Le Contrat Social - anno III - n. 2 - marzo 1959

98 ticulières · de la période envisagée. A1ais bien qu'on puisse douter de la possibilité d'atteindre les objectifs assignés, pour une raison ou une autre - par exemple à cause de l'insuffisance des matières premières d'origine agricole, ou de la main-d'œuvre - les taux de croissance industrielle impliquant un progrès annuel d'environ 9 % peuvent être considérés, en règle générale, comme passablement réalistes. Eu égard à certaines promesses faites par Khrouchtchev, on aurait pu s'attendre à une suspension au moins provisoire du fonctionnement de la loi fondamentale du développement de l'économie socialiste - qui consiste en une croissance des moyens de production plus rapide que celle des biens de consommation. Pourtant le taux de croissance <lesditsmoyens de production prévu pour 1959-65 est supérieur d'environ un tiers à celui des denrées de consommation. Cela peut fort bien se justifier du point de vue des « lois » communistes, mais n'en indique pas moins le renversement d'une tendance déjà établie depuis quelque temps. En effet, depuis 1948 l'accroissement des denrées de consommation se faisait à un rythme comparable à celui des moyens de production. Les objectifs assignés dans les Chiffres de Contrôle pour la production agricole ont l'avantage d'être nettement plus réalistes que ceux des plans plus anciens. Ainsi les directives du sixième plan quinquennal prévoyaient une production de 11 milliards de pouds de céréales pour 1960; or, les présents Chiffres de Contrôle envisagent une telle production de 10 à 11 milliards de pouds pour l'année 1965 seulement, soit cinq ans plus tard. Néanmoins une augmentation annuelle de 8 % de la production agricole pendant sept ans, correspondant . aux objectifs assignés, exigerait un effort extraordinaire. Mais n'oublions pas que c'est Khrouchtchev qui en a donné l'ordre. Quels que soient ses autres péchés, Khrouchtchev met autant d'aisance à fixer des buts inaccessibles qu'à accepter les échecs éventuels. Le total prévu pour les transports de marchandises (en supposant qu'il comprenne l'essence transportée par pipe-line) semble modeste par rapport aux objectifs assignés dans les autres secteurs de l'économie. Mais la planification soviétique a pour tradition de montrer un optimisme exagéré quant aux gains à réaliser en éliminant les acheminements inutiles, ou trop longs, afin de réduire le volume des transports par rapport au total de la production matérielle. Les buts partiels indiqués pour chacun des principaux secteurs économiques semblent former un total général quelque peu supérieur à l'ensemble du revenu national (soit un accroissement de 62-65 % en sept ans). S'il en est ainsi, c'est que les auteurs du plan ont peut-être voulu créer une réserve, sachant fort bien que l'objectif pour la production agricole totale Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE n'est dans une certaine mesure qu'un «bluff», tandis que les chiffres pour l'industrie ont tout l'air d'un maximum. IL SEMBLEque pour la première fois depuis le premier plan quinquennal il soit possible de calculer, à partir des allocations, les principales composantes du revenu national, même en matière de défense nationale. Le revenu national par allocation est scindé en URSS entre un fonds d'accumulation et un fonds de consommation. Le fonds d'accumulation comprend l'investissement net, ajusté à l'augmentation ou à la diminution des stocks. Le fonds de consommation comprend tout le reste, c'est-à-dire les revenus personnels, y compris les services gratuits (assurances sociales, pensions, éducation et santé), les dépenses d'administration, et enfin - chose curieuse - les dépenses militaires. Nous reviendrons sur les dépenses militaires après avoir discuté des autres composantes du fonds de consommation. Point n'est besoin d'être expert en propagande pour se demander s'il est sage de faire des promesses qui n'ont aucune chance d'être tenues. Pourtant, avant que ne fussent publiés les Chiffres de Contrôle pour 1959-65, des promesses très concrètes furent faites quant à la consommation privée, promesses d'après lesquelles il était raisonnable de s'attendre - compte tenu de l'équilibre nécessaire entre les diverses rubriques de consommation - à une évaluation des revenus personnels bien plus considérable que celle annoncée maintenant par Khrouchtchev. Le peuple soviétique s'est peut-être habitué à ne plus croire en aucune promesse ; sinon, la révélation des chiffres du plan a dû provoquer une grosse déception. Les principales promesses faites méritent donc examen. Au printemps de 1957, Khrouchtchev avait lancé une campagne super-géante afin d'atteindre, vers 1960, le niveau des Etats-Unis en matière de production per capita de viande et de lait. Pour la viande, cela supposait une augmentation de 3,5 fois par rapport au niveau de 1956. Les spécialistes qui faisaient remarquer prudemment qu'un tel objectif n'était pas accessible furent ridiculisés de la façon la plus grossière 2 • D'un bout à l'autre du pays, les fermes collectives furent contraintes d'accepter pour le développement <l'e leur cheptel des programmes susceptibles d'accroître la production de viande dans les proportions requises pendant les trois années suivantes. Mais l'Américain moyen ne se contente pas de manger près de 200 livres de viande par an. Il possède· également une bonne maison ou un bon appartement, il consomme · une grande 2. Voir le discours de Khrouchtchev dans la Pravda du 24 mai 1957. •

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