Le Contrat Social - anno III - n. 2 - marzo 1959

N. IASNY Quand M. Wiles écrivait, près de dix-huit mois s'étaient écoulés depuis le XXe congrès du Parti qui avait adopté le moins audacieux et le plus absurde des plans quinquennaux, à savoir les Directives du sixième plan quinquennal. C'était un document établi à la hâte, fondé sur d'anciennes conceptions en grande partie périmées depuis quelque temps. Au bout de deux ans et demi seulement, au beau milieu de la période envisagée, une forte proportion des programmes importants qui figuraient au sixième plan quinquennal fut déclarée nuisible et par conséquent abandonnée, avant comme après la suspension des Directives elles-mêmes. Les bonnes caractéristiques du nouveau plan septennal se trouvent précisément dans les rubriques qui rompent avec les Direc- • tives. On donnera quelques exemples. Les carburants sont le fondement de l'économie moderne. Le sixième plan quinquennal se basait sur une prépondérance ininterrompue du charbon, qui pourtant coûte cher à produire en URSS. Le taux de croissance prévu dans les Directives pour le pétrole brut n'était que d'assez peu supérieur à celui de la houille ; d'autre part, il semble que l'existence d'immenses ressources de gaz, exploitable à très bon marché, n'avait pas encore été perçue par les gens au pouvoir. Les matières textiles artificielles sont bien meilleur marché à produire en URSS que le coton, surtout si l'on tient compte du gros investissement dans l'irrigation artificielle qui est nécessaire à la culture du coton. Pot1rtant les Directives du sixième plan quinquennal prévoyaient la continuation de la prépondérance presque absolue du coton en tant que matière première textile. L'investissement est le stimulant du progrès économique. En conformité avec une prétendue doctrine de Marx, aucun intérêt n'est perçu en URSS sur le capital investi lorsqu'on calcule le coût de la production. En choisissant parmi les divers projets d'investissement, on n'a pas tenu compte, ou du moins pas suffisamment, des différences de capitaux d'investissement requis. Dans ces conditions, on considéra comme les plus profitables ceux des projets qui impliquaient un gros investissement initial mais des dépenses d'exploitation limitées. L'exemple le plus frappant de cette catégorie d'entreprises est celui des centrales hydro-électriques. L'Union soviétique se lança avec enthousiasme dans des programmes de houille blanche, et à des endroits si défavorablement situés qu'un pays aussi riche que les États-Unis ne les aurait même pas pris en considération. Ce fut une ironie du sort ou, si l'on préfère, le comble de l'étourderie, que le sixième plan quinquennal ait décidé de construire une station électrique géante à Saratov, où les conditions naturelles sont défavorables, mais où d'immcn es ressources de gaz à bon marché existent dans le voisinage. Le taux de croissance prescrit dans le sixième plan quinquennal pour • BibliotecaGinoBianco 101 l'énergie hydro-électrique était plus du double de celui prévu pour les centrales thermiques. Depuis que les Directives ont été publiées, l'équilibre énergétique de l'URSS s'est complètement renversé, car le pétrole brut et surtout le gaz ont dans une large mesure remplacé la houille. En effet, après avoir enfin « découvert » le gaz, les dirigeants soviétiques se mettent à l'exploiter avec tant de précipitation qu'ils ne peuvent pas éviter des erreurs dans le choix des sites, le coût des constructions qui va être excessif, etc. D'après les Chiffres de Contrôle la production du gaz doit augmenter de cinq fois entre ~958 et 1965, après avoir déjà augmenté entre 1955.et 1958 dans des proportions beaucoup plus grandes que celles des Directives. Les investissements dans les installations du gaz doivent s'accroître 4,2 fois de 1952-58 à 1959-65, alors que l'on n'accorde qu'une augmentation de 2227 % à l'investissement dans l'industrie du charbon. L'ordre donné d'accélérer le développement de l'indt1strie chimique (dont il a été question plus haut) signifiait l'annulation des objectifs établis par les Directives en ce qui concerne les divers tissus à produire. La production de tissus en fibre artificielle, ou en mélanges de fibres artificielles et naturelles, doit augmenter beaucoup plus rapidement que cela n'avait été prévu dans les Directives. L'engouement dont l'énergie hydro-électrique fut l'objet, et qui remonte en réalité à Lénine, était en pleine évidence dans les Directives, mais a également disparu. Le plan de quinze ans pour l'énergie électrique, adopté il y a seulement deux ou trois ans (1956 ou 1957), a été aboli. Non seulement sont abandonnées les stations hydro-électriques prévues dont la construction n'avait pas encore commencé, mais il est vraisemblable qu'on a arrêté les travaux pour certaines centrales déjà mises en chantier. Les Chiffres de Contrôle ne prévoient, pour les constructions hydro-électriques pendant la période septennale, que des fonds d'investissement inférieurs de moitié à ceux qui avaient été affectés à cet usage pendant les sept années précédentes - et cela bien qu'en 1958 un certain nombre d'itnportantes centrales se trouvaient déjà à un stade avancé de construction. On notera que les Chiffres de Contrôle ne prescrivent l'érection que d'une seule grande station hydro-électrique, à Krasnoïarsk, où les conditions sont particulièrement favorables. L'enthousiasme précédent pour la houille blru1che anime désormais les partisans des centrales thermiques, surtout pour celles qui utilisent le gaz et le pétrole, ou même un charbon à bon marché. L'investissem nt dans les centrales thermiq_ues à carburant doit "tre en 1959-65 deux fois et demie plus grand qu'en 1952-58. Là aus i on c demande i un t 1 changcme11t, ordonné d'aillcur 11qu lqu maines, peut s'accomplir ans erreur graves t ans gaspillage excessif.

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