Le Contrat Social - anno III - n. 3 - maggio 1959

E. DELIMARS de la conduite incompréhensible de la Revue de Botanique et de certains savants : « Au lieu de se critiquer mutuellement d'une manière sérieuse, scientifique, et d'indiquer les défauts constatés, on prend un ton offensant et humiliant. » La réplique de Khrouchtchev à cette accusation n'a pas tardé et fut décisive : « Il faut réviser les cadres. Il est probable que des hommes qui sont contre la science mitchourienne ont été choisis pour faire partie de la rédaction. Tant qu'ils y resteront, rien ne changera. Il faut les remplacer, mettre à leur place de vrais mitchouriens. Telle sera la solution radicale de ce problème.» Mais Moustafaiev n'avait pas terminé ses dénonciations et il reprit en ces termes : « Nikita Serguéiévitch, ce n'est pas dans cette seule revue que règne un pareil ton. Parfois les savants communistes ne réfléchissent pas à la conduite à tenir. Dernièrement des bruits fâcheux sont venus à ma connaissance au sujet de notre délégation en Chine. Les savants biologistes qui en faisaient partie ont déclaré que maintenant c'en est fini avec le camarade Lyssenko, non seulement en théorie, mais aussi en fait. » Khrouchtchev précise alors : « C'est Tsitsine qui a dit cela », et Moustafaiev continue : « C'est très mal. S'ils sont en mauvais termes dans leurs relations personnelles, cela ne donne à personne le droit de dénigrer les conquêtes de notre science. » Et Khrouchtchev clôt cet échange instructif de répliques en disant : « Il aurait fallu lui demander à la réunion du Parti pourquoi il avait dit cela et exiger sa réponse en tant que membre du Parti. (Voix dans la salle : - C'est juste) » 10 • Cette fois, c'est le célèbre botaniste et sélectionneur N. V. Tsitsine, membre du Parti depuis 1938, académicien depuis 1939, créateur du Jardin botanique principal de l'Académie des sciences, ancien vice-président en 1938-1948 de l'Académie des sciences agronomiques, qui pâtit de ses différends personnels avec Lyssenko. Spécialiste de l'hybridation et heureux rival de Lyssenko dans la création de nouvelles espèces de blé, surtout de celles qui proviennent des croisements de blés triticum avec diverses variétés de la graminée sauvage agropyrum, Tsitsine a fourni à l'agriculture soviétique toute une série de blés hybrides, très productifs et résistants au froid et au gel, ce qui permet leur culture dans les régions où le blé ordinaire ne pouvait être récolté auparavant. Il est impossible de reprocher à ce sélectionneur éminent, mitchourien lui-même, autre chose que son inimitié envers Lyssenko et son interprétation personnelle des idées de Mitchourine, différente de celle que prône Lyssenko. Mais dans le climat actuel, cela suffit pour être stigmatisé au Comité central. 10. o,. dt., pp. 3JJ-234. Bibliotec Gino Bianco 155 Cette partie du discours de Moustafaiev servait en quelque sorte d'introduction au discours de T. D. Lyssenko en personne, qui lui succéda à la tribune. Ce praticien remarquable, mais dont la culture scientifique se limite à ce qu'il avait pu apprendre à l'école d'horticulture d'Ouman, qui forme des jardiniers, et à l'Institut agricole de Kiev, qui délivre des diplômes d' agronome, doit, au fond, être considéré comme un autodidacte. Ukrainien d'origine, il joint au caractère volontaire attribué à ses compatriotes toutes les qualités et tous les défauts des autodidactes. Sans le nommer, l'éditorial de la Pravda du 16 mai 1953, en plein « dégel » post-sta]ioien, le classait parmi « les savants qui cherchent à occuper une situation de monopole dans telle ou telle branche de la science et qui ne tolèrent pas que leurs travaux soient critiqués ». En reprenant avec sa véhémence habituelle son dialogue de sourds avec ses critiques occidentaux et en dénonçant ,ses contradicteurs soviétiques, Lyssenko prouve qu'il n'a rien oublié ni rien appris depuis son fameux rapport De la situation dans la science biologique, présenté à la .session du 31 juillet-7 août 1948 de l'Académie Lénine des sciences agronomiques et dont le compte rendu publié par la Pravda des 4 et 5 août 1948 avait ouvert la controverse qui a fait tant de bruit. Dans son discours, Lyssenko déplace aussitôt la discussion du domaine de la science dans celui de la politique. Il mérite d'être cité in extenso. L'IDÉE que « le développement de la biologie << « constitue une prémisse théorique obli- « gatoire au développement de la science « médicale comme des sciences agronomiques », formulée par le camarade Khrouchtchev dans les thèses de son rapport au xx1e congrès du Parti, présente une grande importance tant pour le développement de la science biologique que pour celui de la pratique agricole et médicale. « L'agriculture kolkhozienne et sovkhozienne est une source intarissable du développement de la biologie matérialiste (biologie authentiquement scientifique), laquelle, en union étroite avec la pratique, découvre des lois objectives de la vie et de l'évolution du monde organique. Ce n'est donc point par hasard que dans notre pays soit née, se soit formée et développée une biologie agronomique de conception matérialiste qui, par ses thèses théoriques, était en contradiction et contredit toujours la biologie weismanienne, laquelle existe encore mais se détache de la pratique et s'oppose à celle-ci. « Notre biologie agronomique a reçu son appellation d'après le nom de Mitchourine dont les ouvrages forment la base de notre doctrine. Le ~~rd chef, maître et guide des travailleurs, Via · · Ilitch Lénine, dès le lendemain de la grande révolution socialiste d'Octobre, s'est

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