Le Contrat Social - anno II - n. 5 - settembre 1958

Pages retrouvées VALMY par Gœthe Les imprévus de la politique ont actualisé une vieille controversesur les circonstancesde la bataille de Valmy, à propos des «journées» de mai dernier à Alger, un _ parallèle ayant été esquisséentre les raisonsprétenduessecrètesqui auraient incité le duc de Brunswick à la retraite et les ressortscachésde l'émeute algérienne.Napoléon dit dans le Mémorial qu'il ne s'expliquepas la manœuvre de Dumouriez, à moinsque celui-cin'ait point oséquitter sa position ou « quelquenégociationsecrèteque nous ignorons ». De ce dernierpropos en l'air, d'aucuns ont imaginé que Danton aurait « acheté » Brunswick pour que celui-ci simulât une attaque sans lui donner suite. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •••• Le 11 septembre [1792]. LA ROUTE que nous devions suivre, nous forçait à traverser les montagnes qui séparent les eaux de la Meuse de celles de l'Aire. Le temps était affreux et c'est en bravant des fatigues inouïes que nous arrivâmes à Malancour, où nous trouvâmes les caves et les cuisines vides et les maisons désertes ; mais dans notre position, c'était déjà un grand bonheur que de ·pouvoir nous abriter sous des toits impénétrables à la pluie et de manger, les pieds secs, les chétives provisions qui nous restaient. Les dispositions intérieures de ces maisons abandonnées, me plurent infiniment, car tout y portait le cachet d'un bien-être calme, simple, conforme aux vues de la nature ; et nous venions troubler cet état heureux ! on fuyait à notre Biblioteca Gino Bianco Il y a pourtant, au sujet de Valmy, un témoignage de premier ordre qui coupe court à toute discussion, celui de Gœthe dans sa Campagne de France (que Napoléon n'avait pas lue). On cite et l'on récite la parole célèbredu poète sur cette singulière bataille mais le contexte, peu connu en France, est bien oublié. Il est temps de reproduireces pages qui dispensent de chercher une explication romanesque à un événement aussi fameux par ses conséquences révolutionnaires.Le texte ci-après est emprunté aux Mémoires de Gœthe, traduction de la baronne A. de Carlowitz, secondepartie (Paris, 1855), dont on a respectélesparticularitésd'époque. approche et nous entendions de tous côtés crier au pillage ! Nous nous empressâmes de mettre fin à ces excès ; mais, je dois l'avouer, nous f1îmes profondément touchés lorsque ilos pauvres soldats, dont les vêtements avaient été pourris dans la marche, nous accusaient de cruauté parce que nous leur arrachions les chemises et les manteaux qu'ils avaient pillés. Un reproche d'une autre nature nous fut moins sensible. Un émigré de notre connaissance qui était venu partager notre maigre souper, avait l'air si affligé que nous lui demandâmes la cause de son chagrin. . - C'est la cruauté du roi de Prusse envers mes princes, s'écria-t-il, qui me perce le cœur ; malgré la pluie battante, Sa Majesté est partie ce matin de Glorieux à cheval et sans manteau, ce qui a µiis Leurs Altesses dans la nécessité d'en faire autant. En les voyant si légèrement vêtus et ruisselants d'eau, j'aurais donné ma vie, si par ce sacrifice j'avais pu transporter ces illustres '

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