126 de la Troisième Section : décou\ 7ert en 1924 et déchiffré, il fut publié par A. Chilov dans la Lutte des Classes (n°s 1-2, 1924), puis reproduit avec quelques correctio11s par G. Stieklov dans son grand ouvrage sur Bakounine (4 volumes, Moscou 1927). Michel Sajine (Armand Ross), disciple et ami intime de Bakounine, dit dans une conversation avec Max Nettlau, rapportée par celui-ci, que Netchaïev fit sur Bakounine une si forte impression par son esprit de décision que Bakounine « écrivit le Catéchis111e, auquel se conformait entièrement Netchaïev, à l'intention de la jeunesse qu'il se représentait à l'image du Netchaïev première manière. Mais bientôt Netchaïev remarqua que Bakounine lui-même n'avait plus assez de forces pour se tenir à un tel niveau d'énergie et d'abnégation et il usa du Catéchisme contre Bakounine, se permettant de le tromper comme il trompait les autres » (texte de Nettlau cité dans Stieklov, t. III). V. Tcherkezov, participant de l'affaire Netchaïev, a contesté la paternité de Bakounine au sujet du Catéchisme, dans sa préface aux cc Œuvres choisies » de Bakounine (Londres, 1915), alors que M. Dragomanov avait inséré le fame,ux document dans un recueil de lettres de Bakounine, non sans raison car « les avocats du procès et N. Outine tiennent ce catéchisme pour l' œuvre de Bakounine, lequel ne le niait pas », etc. Tcherkezov imputait le cc révoltant Catéchisme » aux cc élucubrations sauvages du malheureux et ignorant Netchaïev ». Mais Netchaïev lui-même, dans une lettre au policier Levachev, répudiait cc l'absurde catéchisme » qu'aucun conspirateur n'avait pu lire (Archives Rouges, t. IV, 1923). V. Spassovitch, avocat de l'accusé Kouznetsov au procès, regardait Bakounine comme l'auteur du Catéchisme, sans pouvoir le prouver; son argumentation tendait surtout à en déceler l'origine dans l'émigration russe. Or, pour qui connnaissait les écrits, les styles respectifs de Bakounine et de Netchaïev, le doute n'était déjà pas permis : ce sont les expressions, les formules saisissantes, la vigueur et le talent de Bakounine qu'on retrouve dans le Catéchisme. Le contenu et la forme présentent des analogies évidentes avec les autres textes du Bakounine de l'époque, le Catéchisme révolutionnaire de Naples (ne pas le confondre avec l'autre), les statuts de l'Alliance, ceux de la Fraternit~ Internationale, et les proclamations, les lettres, etc. Netchaïev était incapable d'écrire de cette manière. Bakounine évitait systématiquement toute allusion à l'affaire. Sajine raconte dans ses n1émoires : cc Lors d'une entrevue privée avec Bakounine, je lui fis savoir que le Catéchisme écrit de sa main et trouvé dans les papiers de Netchaïev avait été brûlé par nous (c'est-à-dire Sajine, Ralli, Golstein et Elsnitz). Il se montra absolument passif, n'y prêtant BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL aucune importance et n'en parlant pas ». Z. Ralli rapporte une circonstance où Bakounine lui donna des instructions littéralement conformes à un passage du Catéchisme : cc Je vis clairement devant moi l'auteur de ce programme qui, certes, fut plus tard récrit à sà manière par Serge Guéniadévitch (i. e. Netchaïev) ... » Ralli croyait encore, mais à tort, que Netchaïev avait arrangé le texte. Cependant, les narodovoltsy (membres de la Volonté du Peuple) savaient à quoi s'en tenir. A. I. Ouspenskaïa déclare nettement : <c J'ai su d'abord par Pérovskaïa, l'ayant vue plusieurs fois au retour de Sibérie en janvier-février 1881, que le programme lu au procès (i. e. le Catéchisme) et imputé à Netchaïev avait été écrit par Bakounine. Dès la première rencontre elle me dit de Netchaïev qu'à son sujet les opinions avaient' bien changé dans les milieux révolutionnaires, que beaucoup de ce qu'on " lui avait attribué revenait à d'autres, principalement à Bakounine, qui écrivit le programme ayant valu tant d'attaques à Netchaïev; lequel programme fut répandu par Bakounine en I talle » ( confusion probable ici des deux Catéchisrlles, celui de Naples et l'autre). Quant à Sajine, indéfectible ami de Bakounine, il a témoigné deux fois de vive voix : en 1904, dans sa confidence à Max Nettlau, et en 1921 à la section historique de la Maison de la Presse à Moscou, au cours d'une discussion sur un rapport de B. Kozmine traitant de P. Tkatchev (cf. B. Kozmine, P. N. Tkatchev, Moscou, 1922). Enfin dans le livre de ses souvenirs, Sajine affirme très explicitement que Bakounine est l'auteur du Catéchisme, et qu'en 1872, triant les papiers de Netchaïev, restés à l'étranger, il (Sajine) y a trouvé le Catéchisme écrit entièrement de la main de Bakounine (cf. M. P. Sajine, Souvenirs. Moscou, 1925). Ce passage ne saurait être interprété autrement que comme une allusion à l'original. Selon James Guillaume : cc Les papiers emportés par Netchaïev furent retrouvés en 1872 par Ross, à Paris; ils furent alors, les uns brûlés, les autres rendus à leurs propriétaires » (L'Internationale, ·t. 2. Paris, 1907). B. Nicolaïevski, dans son livre sur Karl Marx (Paris,_ 1937), précise en ces termes : cc ••• Netchaïev vola chez Bakounine une cassette renfermant des papiers confidentiels, les statuts des organisations révolutionnaires bakounistes, le manuscrit original du Catéchisme et de nombreuses lettres qu'il menaça de publier si.Bakounine tentait quelque chose contre lui. Ce fut la fin de leur amiti~. » Nul doute qu'il ne s'agisse du document trouvé à Paris par Sajine après l'arrestation de Netchaïev à Zurich et son extradition comme criminel de droit commun. (Toute la documentation essentielle, citations et références, se trouve dans Stieklov. Voir aussi : Max Nomad, Apostles of Revoltttion. Boston, 1939.) ,,.
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