N. IASNY quantité d'autres denrées, et il est vêtu d'une façon satisfaisante. Le citoyen de l'État « socialiste» pouvait donc s'attendre à quelque chose de comparable, d'après le critère de la viande indiqué par Khrouchtchev. Sa campagne n'avait de sens qu'en relation avec une nette amélioration générale des niveaux de vie, un accroissement du pouvoir d'achat de la population. A la session plénière du Comité central du Parti, le 6 mai 1958, Khrouchtchev se livra à une longue oraison « sur le développement accéléré de l'industrie chimique, et particulièrement des matières synthétiques ainsi que des denrées fabriquées à partir de ces matières, afin de couvrir les besoins de la population et ceux de l' économie nationale» (Pravda, 10 mai 1958). Le plan soumis par Khrouchtchev avait été établi, selon lui, par ordre du Comité central. Le trait essentiel du programme consistait à accroître la production des tissus de pas moins de 17 mètres par personne pendant la période de huit ans 1957-1965. Comme cette production était, selon Khrouchtchev, de 39 mètres en 1958, l'accroissement ~révu représentait un bond en avant de 44 %. Evidemment, cela n'avait de sens que si le pouvoir d'achat global de la population augmentait dans des proportions comparables. Khrouchtchev préfaça son discours sur l'industrie chimique en énumérant les augmentations prévues dans la production des diverses catégories de tissus (laine, laine et coton, rayonne, rayonne et coton, etc.), à l'exception des cotonnades qui devaient dépasser, même en 1965, toutes les autres catégories réunies. Mais, bien entendu, un chiffre exact pour la production des cotonnades se laissait déduire de la production totale pour toutes les catégories de tissus par personne en 1965, ainsi que du chiffre pour tous tissus autres que les cotonnades. A ce propos notons que Khrouchtchev ne manqua pas l'occasion de souligner que la production soviétique des lainages en 1965 dépasserait largement celle des États-Unis; mais il omit de mentionner qu'aux États-Unis les lainages se font en laine, alors qu'en URSS ils sont faits surtout de coton. La résolution du Comité central reproduisit fidèlement tous les détails concernant la production des tissus ; toutefois - et cette omission Rans nul doute intentionnelle passa inaperçue - on ne réféta point la promesse de Khrouchtchev d:nt à 1 augmentation de 17 mètres par personne s la production de toutes catégories de tissus en 1965. * ,,. ,,. IL N'Y AVAIT pas d'allusio11 aux États-Unis dans la décision du Comité central et du Conseil des ministres (du 21 juillet 1957, Pravda du 2 aoO.t) ayant trait à la construction de locaux d'habitation; mais on y constatait que la tâche « de liquider le manque de logements en 10 à 12 ans» était une tâche immense, car le problème avait été négligé pendant près de 30 ans, tandis • Biblioteca Gino Bianco 99 que la population urbaine avait triplé. Par cette décision, des objectifs définis ne furent établis que pour les quelques années suivantes, jusqu'en 1960 inclusivement ; mais il s'agit d'objectifs très considérables. Aussi bien l'État que la population elle-même devaient construire un grand nombre d'appartements et de maisons. Là aussi il faudrait une forte augmentation des fonds monétaires dont disposent les individus pour construire des maisons dans les cas où la . . , , . . construction privee est prevue, ainsi que pour leur ameublement (celui-ci très coûteux en URSS). Quant aux maisons et appartements à construire par l'État, il n'y faudrait de tels fonds que pour l'ameublement. Toutefois, une importante augmentation générale du pouvoir d'achat de la population ne serait pas nécessaire dans ce cas, car un citoyen de l'État « socialiste » pourrait vivre dans le minuscule appartement promis sans manger près de 200 livres de viande par an. Les autres décisions prises en 1957 et 1958, annonçant diverses améliorations plus ou moins sensibles des niveaux de vie, mais qui toutes présupposent un pouvoir d'achat individuel accru, sont d'importance secondaire et faute de place ne seront pas examinées ici. Dans ces conditions, les Chiffres de Contrôle pour 1959-65 promettant une augmentation des salaires nominaux de 26 % seulement 3 n'ont pu causer qu'une déception. Comme pour en souligner le caractère décevant les généreuses promesses mentionnées ci-dessus furent considérablement réduites (sauf peut-être pour le logement). Ce que Khrouchtchev avait promis impliquait une production de viande de 20,5 à 21 millions de tonnes en 1960. Or le but annoncé dans les Chiffres de Contrôle ne prévoit que 16 millions de tonnes en 196 5. Les Chiffres de Contrôle sont censés inclure un barème annuel (voir ci-dessous). Lorsque ce barème sera publiési toutefois il l'est, - le citoyen soviétique pourra constater que la production de viande prévue pour 1960 n'atteint qu'environ la moitié de ce que Khrouchtchev avait triomphalement annoncé en mai 1957. Une réduction semblable, quoique moins radicale, a été effectuée quant à la production de cotonnades en 1965 : elle est inférieure à ce qu'impliquait le discours de Khrouchtchev du 6 mai 1958. Sur les salaires, une particularité fort importante des Chiffres de Contrôle consiste à abandonner l'immense stratification qui avait caractérisé le « grand effort d'industrialisation » depuis son début même. Les salaires minima tout récemment établis (mais à un niveau très bas) doivent être relevés d'environ 80 % en sept ans. Le plan ne promet pas grand-chose à ceux qui gagnent des salaires moyens, et peut-être rien du 3. Promesse faite dan 1 di cours radioditfu de Khr u htch v, mais omise dan le t xt publié . •
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