Le Contrat Social - anno I - n. 2 - maggio 1957

PAGES OUBLIÉES la retraite leur devienne impossible, se servir d'eux pour amener des perturbations dans l'État. § 20. La cinquième catégorie est formée de doctrinaires, de conspirateurs, de révolutionnaires, de tous ceux qui bavardent dans l~s réunions et sur le papier. Il faut les pousser et les entraîner sa,n~ cesse à . des manifestations pratiques et per1lleuses qu1 auront pour résultat d'en faire disparaître la majorité, en faisant de quelques-uns d'entre eux de véritables révolutionnaires. § 2 1. La sixième catégorie est très importante ; ce sont les femmes qui doivent être divisées en trois classes : les unes les femmes futiles, sans esprit et sans cœur, dont il faut user de la même manière que des troisième et quatrième catégories d'hommes ; les secondes les fe11:1mesardentes, dévouées et capables, mais qu1 ne sont pas des nôtres parce qu'elles ne sont pas encore parvenues à l'entendement révolutionnaire pratique et sans phrases ; il faut les employer comme les hommes de la cinquième catégorie ; enfin, les femmes qui sont entièrement à nous, c'est-à-dire complètement initiées et ayant accepté notre programme en entier. Nous devons les considérer comme le plus précieux de nos trésors, sans le secours duquel nous ne pouvons rien faire. Devoirs de l'Association envers le peuple § 22. L'Association n'a d'autre but que l'!ma~cipation complète et le bonheur du peuple, c est-a-dire des hommes de peine [tchernorabotchiilioud]. Mais convaincue que cette émancipation et ce bonheur ne peuvent être atteints qu'au moyen d'une révolution populaire détruisant tout, l'Association emploieratous ses movenset toutes 125 ses forces pour agrandir et augmenter/es maux et /es ma/heurs qui doivent enfin user la patience du peuple et l'exciter à un soulèvement en masse. § 2 3. Par révolution populaire, l'Association n'entend pas un mouvement réglementé d'après le modèle classique de l'Occident qui, s'arrêtant toujours devant la propriété et devant l'ordre social traditionnel, la soi-disant civilisation et la moralité, s'est borné jusqu'à présent à prononcer la déchéance d'une forme politique pour la remplacer par une autre, et à créer un soi-disant État révolutionnaire. La seule révolution qui doive être salutaire au peuple est celle qui détruira de fond en comble toute idée de l'État, et renversera toutes les traditions, les ordres et les classes de l'État en Russie. § 24. ·oans ce but, l'Association n'a pas l'intention d'imposer au peuple· une organisation quelconque venant d'en haut. L'organisation future sortira sans doute du mouvement et de la vie populaires, mais c'est l'affaire des générations futures. Notre affaire, c'est la destruction effrayante, totale, implacable et universelle. § 2 5. Pour cela, en nous rapprochant du peuple, nous devons avant tout nous unir aux éléments de la vie populaire qui n' o1!t pas cessé de protester, depuis la fondation de l'Etat moscovite, non seulement en paroL:s, mais par leurs actes, contre tout ce qui est lié directement ou indirectement à l'État, contre la noblesse, contre la bureaucratie, contre les prêtres, contre le monde commercial et contre les petits trafiquants, exploiteurs du peuple. Nous devons nous unir au monde aventurier des brigands qui sont les véritables et uniques révolutionnaires de la Russie. § 26. Concentrer ce monde en une seule force pan-destructive et invincible, voilà toute notre organisation, notre conspiration et notre tâche . • Notice historique ÜN NE SAURAIT douter que Michel Bakounine fût l'auteur du Catéchisme trop longtemps attribué à Serge Netchaïev. 11 l'écrivit pendant l'été de 1869 et Netchaïev l'emporta en Russie sous forme de carnet et transcrit en texte chiffré. Ce carnet fut saisi lors d'une perquisition chez Pierre Ouspenski, un des principaux membres de la Vindicte Populaire, association créée en 1869 par Netchaïev, connue aussi comme Société de la Hache. Déchiffré, puis lu au procès des netchaïevtsy (compagnons de Netchaïev) en juillet 1871, le Catéchisme frappa de stupeur les accusés autant que les assistants et, de même, suscita un vif sentiment d'indignation dans les milieux révolutionnaires quand le Messager du Gouvernement (n° 162, 1871) en publia le texte. Biblioteca Gino Bianco A. I. Ouspenskaïa, femme de P. Ouspenski et sœur de Véra Zassoulitch, dit dans ses mémoires que ni son mari, ni les autres accusés n'avaient eu connaissance du document qui a tant servi à discréditer Netchaïev et à caractériser la netchaïevchtchina, cc synonyme de tout ce qu'il y a d'abominable, d'immoral, de repoussant ». Elle pense que Netchaïev connaissait trop la jeunesse russe pour tenter de la séduire avec un tel programme qui « plutôt la repousserait » (Byloié, 1922, n° 18). L'exemplaire du Catéchisme chiffré saisi chez Ouspenski aurait disparu avec les dossiers du procès dans l'incendie du Palais de Justice de Pétersbourg en février 1917. Mais un autre exemplaire (ou le même ayant été déplacé?) se trouvait dans les archives

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