Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

LA BATAILLE DE L'YSER 45 valut d'être faits chevaliers de la Légion d'honneur. Ils furent aidés par un éclusier - le vieil homme de la légende - de qui la promesse d'une décoration et d'une récompense leva les hésitations et, pendant trois jours, avec une dizaine d'hommes armés de leviers pour la manœuvre, ils travaillèrent dans l'ombre, levant les vannes des écluses quand la mer montait, les abaissant pour retenir les eaux pendant le reflux. L'un d'eux me racontait qu'une nuit, étant à son poste, il aperçut ou plutôt devina une ombre qui se glissait à ses côtés. Un homme était là et, comme il le saisissait, l'autre murmura doucement: o Goumi, goumi. » C'était un goumier marocain, qui dans son jargon expliqua que :son colonel lui avait donné l'ordre d'aller aux avant-postes, d'y prendre vivante une sentinelle allemande et de la lui ramener, pour en avoir des·renseignements. Si c'est comme cela, vas-y donc, et bonne chance! Le Marocain continua sa route et, une heure après, reparut sain et sauf : il avait trouvé son homme, l'avait rendu muet sous la menace de son couteau et, triomphalement, le ramenait en le tirant par l'oreille: son colonel serait content. Mais revenons à l'inondation. Le 28, les écluses furent ouvertes et lentement les eaux commencèrent à s'épandre au front des divisions belges. Il leur fallut plusieurs jours pour former, sur un front de six lieues, une vaste lagune B b 1ntern Gi'lo 8 a11r-o

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