M. NOMAD toujo~ \'rête~ à se. soul~ve! et qu~ pour créer ~e situation ~ev?luttonnair~ il suffisait de disposer dune orgarusatlon consprrative composée de chefs en puissance. La poursuite de l'idéal L'~XEMPLEde courage donné par les terroristes dev~t _être accompagné d'un magnifique idéal de Justi~e et de bonheur. Cet idéal, tel que le concevait Krop?~ne, exigeait l'aboli~on complète ~e toute autor1te, sans aucune « dictature mvis1ble >~ ,d~s les c?ulisses. 11 prévoyait également la prop!1ete c~llecttve d; tous les moyens de prod_uctto~, deJ~ proposee par Bako11nine, mais y aJoutait la rmse en commun de tous les biens de co~sommation. Cha~un devait être libre d'y pwser selon ses besoins. On ne se souciait nullement de savoir. si le consomm~teur, qui n'avait naturellement nen à payer, avait fourni ou non sa _quote-part de travail à la communauté. Il était admis que tous travailleraient volontaire- ~:nt et sans ~ontr,~te aucune,sous ce régime 1deal. Kropotkine etait persuade que le régime capitaliste avait produit une telle abondance de biens que les réserves suffiraient à couvrir les besoins de tous pendant les premières années de la période. de transition, immédiatement après la destruc~on de l'État. et du capitalisme, à un moment ou la production pouvait ne pas être e~core all:ssi satisfaisante qu'après sa réorganisation. Emco Malatesta, anarchiste bien connu q?î en vieillissant avait compris l'extrême uto~ p1sme de son ami Kropotkine, reconnaissait nettement en janvier 1932, dans la revue The Road to Freedom de New York, que telle était vraiment la conception économique fondamentale de l'anarchisme communiste. Elle prouve qu'un cœur plein de bonté et un noble caractère ne peuvent remplacer la compréhension de la nature humaine et la connaissance des réalités économiques. Cet « anarchisme communiste » ou « communisme anarchiste» de Kropotkine, dont la formule était : « A chacun selon ses besoins », s'opposait à l' « anarchisme collectiviste» de Bakounine, pratiquement basé sur le principe saint-simonien: « A chacun selon ses œuvres ». Les . disciples de Kropotkine rejetaient cette dermère. formule, ca~ ils tenaient pour impossible de préciser en pratique la valeur du travail de chaque individu 12 • L'examen de ces deux théories permet de conclure que Bakounine croyait réellement à l'imminence de la révolution et s'armait en conséquence. De cette croyance découle sa décision, réaliste bien que camouflée, de saisir le pouvoir et d'installer un régime économique efficient basé sur les coopératives de production. Quant à Kropotkine et à ses amis, ils avaient inconsciemI 2. Pierre Kropotkine : La Conqulte du pain, Paris 1892. Le chapitre intitul~ « Le syst~me collectiviste des salaires , contient des arguments tr~• iloquenu contre l'in~galiti des r~butions. Biblioteca Gino Bianco 163 ment perdu leur foi dans l'imminence de la révolution. Ils pouvaient donc se permettre de prêcher un idéal absolument irréalisable d'abolition de toute autorité gouvernementale, assorti d'un idéal non moins utopique de communisme tout à fait « libre ». Cela explique également leur propagande terroriste en faveur d'actes dés~spéré~ de protestation contre le système social enstant, dont le renversement dépassait leurs forces. On_v_oi~ donc qu~ 1~ sav~t Kropotkine, malgré la naivete de son 1deologie et sa conception de la nature humaine, était en fait un réaliste car il reconnaissait que la venue de la révoluti~n et la réalisation de son idéal se perdaient dans les brume~ de ~'av~~r. Le philosophe Bakounine, ~u con~raire, s1 realiste par sa connaissance des 1mpuls1o~s h~ain.es, .n'était qu'un utopiste par sa f01 en 1 1mrmnence de la révolution et en la possibilité pour lui de jouir de son triomphe. Kropotkine paraît avoir flairé le désir de dictature camouflé . sous la doctrine et l'enseignement de Bak~u.01ne.Il est vrai. qu'il s'est toujours abstenu de critiquer le grand vieillard afin d'éviter toute confusion parmi les adhérents de la base 11 ignorait purement et simplement les thèse~ du «maître» qui différaient des siennes et se co~tentait de le louer du bout des lèvres. Néan- ~oms, ou~e la th~se fondamentale de la « négauon de 1État », il partageait avec Bako11nine son aversion pour Karl Marx, tant à cause du totalitarisme de ce dernier que de ses méthodes de lutte contre les anarchistes. Mais si Bakounine reconnaissait franchement sa dette envers Mar~, se d~clarait son disciple 13 et adoptait certaines theses fondamentales du marxisme telles que la lutte des classes et le matérialism~ historique, K~opotkine, lui, préférait ignorer les nombreux pomts de contact entre le marxisme et le bakounisme. Contradictions Tous 1:ESCRITIQUES de Bakounineont souligi1é ses multiples et déconcertantes contradictions. Elles ne son~ nullement dues. à quelque lacune dans la logique de ses raisonnements mais proviennent en fait d'un certain dédoublement de sa personnalité. Comme dans le cas du docteur Jekyll et de Mister Hyde, il y avait en lui deux personnages contradictoires : le philosophe qui rêvait d'une société parfaite dans laquell~ toute autorité serait abolie, et l'homme d'action qui se considérait déjà comme chef de la futur~ révolu~o~ mo~diale et se voyait investi du pouvoir dictatonal auq_uelaspirait la« bête blonde » qui sommeillait en lw. Des contradictions figurent également dans les ~~rits. de Kropotkine. Inculpé en 1883 de earnc1pationà une organisation anarchiste secrète, il proclame au procès de Lyon : « L'histoire 13. Cf. note 4.
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