Le Contrat Social - anno II - n. 4 - luglio 1958

O. J. HAMMEN munistes considèrent déjà les éléments républicains animés de préoccupations libertaires comme leurs ennemis les plus dangereux, qu'il leur faudra combattre. 24 Lamartine, pour sa part, n'attend guère du communisme que l'arrêt général du travail humain, et la disparition de l'espèce. 25 Cavour - l'homme d'État italien de tendance libérale qui fut plus tard le principal artisan de l'unité italienne - voit dans les systèmes socialistes une violation des principes de liberté personnelle, conférant à la société un pouvoir sans limites et transformant l'individu en automate. 26 Enfin Mazzini (répondant à une condamnation portée par le Pape contre le républicanisme. et le communisme conjointement) Les années de fièvre APRÈS 1840, la crainte du «communisme» - quel que soit le sens attribué à cette idée - se dé- . veloppe rapidement, notamment en raison de l'intérêt nouveau accordé par les socialistes et les communistes au potentiel révolutionnaire du prolétariat; cependarit la conscience de plus en plus étendue des conflits sociaux prépare les esprits aux perspectives de luttes apocalyptiques entre les classes. L'inquiétude et l'agitation ont aussi des causes extérieures, telles que la disette de pommes de terre après 1845, aggravée par des récoltes déficitaires de froment et de seigle, et · dont résulte, dans certaines régions, une grande détresse, le coût des denrées essentielles ayant quadruplé. En Allemagne et en France, les émeutes de la faim ressemblent aux grondements d'un orage menaçant. La crise commerciale et industrielle de 1847 vient encore ajouter au sentiment d'insécurité qui paraît être le lot du travailleur et renforcer la conviction que l'ordre économique existant se désagrège. Parmi ceux qui préconisent un changement radical de nature sociale et économique, les préférences pour le communisme vont croissant. 29 En France, des personnalités comme Pierre Leroux, Lamennais et George Sand se prononcent en ce sens, si diffuses et variées que soient les 24. Konrad Heinzen, « Kommunistisches », dans Deutsche Revolution. Gesammelte Flugschriften (Berne, 1847), pp. 358-64. 25. Louis Ulbach, éd., La France Parlementaire ( 183418.51) : Œuvres oratoires et écrits politiques par Alphonse de Lamartine (Paris, 1864-65, 6 vol.), V, p. 107. 26. Dominico Zenichelli, éd., Gli Scritti del Conte Di Cavour (Bologne, 1892, 2 vol.), I, p. 359. 27. Giuscppi Mazzini, Le Pape au XIX• siècle (Bruxelles, 1850), p. 20. 28. Bela Menczcr, c Joseph Eôtvôs and Hungarian Liberalism 11, dans Slavonie and East European Review, vol. XVII (Londres, 1939), p. 535• Biblioteca Gino Bianca IV 197 déclare que la plupart des républicains voient dans le communisme June !illusion du progrès, hostile à leurs principes, ennemi de la liberté humaine et d'application impossible. 27 Il n'est pas jusqu'au poète hongrois Eotvos, de tendance libérale et l'un des observateurs les plus pénétrants des événements et des courants de l'époque, qui ne considère le communisme, et l'égalité qui en est inséparable, comme réalisables seulement au prix de la plus extrême tyrannie. 28 Les massacres de juin 1848, de même que la tendance des libéraux allemands à un compromis avec la couronne et avec l'aristocratie, ont eu pour cause, en partie, cette appréhension de plus en plus répandue. conceptions nébuleuses qu'ils se font du monde de l'avenir. Un intérêt largement répandu, et dominé par le sentiment, pour les « questions sociales » rend les esprits particulièrement sensibles aux sollicitations de ceux qui offrent des remèdes définitifs. Cela n'empêche pas l'auteur d'une vol11mioeuse histoire de la classe ouvrière de souligner que les efforts de quelques «nobles intelli·gences » ne suffisent guère pour remédier aux effets délétères des ouvrages qu'imprime en masse la presse bourgeoise, laquelle, sous le prétexte d'amuser le peuple, n'a d'autre but que de le distraire des questions sociales. 30 Bruno Bauer, critique radical de la théologie chrétienne (et alors ami de Karl Marx) ne peut que constater la vaste popularité du communisme comme mot de ralliement. Le peuple considère comme inefficaces les efforts des libéraux en face d'une situation qui, pour la majorité des travailleurs, ressemble fort à l'esclavage; on découvre soudainement que les ilotes existent encore au x1xe siècle. 31 Moses Hess, qui collabore temporairement avec Marx et plusieurs extrémistes parisiens à la publication des Deutsch-franzosische Jahrbücher (supprimés après un nlplléro), croit à une marche inévitable de la société vers le communisme. 82 Les sentiments pro-anarchistes sont moins répandus : toutefois, Ludwig Simon (de Trèves) considère l'État comme une forme ou entité de transition entre l'anarchie primitive et le triomphe final de l'humanité ; avec celui-ci, 29. Charles Benoist, « L'homme de 1848 », Revue des deux mondes, tome XIX (Paris, 1914), pp. 638-40. 30. Robert du Var, c Aux Travailleurs », dans Histoir, de la classe ouvri~re depuis Z-esclt1vejusqu'au prolltaire de nos jours (Paris, 1845-50, 4 vol.), I, chai,. III. 31. Bruno Bauor, Vollstiindi'ge Geschichte der Parteikiimpf, in Deutschland wiihrend der Jahre 1842-46 (Charlottenburg, 1847, 3 vol.), III, pp. 14-23. 32. Adler, Geschichte der erst n sozialpolitischen Arbn'- terbœJtKU"6, pp. Bs-89. •

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