Le Contrat Social - anno III - n. 2 - marzo 1959

102 Qu'uN ·PLANà moyenne échéance soit annulé après que son application effective ait commencé, c'est quelque chose d'unique dans l'histoire de la planification en URSS. Que tant de rubriques d'un plan quinquennal soient devenues lettre morte peu après leur adoption, cela ne s'est jamais vu, sauf dans le sixième plan quinquennal. Car la mise en œuvre d'un nombre exagéré de programmes d'investissement n'a pas été la seule grande faute de l'ère post-stalinienne en matière de planification. En mai 1955, le Gosplan avait été scindé en deux organismes : l'un chargé de la planification à long terme (plans quinquennaux ou plus étendus encore), et l'autre pour les programmes à échéance plus rapprochée (plans annuels et trimestriels) ; le Comité central du Parti e11décembre 1956 avait encore grandement élargi les attributions du deuxième. Cette mesure absurde fut non seulement annulée au bout de quelques semaines ou de quelques mois (les deux organes étant réunis en mai 1957), mais encore a-t-il été décidé qu'à l'avenir il n'y aurait plus de plans annuels - du moins on nous l'assure. Le premier, le deuxième et peut-être quelques autres des plans quinquennaux comportaient des prévisions annuelles pour leurs objectifs les plus importants ; mais il n'y a jamais eu auparavant de plans annuels basés sur les sections annuelles respectives du plan quinquennal courant. Le plan septennal actuel est censé contenir des sections annuelles pour tous ses objectifs, et l'on s'attend en effet qu'elles opèrent dans les années correspondantes, compte tenu des révisions qui s'imposeraient à l'avenir. La presse soviétique a même décrit le nouveau plan comme une combinaison de sept plans annuels. Mais si l'on a présent à l'esprit la triste expérience du sixième plan quinquennal et si l'on a assez d'esprit pour en user, on trouvera fantastique d'établir des plans hâtifs pour des années aussi éloignées que 1964 ou 1965 (car le plan en question a été improT1iséen hâte; quelques-unes de ses caractéristiques nouvelles, telles que le moindre engouement pour l'énergie hydro-électrique, le développement très accéléré de la production des textiles artificiels, etc., n'ont pas été décidées avant le printemps ou l'été de 1958). Ces plans hâtifs, on s'attend à les voir opérer dans six ou sept ans avec seulement des modifications de détail ? Certes rien n'empêchera d'établir, le cas échéant, de nouveaux plans annuels pour les années prochaines, plans que l'on dénommera alors « sections annuelles revisées du plan septennal ». L'impression défavorable que produisent les Chiffres de Contrôle est encore renforcée lorsqu'on constate que les sections annuelles - annoncées comme représentant l'essence même de la nouvelle planification - se sont évanouies sans laisser de traces dans les Thèses de Khrouchtchev. Le document traitant du nouveau plan à moyenne éch.éance tel qu'il est énoncé dans les Thèses ne BibliotecaGinoBianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE diffère de ses prédécesseurs que par un volume accru de verbiage et de propagande. Les Chiffres de Contrôle innovent sur un point : quelques-uns des objectifs (dont le choix fut fait d'ailleurs sans véritable étude) sont exprimés sous la forme d'un ordre de grandeur. Cela pourrait être regardé comme une amélioration, si l'on s'en servait judicieusement. Mais la plupart des ordres de grandeur sont réduits à des limites si étroites qu'ils en deviennent ridicules. Par exemple, l'objectif pour les investissements fixes de l'Etat s'exprime par un accroissement de 8184 %, de 1952-58 à 1959-65. Est-ce que 81 représente le minimum et 84 le maximum? Est-ce que la marge de 3 % correspond à l'ensemble du jeu qui pourrait se produire dans l'investissement pendant une période de sept ans ? (On rappellera à ce propos que le plan de 1957 prévoyait une expansion de 5 % dans les transports de marchandises, alors qu'elle n'atteignit pas moins de 13 %). La planification soviétique à longue échéance est de qualité médiocre 5 • Elle est marquée tout particulièrement à l'empreinte de Nikita Khrouchtchev; elle résulte d'un mélange de bonnes décisions et de graves erreurs, de sagesse et de stupidité, et en tout cas elle reflète un manque certain de maturité. 11 y a incompatibilité entre un Khrouchtchev et des plans q11inquennaux ou septennaux. Les dirigeants soviétiques soulignent avec emphase que le xxe congrès du Parti est une étape importante sur la route qui mène au communisme. Mais en fait de planification économique, ce congrès a touché au sommet de l'absurde. Bien des choses dans le plan septennal, ou à sa périphérie, sont également médiocres. Cette conclusion pourrait bien s'appliquer notamment à la façon d'opérer avec des sections annuelles. Certes, les taux de croissance élevés existent dans l'économie soviétique de même que dans les prévisions du plan septennal. L'auteur du ·présent ·article ne tient nullement à détourner l'attention de ces progrès, qui sont réels malgré la p.laoification défectueuse. Car ils ont beaucoup plus d'importance que les défauts de planification, en définitive. (Traduit de l'anglais) NAOUMIASNY 5. Exemple important de planification négligente dans les Chiffres de tontrôle : les Thèses de Khrouchtchev, son rapport au Comité central le 14 décembre 1958 (Pravda, 15 décembre) ainsi que la résolution adoptée à la suite de ce rapport (Pravda, 20 décembre) se réfèrent tous expressément à un déclin de l'agriculture privée chez les paysans des kolkhozes et les ouvriers agricoles des fermes d'État. On prévoit comme probable la liquidation complète de leur production laitière. Cependant, trois des objectifs établis dans les Chiffres de Contrôle, à savoir : une augmentation de 50 % du nombre des vaches, un accroissement de la production de lait par vache dans les kolkhozes pour atteindre le chiffre de 2.600 litres par an, et une croissance de 70-80 % dans la production totale du lait, impliquent dans leur ensemble une augmentation· du nombre des vaches qui sont propriété privée.

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