendions de lui plutôt que, grâce à ses connaissances, il nous aide par une critique constructi'lJe. . Eugène Zaleski-. Ainsi M. Zaleski a largement et inutilement outrepassé son droit de réponse. Sa prolixité ne peut que le desservir, car de toute évidence il cherche. à noyer l'essentiel dans un débordement de ratiocinations de détail, aussi peu convaincant que possible. Ergoter, même verbeusement, n'est pas répondre. Le lecteur particulièrement intéressé se reportera au compte rendu de B. Nicolaïevski et pourra conclure en connais- . . sance de cause. ·· ' . . . .. 2. Cf. Ernfried E. Kluge : Die russische revol~(ionare Presse in der zweiten Halfte des neunzehnten Jahrhunderts 1855-1905, Zürich, Artemis Verlag, 1948, p. 199. . .. 3. Cf. L. Kulczycki : Geschichte der russischen Revolution, Gotha 1910. T. III, pp. 393 et 396. Pour et contre PoURqui ne sait pas le russe, il est malaisé en France d'étudi~r, donc de critiquer en réelle connai~sance de cause, la pensée politique et philosophique des théoriciens révolutionnaires de la Russie en remontant aux sources, les traductions de leurs œuvres principdes étant rares en langue française ou devenues introuvables. Avant la guerre de 1914, on pouvait se procurer aisément l'essentiel des écrits de Bakounine et de Kropotkine, voire les livres de Stepniak. On trouvait en librairie, traduits en français, deux ouvrages de Tchernychevski ( L' Économie politique jugée par la science, et La Possession communale du sol) et même son fameux roman (Que faire t) édité en Suisse ; un livre célèbre de Mikhaïlovski (Qu'est-ce que le Progrès t) et un de Pierre Lavrov_ (Lettres historiques). Tout cela n'existe plus que dans certaines bibliothèques. · · · De même pour les œuvres d'Alexandre Herzen. Depuis 1860-1862, on avait en français Le Monde russe et la révolution, en 3 vol. (Paris) ; puis De l'autre rive (Genève 1870),- Lettres de _France et· d'Italie (Genève 1871), outre des Rêcits et nouvellés. Mai$ ensuite -rien de cet auteur n'a paru en France pendant trois ·quarts
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