Le Contrat Social - anno III - n. 1 - gennaio 1959

L'expérience communiste DE L'INTERPRÉTATION DES STATISTIQ!IES ' SOVIÉTIQ!IES par Naoun1 Iasn y N SE DEMANDE souvent comment obtenir un tableau approximativement exact de l' économie soviétique en dépit des insuffisances - pour employer un terme objectif - que présente le matériel statistique disponible. La réponse est simple. Il faut tout d'abord étudier avec soin les statistiques publiées, rectifier dans la mesure du possible celles qui sont. fausses ou imprécises, écarter définitivement les données inutilisables, les remplacer par des estimations établies en usant de statistiques officielles revues et corrigées et de preuves contrôlées. On obtient alors des chiffres qui permettent plus ou moins de conclure. ·Cela représente certainement un travail de longue haleine qui s'évalue plutôt en années qu'en mois ou en semaines. Le chercheur sérieux doit avoir l'esprit créateur qui, doublé du sens des réalités, lui permettra par un processus à la fois conscient et intuitif d'assembler des notions fragmentaires en un ensemble plus ou moins cohérent. En un mot il doit avoir « l'intelligencr des chiffres ». De plus, il est essentiel d'aborder ce travail sans parti pris et de poursuivre son chemin sans tenir coippte des pressions du dehors. Ceux qui, dans le gigantesque conflit actuel, parviennent à rester froidement indifférents, manquent sans doute des qualités requises J?OUraccomplir une telle tiche : ils pourraient bien être des opporttinistes prets à satisfaire aux pressions de l'exœrieur. Seul réussira donc l'analyste qui ne se so,,rnettra pas à ces pressions et vaincra du même coup ses propres inclinations quelles qu'elles • soient. Bien des erreurs, et des plus lourdes, sont inévitables pour qui se trouve réduit à utiliser des statistiques aussi fausses que les statistiques soviâiques. Le mieux est de reconnaître franchement ces erreun dès le début afin de les Biblioteca Gino Bianco écarter et d'empêcher qu'elles n'altèrent le reste du travail. Ces préliminaires une fois admis, on peut se permettre une vue d' ~nsemble à peu près correcte. 11 11'en reste pas moins qu'en raison des polémiques passionnées que font naître les problèmes soviétiques, il est souvent difficile de faire accepter des conclusions objectives. En-ce ~ens, leur utilité s'en trouve amoindrie. En dépit de la somme des recherches menées aux États-Unis sur l'économie soviétique, le lancement du satellite artificiel fut une surprise quasi générale. Cela s'explique en grande partie par les préjugés de ceux qui refusent en bloc de reconnaître les réalisations soviétiques autant que de ceux dont les sympathies vont à la tendance opposée. Dans l'un et l'autre cas, qu'il s'agisse de prendre ses désirs pour la réalité ou de se ranger par oppor_tunisme à l'opinion officielle, les résultats peuvent être déplorables. PENDANT toute une partie du règne de Sta]ioe, et même quelque temps après, presque aucune statistique ne fut publiée en URSS. Le tournant de 1956 permit la publication d'un grand nombre de recueils. La sélection des données y est toutefois très arbitraire. Des estimations numériques de la population globale, ainsi que sa répartition rurale et urbaine ont été fournies, mais on a omis la composition d'après l'âge et le sexe. Des données aussi importantes que les salaires nominaux, les indices de la production agricole, pour ne pas parler de tout ce qui touche aux forces armées, sont omises ou falsifiées. Le seul indice officiel à peu près correct des prix ne concerne que les prix de détail des produits de consommation pour 1947-1959 par rapport à ceux de 1940. En réduisant les informations de cet ordre, les Soviet pensent - avec raison - rendre impos ible

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