302 prendre comme point de comparaison pour les ~utres a1.1nées.Obtenir d'un pays totalitaire des informations de ce genre, en étant assuré d'une certaine exactitude, posera en soi un problème. Mais la marge d'erreur étant assez constante, il n'y aura pas là d'obstacle sérieux à l'établissement d'une échelle relativement sûre. Répétons-le, ces suggestions, faites sous toutes réserves, appellent la révision. Nous n'ignorons nullement toutes les difficultés théoriques, méthodologiques et pratiques qui devront être résolues avant que soit obtenu un résultat tant soit peu satisfaisant. Certaines difficultés sont sans doute particulières à ce domaine; mais des problèmes du même ordre se posent dans les autres sciences sociales. Le calcul comparé des revenus nationaux, par exemple, ou les méthodes de mesure de l'intelligence, ne sont pas encore suffisamment avancés pour être au-dessus de toute critique pratique et théorique fondée. S'il en est ainsi pour les sciences s?ciales les plus évoluées, nous pouvons difficilement espérer une situation privilégiée dans un domaine où le travail préliminaire n'a même pas été abordé. De même que le besoin d'échelles de comparaisons se fait impérieusement sentir en économi~ et en psychologie, il se manifeste dans les sciences politiques. De même _qu'ont été élaborés et précisés peu à peu les indices économiques et psyc!1otechniques, nous pouvons prévoir un perfectionnement progressif dans le domaine de l' évaluation de la liberté. Toutefois, le parallèle avec l'économie peut être trompeur s'il est poussé trop loin. Tout d'abord, s'il existe une valeur unitaire dans le , Biblioteca Gino Bianco DÉBATS ET RECHERCHES domaine de l'économie, il en est plus d'une à dégager de la science politique. Il devient ainsi plus ardu de formuler le concept du bien-être politique par analogie avec celui du bien-être économique, lequel se heurte lui-même à de gr~ves difficultés. La Critique of Welfare Economies d'I.M.D. Little constitue peut-être l'exposé le plus perspicace des difficultés qui entourent cette idée fondamentale de la science économique moderne. Mais même en faisant abstraction de , ces difficultés, il est clair que nombre de critères utilisés avec d'assez bons résultats dans l'étude de l'évolution du revenu et du bien-être matériel ne sont guère applicables aux libertés politiques. Le critère de Kaldor-Hicks, entre autres, ne saurait convenir, car cela ne signifie rien de dire que certains jouissent d'une plus grande liberté politique tandis que les autres n'en ont perdu aucune. En l'occurrence, ce serait un symptôme négatif plutôt que positif de l'évolution des libertés politiques dans tel pays, sauf dans le cas-limite où l?er~onne,hormis le dictateur ou les oligarques, ne Jowt de ces libertés. En fait, la répartition est essentielle en la matière, elle entre dans la définition même de la liberté politique. Rares sont ceux qui contesteront la nécessité d'une échelle de la liberté; plus rares encore ceux qui ne mesureront pas la complexité de la tâche. Nous avons essayé d'attirer l'attention sur l'urgence du besoin, et aussi sur certaines des difficultés. Puissent d'autres, plus compétents, relever le gant, attaquer le problème et aplanir les obstacles qu'ils rencontreront chemin faisant. ( Traduit de l'anglais) DAYA • ,
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