Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

66 LA BELGIQUE LIBRE ou décelant leur poison par « une odeur de bon savon >l. Ils ont eu le temps de mettre leurs masques. Le nuage de mort a passé, sans plus faire de victimes. Aujourd'hui, le vent souffle de l'ouest. Il n'y a pas de surprise à crai-ndre et, sous la pleine lune, nous avançons dans un interminable boyau, à l'abri des balles perdues qui viennent, de temps à autre, frapper les sacs de terre du parapet. Nous voici dans le village de Boesinghe, que j'ai connu jadis heureux et prospère, avec ses maisons aux toits rouges, parmi les houblonnières. De tout cela, il ne reste rien. J'ai vu Arras. J'ai vu Ypres. Je viens de revoir Nieuport. La destruction y est effroyable. Pas une maison qui ne soit touchée, éventrée, démolie. Mais il y a encore des maisons. Ici, il n'y a plus de maisons. On nous montre ce qui fut la rue principale. L'artillerie y a fait table rase. Les obus ont tout nivelé. A droite comme à gauche, il reste un champ de tir, débarrassé de tout obstacle et que balaient, par rafales, pour empêcher qu'on n'y creuse des tranchées nouvelles, les mitrailleuses et les fusils allemands. A l'entrée du village, il y avait un parc, avec de grands arbres ombrageant une mare. Tous ces arbres sont 1:11ortsL. a guerre a tout tué, mçme la vie végétale. Il n'y a plus de feuilles. Il n'y a plus de branches. Il ne reste que des troncs, des squeBibliotecFIG1110B anco

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