Le Contrat Social - anno I - n. 2 - maggio 1957

124 ment et des autres obligations envers un tel compagnon, ne se mesurant que par son degré d'utilité dans l'œuvre pratique de la révolution pan-destructive. § 9. Il est superflu de parler de solidarité entre les révolutionnaires ; en elle réside toute la force de l'œuvre révolutionnaire. Les compagnons-révolutionnaires qui se trouvent au même degré d'entente et de passion révolutionnaires doivent autant que possible délibérer en commun sur toutes les affaires importantes et prendre des décisions à l'unanimité. Dans l'exécution d'une affaire décidée ainsi, chacun doit autant que possible compter sur lui-même. Pour l'exécution d'une série d'actes destructifs, chacun doit agir lui-même, et ne recourir à l'aide et au conseil de ses compagnons que lorsque c'est indispensable ' au succes. § 10. Chaque compagnon doit avoir sous la main plusieurs révolutionnaires de second et de troisième ordre, c'est-à-dire de ceux qui ne sont pas encore entièrement initiés. Il doit les considérer comme une partie du 'capital révolutionnaire général confié à sa disposition. Il doit dépenser économiquement sa part du capital, tâcher d'en tirer le plus grand profit possible. Il se considère lui-même comme un capital destiné à être dépensé pour le triomphe de l' œuvre révolutionnaire, mais un capital dont il ne peut pas disposer seul et sans le consentement de tous les compagnons entièrement initiés. § 11. Lorsqu'un camarade se trouve en danger, et pour décider s'il faut le sauver ou non, le révolutionnaire ne doit consulter aucun sentiment personnel, mais uniquement l'intérêt de la cause révolutionnaire. Par conséquent, il doit calculer d'une part le degré d'utilité fourni par son camarade, et· d'autre part la quantité de forces révolutionnaires nécessaires à sa délivrance, voir de quel côté penche la balance, et agir en , consequence. Devoirs du révolutionnaire envers la société § 12. Un nouveau membre, après avoir donné des preuves, non en paroles, mais en action, ne peut être reçu dans l'association qu'à l'unanimité. § 13. Un révolutionnaire entre dans le monde de l'Etat, dans le monde des classes, dans le monde soi-disant civilisé et vit dans ce milieu seulement parce qu'il a foi dans sa destruction prochaine et totale. Il n'est pas un révolutionnaire s'il tient à quoi que ce soit en ce monde. Il ne doit pas hésiter devant la destructiond'une position quelconqued, 'un lien ou d'un homme appartenant à ce monde. Il doit haïr tout et tous également. Tant pis pour lui s'il a dans ce monde des liens Biblioteca Gino Bianco· · LE CONTRAT . SOCIAL de parenté, d'amitié ou d'amour ; il n'est pas révolutionnairesi ces liens peuvent arrêter son bras. § 14. Dans le but d'une implacable destruction, un révolutionnaire peut et souvent doit vivre· au milieu de la société en feignant d'être tout différent de ce qu'il est en effet. Un révolutionnaire doit pénétrer partout, dans la haute classe comme dans la moyenne, dans la boutique du marchand, dans l'église, dans le palais aristocratique, dans le monde bureaucratique, militaire et littéraire, dansla troisièmesection [police secrè~e], et même dans le palais impérial. . § 15. Toute cette société immonde doit être divisée en plusieurs catégories, la première composée de ceux qui sont condamnés à la mort sans délai. Que les compagnons dressent des " registres de ces condamnés dans l'ordre de leur malfaisance relative, eu égard au succès de l' œuvre révolutionnaire, de manière à ce que les premiers numéros soient expédiés avant les autres. § 16. En dressant ces registres, en établissant ces catégories, il ne faut en aucune façon se guider par la perversité individuelle d'un homme, ni même par la haine qu'il inspire aux membres de l'organisation ou au peuple. Cette perversité et cette haine peuvent même être utiles d'une certaine façon en excitant à la révolte populaire. Il ne faut prendre en considération que la mesure du profit qui doit résulter de la mort d'une certaine personne pour l' œuvre révolutionnaire. Ainsi, en premier lieu, doivent être détruits les hommes les plus pernicieux pour l'organisation révolutionnaire, et dont la mort violente et subite peut effrayer le plus le gouvernement et ébranler sa puissance en le privant d'agents énergiques et intelligents. § 17. La seconde catégorie doit être composée de gens auxquels on accorde la vie provisoirement, afin que par une série d'actes monstrueux ils poussent le peuple à une révolte inévitable. § 18. A la troisième catégorie appartient un grand nombre d'animaux haut-placés ou d'individus qui ne sont remarquables ni par leur esprit ni par leur énergie, mais qui par leur position ont de la richesse, des relations, de l'influence, de la force. Il faut les exploiter de toutes les manières possibles, les circonvenir, les dérouter, et, nousemparantde Jeurssalessecrets, en faire nos esclaves. De cette manière leur puissance, leurs relations, leur influence et leurs richesse~ deviendront uh trésor inépuisable et un secours précieux dans diverses entreprises. § 19. La quatrième catégorie est composée de divers ambitieux au service de l'État et_ de libéraux de différentes nuances. Avec eux on peut conspirer d'après leur propre programme, faisant semblant de les suivre aveuglément. Il faut les prendre dans nos mains, se saisir de leurs secrets, les ,ompromettrecomplètement, de manière à ce que

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