Le Contrat Social - anno III - n. 2 - marzo 1959

CORRESPONDANCE 119 Correspondance Construction européenne Au SUJETde l'article de Max Richard, Dix ans de construction européenne, paru dans notre n ° 6 de r 9 5 8, nous avons reçu la lettre suivante de M. Alexandre Marc: UNION EUROPÉENNE DES FÉDÉRALISTES Le Président du Bureau exécutif Paris, 15 décembre 1958 Je n'ignore pas qu'il est difficile d'écrire l'histoire de son temps. Le recul manque qui permet de classer les faits et d'établir une perspective. D'autre part, la documentation . échappe pour une part au contrôle scientifique. Néanmoins, je pense devoir vous signaler que l'article de M. Max Richard: Dix ans de construction européenne ne paraît pas toujours répondre aux exigences d' objectivité qui sont de règle dans votre revue. Il ne m'appartient pas de relever les inexactitudes qui se sont glissées· dans cet article, mais comme l'une des affirmations de l'auteur me touche directement, je me permets de la signaler. En effet, M. Max Richard écrit (page 328) : « A la même époque, les fédéralistes de différents pays ( ... ) s'étaient groupés dans une union européenne ( ... ) Sous l'impulsion du Français André Voisin et du Néerlandais Hendryk Brugmans, ils lançaient à l'automne de 1947 l'idée des États généraux de l'Europe ». En consultant les écrits, imprimés ou ronéotés, de cette époque, notamment ceux publiés sous la responsabilité de l'organisation que Voisin dirige (la Fédération), on n'aura pas de peine à constater que le signataire de ces lignes a été l'auteur, ou tout au moins le principal auteur de l'idée d'États généraux. Encore une fois, je laisse de côté d'autres points qu'il faudrait corriger ou nuancer, mais je vous serais très reconnaissant de bien vouloir publier ma lettre dans le prochain numéro de votre revue que je suis toujours avec le plus vif intérêt. Alexandre Marc. A cette lettre, que nous avions le devoir de communiquer à Max Richard, notre collaborateur répond brièvement ce qui suit : Paris, 13février 1959 J'aurais été le premier surpris que M. Alexandre Marc approuvât mon article. Depuis quelques années il fait à la Fédération l'honneur d'une très sourcilleuse vigilance. C'est toute la différence entre nous. J'ai en effet naguère attaché de l'importance à ce qu'il écrivait; aujourd'hui qu'il n'est plus un doctrinaire serein et souvent excellent, ce qu'il dit n'a plus la même valeur. Pris à partie, il faut tout de même lui répondre. Je ne l'ai pas plus cité que Grotius, Leibniz, l'abbé de SaintPierre, Saint-Simon ou Larmeroux... Je lui donne donc volontiers acte qu'il avait lui aussi, en 1947, avec bien d'autres, pensé aux États généraux de l'Europe. Cela dit, il sait fort bien que les metteurs en œuvre politiques, les hommesqui ont mené à bien l'affaire - en ne pouvant l'empêcher, parce qu'ils n'étaient pas seuls, de se transformer en quelque chose de tr,s différent et Biblioteca Gino Bianco qui fut le congrès de La Haye - sont les deux que j'ai cités : Henri Brugmans et André Voisin. Je ne suis pas Clio : elle mettra ou remettra chacun à sa place. Et Alexandre Marc entrera, avec beaucoup d'autres, dans le Panthéon de l'Europe. On souhaiterait que ce ne fût pas avec ce ton acerbe qui ne lui convient guère. Max Richard. La« nouvelle classe» L'ARTICLEde Georges Henein sur Bruno R. et la « nouvelle classe», dans notre n° 6 de 1958, a provoqué trop de· réponses ou commentaires pour qu'il soit possible de tout publier. Après la lettre de Pierre Naville, nous devons donner dans l'ordre chronologique celle de Bruno Rizzi lui-même, puis celle d'un Américain qui n'avait pas encore connaissance des deux précédentes, et nous en tenir là. Cependant, nous y ajouterons un extrait de lettre trop longue qui a le mérite de contredire P. Naville et B. Rizzi à propos de James Burnham. Lettre de Bruno Rizzi (Gargnano, Italie) : Gargnano (Brescia), JO janvier 1959 Je viens de lire l'article de Georges Henein à propos de la « nouvelle classe ». Ce que je pensais vraiment en 1939 est résumé dans la préface de la B. du M. Le livre est un film de pensées que j'ai dû livrer en hâte à la presse, sans passer de l'analyse à la synthèse, car je voulais dénoncer l'alliance entre fascistes et communistes qui menaçait le monde pour un millénaire. La préface, je l'ai écrite en toute liberté à Paris. Le livre avait été écrit en Italie sous la menace fasciste lorsque je ne savais comment, quand et où j'allais le publier. Mes attaques contre le marxisme sont réelles pour ce qui concerne certains axiomes marxistes, non pas quant au fond du marxisme, que je prétends avoir prolongé et amélioré. Elles m'ont servi à masquer le reste. Dès 1938 j'avais découvert la propriété de classe en Russie et j'en in/ armai Trotski que j'aimais et tenais même pour un maître. C'était comme l'enlèvement d'une pierre qui ouvrait une porte. J'ai tout de suite compris qu'il y avait là matière à travailler toute une vie. Je voulais le faire avec mes camarades, naturellement, et ce ne fut pas possible ; l'histoire les jugera. Une propriété nouvelle supposait l'existence d'une nouvelle classe dirigeante. Après le nouveau systètne économique, je discernai le nouveau rnode d'exploitation, le changement de nature de la classe travailleuse, le nouveau régime politique, un droit nouveau et une nouvelle morale. Enfin, à tâtons, car personne ne l'avait jarnais fait, j' abordai l'analyse sociologique de cette société. Sans nul doute il s'agissait d'une société nouvelle, ni capitaliste, ni socialiste. Je l'appelai le régime du « collectivisme bureaucratique », ,nais com,ne le marxisme et l'université avaient toujours esco,npté un progrès tnécanique et inéluctable j'ai cru qu'il s'agissait d'une sociét · progressive entre le capitalisme et le socialis,ne. Je ,ne trompais, faute surtout d,être assez détaché du marxis,11e. Vu l'identité du phéno,nène dans les pays fascistes j'entrevoyais le déroulen1 nt de la révolution anticapitalist

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