270 françaises et leurs ambassadeurs en Tchécoslovaquie sont des communistes en carte (que personne ne lit en France, sauf d'autres communistes invétérés), mais aussi Jean-Paul Sartre, le «valet à la solde de l'impérialisme yankee », dont la P... (devenue à Prague «Enfer Blanc », mais il n'y a là, en tchèque, aucune· possibilité de jeu de mots), a remporté toutefois un succès de respect. André Marty, mutin non moins «respectueux» de la mer Noire, a eu ses hauts et ses bas. L' Aragon, le Thorez, restent . des valeurs de père du peuple ... A la liste des invités, et à celle des édités, correspond naturellement la liste des mentionnés et des cités, tant dans la presse littéraire tchèque que dans les anthologies et les historiographies ; mais il s'y joint de nombreux morts récupérables, tels Balzac, Dumas père, Jules Verne. Dans l'index des auteurs figurant dans l' Anthologie de la littérature francaise établie par M. Ottokar Fisher, toute réserve étant faite sur la pagaïe qui règne à l'intérieur de ce moyen de transport en commun, Baudelaire et Beaumarchais, Montaigne et Molière voisinent avec des inconnus, des Dubois et des Dupont dont la réputation ne dépasse pas les frontières du Parti. Les «nouvelles culturelles» publiées en Tchécoslovaquie et concernant la France sont pour une bonne part des échos communistes tchèques d'échos communistes français, relatifs à des événements « culturels », si l'on veut, mais étrangers à la vie française (non communiste). Par exemple : célébration en URSS du 125e anniversaire de Jules Verne ; traduction d'un roman tchèque du ministre Antoine Zapotocky ; article des «Lettres Françaises » sur la mort du communiste tchèque Clément Gottwald; exposition Karl Marx à Paris; prix Staline décerné à Paul Eluard ; projection à Paris du film soviétique « La Moisson » ; mort d'Yves Farge, etc. Ces nouvelles concernent presque toutes des auteurs, artistes, politiciens ou savants communistes ou compagnons de route actuellernent bien en Cour ; les autres sont systématiquement passés sous silence, ou immolés en quelques lignes comme traîtres, fascistes, et anciens collaborateurs des nazis. Comme on ne sait pas toujours si un personnage est dans la ligne ou non, on attend les données voulues avant de le nommer; ainsi la mort d'Utrillo est annoncée (en trois lignes) avec plus d'un mois de retard : 5 novembre-17 décembre 1956. Pour plus de sûreté, les informations sont tirées de la presse communiste française après qu'elles ont déjà été reprises par Moscou. Outre qu'il a cessé d'être un moyen de transmission des faits et des idées, le français est reconnu totalement inutile pour voyager à l'étranger, sauf en France même (déclaration du ministre de !'Éducation natjonale Nejedly en décembre 1952). D'autant plus inutile, sans doute, que le citoyen tchécoslovaque ne peut voyager au dehors - mais comme il peut être envoyé en déportation, il est bon qu'il sache le russe. Le nouveau régime y pourvoit obligatoirement. EUGÈNE PRUNIER Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Liberté aux liberticides ? SUZANNELABIN : Les Entretiens de SaintGermain. Liberté aux liberticides ? Paris, Cahiers mensuels Spartacus, 1957, 256 pp. LES «ENTRETIENS»en question portent sur le parti qui se dit «communiste », étant entendu que ce n'est pas un parti, au sens admis du nom, et qu'il n'est pas communiste, aux divers sens qu'a eus cet adjectif pendant un siècle, jusqu'à l'avènement de Staline. L'auteur a mis en épigraphe une pensée de J.-J. Rousseau qu'une revue intitulée le Contrat Social se doit de reproduire, et même avec le contexte : Maintenant qu'il n'y a plus et qu'il ne peut plus y avoir de Religion nationale exclusive, on doit tolérer toutes celles qui tolèrent les autres, autant que leurs dogmes n'ont rien de contraire aux devoirs du Citoyen. Mais quiconque ose dire : hors de l'Église, point de salut, doit être chassé de l'État, à moins que l'État ne soit l'Église, et que le Prince ne soit le Pontife. Un tel dogme n'est bon que dans un Gouvernement Théocratique ; dans tout autre il est pernicieux. Ce passage du Contrat Social (fin du chap. VIII du Livre quatrième) répond pertinemment aux sophismes et paralogismes des libéraux et démocrates dégénérés qui favorisent, au nom de principes abstraits, les entreprises délétères d'une faction au service de l'État policier dit « soviétique », ennemi déclaré de tous les pays indépendants. Sophismes et paralogismes, pour s'exprimer poliment, que Suzanne Labin va s'évertuer à réfuter tout au long de ce livre avec une patience et une logique vraiment dignes d'éloges. Il n'y a rien à ajouter à sa démonstration qui va au devant de tous les arguments, de toutes les arguties imaginables en pareille matière. Aussi bien ce livre et les articles de la même plume sur le même sujet ont-ils eu déjà le rare mérite de secouer l'apathie publique en France et de forcer l'attention au point de susciter des débats dont l'écho n'est pas près de cesser. Le soi-disant parti soi-disant communiste ambitionne de s'emparer du pouvoir sous n'importe quel prétexte et par n'importe quels moyens à seule fin de s'y maintenir ensuite à tout prix, obéissant aux impératifs de l'impérialisme soviétique. On sait de science certaine, on doit savoir qu'il entend exterminer, pour ce faire, des millions d'individus, qu'il en emprisonnera et torturera des millions d'autres, les déportera, les parquera dans des camps jusqu'à extinction de toute velléité de résistartce civique ou religieuse. A défaut d'une conquête du pouvoir à la faveur de circonstances accidentelles, il . entend constituer une coalition temporaire avec des partis acéphales sous le couvert de laquelle il puisse réaliser ses plans, comme on l'a vu dans les pays satellites de l'Union soviétique. Ce parti sans principes et sans scrupules, toujours aux ordres d'un despotisme étranger, fausse, perturbe et corrompt toute la vie politique en France
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