Le Contrat Social - anno II - n. 1 - gennaio 1958

·B intérêts et des droits des autochtones, mais aussi de ceux de_sFrançais lorsqu'ils sont fonction d'un labeur utile, des intrigues subversives qui se donnent libre cours partout où l'anarchie reparaît, de l'équilibre mondial, des dangers de guerre. 11 est bien évident qu'en pareil imbroglio la tâtonnante recherche des ajustements et des compromis fait appel au plus tenace courage et qu'elle traîne après elle l'inévitable séquelle des brutalités et des hypocrisies. Comme on voudrait pouvoir se détourner de la jungle ensanglantée et s'en tenir vertueusement à des vœux pieux ou à des déclarations indignées ! Mais quoi! Nous vivons sur terre et en un siècle de fer. Le vrai devoir humain n'est-il pas d'accepter dans tous les cas toutes les conditions de la tâche, y compris les plus déchirantes ? Il serait très exagéré de prétendre que le drame algérien, exemple typique des problèmes soulevés par la liquidation du colonialisme classique, soit au centre des préoccupations mondiales. Il le serait plus encore de le ramener à la_ seule action d'un boomerang idéologique, à 1'effet d'un essaimage de la culture moderne et d'une insurrection d'élèves prenant au sérieux ce qui leur fut révélé. Mais on voit toutefois sans peine pourquoi cette question obsède. cruellement beaucoup de Français et peut-être plus particulièrement d'intellectuels et d' éducateurs ; elle condense en elle tout ce qui constitue la sévère mise à l'épreuve d'une foi politique universaliste aux prises avec l'égoïsme national d'une part, la prudence et le sens des réalités de l'autre. Quand les universitaires qui, comme chacun sait, forment la clientèle principale de journaux tels que le Monde, s'avouent très BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL mal à l'aise devant les violences de la guerre d'Algérie, quand ils appellent de tous leurs vœux une solution dictée par les principes égalitaires et libéraux dont ils ont favorisé l'exportation, il n'est rien là que d'honorable et l'on s'en voudrait de ne pas sympathiser avec cet état d'esprit. Mais l'enjeu est si important et la valeur éclairante de cette position est si considérable qu'on n'est pas dispensé de se demander si le recours à la théorie et à ses commodités ne va pas sans simplisme ou sans présomption, n'aboutit pas à s'abstraire des réalités, à prendre la phraséologie ou la passion pour une pensée cohérente, à servir ,inconsciemment des combinaisons machiavéliques dont la réussite porterait le coup de grâce à toutes nos espérances, à la liberté, à la paix. Échapper aux pièges, c'est d'abord étendre son regard, tenir autant que possible compte de toutes les données, obéir à la sagesse empirique en même temps qu'aux invites de la raison et du cœur. Nous AVONS ESSAYÉ de montrer pourquoi l'Université, en tant que corps social, n'est préparée ni par .son histoire, ni par ses habitudes intellectuelles, ni par ses tendances, à remplir excellemment la fonction inspiratrice ou même dirigeante qu'elle prétend assumer. Que lui faudrait-il pour en être mieux capable? Peut-être, avant tout, une cure d'humilité ou, si l'on préfère le jargon en vigueur, une sincère autocritique ... LÉON EMERY >

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